RENCONTRE – Hippolyte Girardot : « La célébrité, il faut vouloir la porter »

L’acteur, qui vient de publier un récit autobiographique et qui sera au générique de la série Tout va bien, revient sur ses débuts. Il nous donne un petit précis de sa philosophie de la vie, de l’amour à la famille.

Son allure dégingandée ne l’a jamais quitté. Quand Hippolyte Girardot commande un café serré dans un bar du XVe arrondissement parisien, il reste en lui du « Hippo » d’Un monde sans pitié, réalisé par Eric Rochant en 1989. De cette désinvolture élégante qu’on ne trouve peut-être que chez les enfants bien nés. Lui, le fils d’un architecte et d’une publicitaire passé par la très prestigieuse et sélective Ecole des Arts décoratifs avant de se lancer, en 1981, dans une expérience d’animateur de quartier qu’il raconte dans son livre Un film disparaît, aux éditions du Seuil. Il est alors jeune, confiant, et il navigue entre les vents parfois contraires de l’aspiration à l’art et des réalités du terrain quand, venu de Versailles, on lui confie l’atelier cinéma d’une cité-jardin du Plessis-Robinson. Ali, Adeno, Mohamed, Farid, Gaëlle et les autres entrent dans son sillage. Et finalement, c’est lui qui sort de ses rails. Remarque les codes, les modes de socialisation des « mecs du porche« , les tensions entre les milieux, s’occupant de jeter des passerelles qui enrichissent les uns comme les autres.

A 68 ans, Hippolyte a toujours la même fraîcheur. Un regard étonné sur le monde. Pas blasé, prêt à apprendre. Si parfois il préfère s’éteindre et observer, ceux qui le connaissent bien savent sa faconde brillante. Qu’il arrive en forme dans un dîner en ville et la pièce se transforme en théâtre de ses fulgurances. Un talent qui a suffisamment séduit Charline Vanhoenacker – un jour de septembre 2016 où il était venu faire la promotion d’une sortie de film sur France Inter – pour ne pas le laisser repartir. « Je n’avais rien préparé mais j’ai commenté l’actu. Ils ont ri, l’ambiance était bonne, elle m’a proposé de tenir une chronique hebdomadaire. Ça fait sept ans que j’en ai une. Je crois assez à l’amateurisme. Etre là où l’on ne vous attend pas. Dans un métier artistique, l’amateurisme, ça veut dire qu’on voit sa vie comme un voyage. Comme Ulysse, on part d’un point et on ne sait pas d’avance où ça mène. »

A 68 ans, Il a toujours la même fraîcheur. Un regard étonné sur le monde. Pas blasé…

Lui qui est passé des premiers rôles aux seconds au cinéma (il est au générique de la série Tout va bien* ) ne s’en trouve pas chagriné. Et on le croit. « La célébrité, il faut vouloir la porter. Je ne trouvais pas ça si intéressant. J’étais plus motivé par la vie. Je suis père de quatre enfants et j’adore la famille. Ça m’a absorbé. Et puis, la notoriété, c’est un masque. Si tu as été aimé et désiré par ton environnement familial, comme moi, tu l’apprécies peut-être moins. Je n’étais pas dans la revanche ou la démonstration de moi-même. Après… je n’ai sans doute pas toujours fait les bons choix. » Il estime être une chance, quand même, de n’avoir jamais eu, pour gagner sa vie, à figurer dans une publicité. « Quand tu vends quelque chose, le produit, c’est toi« , dit-il, reprenant un des slogans du Net. Et nuançant d’un : « Je crois que c’est plus facile pour un homme. Pour une femme, il est plus compliqué d’échapper à la marchandisation du monde. » Hippolyte ou un oiseau rare chez les acteurs ? En tout cas, le réalisateur de ses débuts, Eric Rochant, ne l’a jamais quitté. Il lui a fait confiance pour écrire, en tant que scénariste, des épisodes de sa série d’excellence sur l’espionnage, Le bureau des légendes. Il faut dire, on l’aura compris, qu’Hippo réfléchit. Vite et bien. En séducteur patenté et joliment désintéressé. Par un hasard des états amoureux, celui qui a partagé la vie de l’actrice Isabel Otero – avec laquelle il a eu sa fille Ana, la seule comédienne de la fratrie – puis celle de la productrice Kristina Larsen, mère de ses enfants Lillah, Isaac et Sven, tous vingtenaires, est célibataire. « Bachelor, si vous voulez« , rectifie-t-il, toutes fossettes goguenardes dehors. Il dit aimer les amoureuses indépendantes. Comme sa mère… « La société est très masculiniste depuis que je suis né, mais elle était l’exemple d’une femme forte et déterminée. »

En attendant de s’épanouir plus avant dans une vie privée qui lui réclame parfois de faire du baby-sitting – « je suis grand-père depuis qu’Ana a eu un garçon » [Jazz, en 2020, ndlr] -, il rêve d’un rôle qui le surprendrait. La figure qu’il aimerait interpréter ? « Un homme qui n’est plus jeune mais qui continue de vouloir de la légèreté et de l’humour. Je trouve que ce sont des vertus cardinales, plus intéressantes que la quête du pouvoir. Comment s’amuser de la vie… C’est une vraie question. J’aime le côté éternel enfant à la Mastroianni. » Littéraire et cérébral, celui qui confesse « ne plus avoir fait de sport une seule fois depuis les cours imposés au lycée » ne peut s’empêcher de glisser une formule qui, on n’y voit pas de hasard mais plutôt un effet de ses talents de confrère chroniqueur, tient lieu de conclusion : « J’ai des rêves de plume plus que d’épée. »

* Tout va bien, sur Disney+, à partir du 15 novembre.

Cette article est à retrouver dans Gala N°1585, disponible dans les kiosques ce jeudi 26 octobre 2023.

Crédits photos : COADIC GUIREC / BESTIMAGE

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