Infanticide à Perpignan : jusqu'au bout de l'horreur !

Que se passe-t-il dans la tête d’un père battant à mort son fils handicapé, âgé de 7 ans, qu’il cache dans un congélateur ? Et qu’ont fait les services sociaux alors que le meurtrier n’en était pas à sa première tentative ?

Nous sommes le jeudi 14 septembre. Quand les policiers forcent la porte d’un appartement de la résidence HLM du Bas-Vernet, à Perpignan, ils savent qu’ils doivent s’attendre au pire. Ils en ont déjà les tripes nouées. Mais ce qu’ils découvrent sur place dépasse l’entendement. Dans une baignoire gît le corps désarticulé d’un enfant de 7 ans, Imran, retrouvé nu et en partie congelé… Pourtant, ces hommes en ont vu d’autres.

Là, ils ont le cœur au bord des lèvres. La vue du cadavre du garçonnet au visage et au corps couverts d’ecchymoses dit le calvaire qu’il a dû endurer. « C’est une scène horrible qui glace le sang« , a témoigné Frank Rovira, secrétaire régional du syndicat Alliance Police.

Toxicomane

C’est un fait que le père de l’enfant, Salim B., 28 ans, ne présente pas le plus rassurant des profils. « Toxicomane » et sans « activité professionnelle », à en croire La Dépêche du 17 septembre, il serait très « défavorablement connu » des services de police pour « violences » et « trafic de stupéfiants ». Face au juge, l’homme aurait nié les faits sans montrer le moindre « affect » ni aucune « empathie ».

Deux jours après la macabre découverte, il a été mis en examen et placé en détention provisoire pour « meurtre sur mineur de moins de 15 ans », mais également pour « tentatives de meurtre » perpétrées à l’encontre de Lila et Houria, âgées de 4 et 5 ans, les deux filles qu’il a eues avec son ancienne compagne, la mère d’Imran, et dont il avait la garde.

Depuis le 17 septembre, Salim B. dort sous les verrous. Dans la foulée, sa propre mère, âgée de 61 ans, a été présentée à la justice et placée sous contrôle judiciaire pour « non-dénonciation de crime« , de même que son frère, Cherif B. (33 ans). En effet, le procureur de la République de Perpignan, Jean-David Cavaillé, a révélé que l’oncle des fillettes avait le jour même du meurtre d’Imran déposé ses nièces aux urgences de l’hôpital de Perpignan. Les petites présentaient des « traces de traumatisme multiples« , des dents cassées, et pour l’une des deux, un enfoncement de la boîte crânienne. Elle était inconsciente à son arrivée. Depuis, l’avocat de la mère des trois enfants a déclaré sur BFM TV que le pronostic vital des deux fillettes n’était plus engagé.

Histoire d’en rajouter dans l’indicible, selon L’Indépendant, il semblerait que le jeune Imran souffrait d’un handicap moteur l’obligeant à fréquenter un établissement spécialisé de Perpignan.

Mais comment les forces de l’ordre en sont-elles venues à suspecter Salim B. ? Grâce à la sagacité d’une employée des pompes funèbres, nous dit encore La Dépêche : « Ce jeudi 14 septembre, Salim B. est venu la voir pour lui demander des renseignements sur la levée de corps. Il lui a expliqué que son fils était mort depuis deux jours dans l’appartement familial. Il a présenté une attestation de décès signée par un médecin, mais ne disposait pas du certificat de prise en charge du corps. Intriguée, l’employée a écourté l’entretien pour mener des vérifications. L’État civil n’avait pas connaissance de la mort de l’enfant et le médecin dont le nom était mentionné lui a assuré qu’il n’avait jamais constaté la mort d’un enfant dans les derniers jours. » La jeune femme a alors prévenu la police.

Que peut-il bien se passer dans la tête de pareils individus pour qu’ils en arrivent à de telles atrocités ? Pour le journal scientifique Québec Sciences, il y a un début de réponse : « Ces pères seraient, dans bien des cas, habités d’un sentiment d’insécurité affective. On les dit immatures, contrôlants, possessifs et parfois violents. Plusieurs auraient été maltraités dans leur jeune âge. Ils sont envahis par des sentiments de rage à l’idée que leurs enfants, qui représentent ce qu’ils ont de plus cher, pourraient leur échapper. »

Dans ce genre de cas de figure, la consommation d’alcool et de drogues est un facteur aggravant, ce que confirme ce spécialiste cité par Le Journal de Montréal, « car ça va favoriser un passage à l’acte et pousser à agir dans la colère. » Certes. Mais il y a encore une perte criante de repères moraux dont on pourrait penser qu’elle touche moins des sociétés plus corsetées par la religion, comme celles du Maghreb dont Salim B. est originaire, par exemple.

Récits choquants

Il est à craindre que non, à en lire cet article de L’Observateur du Maroc, journal des plus réputés, mais qui se penchait, en 2013, sur un phénomène n’épargnant plus le royaume chérifien : « Ces récits choquants déstabilisent, car touchant aux valeurs primordiales du noyau familial et par extension de la société marocaine. Cette même société qui se targue d’être un exemple en termes de solidarité et d’attachement familial. » Et ce périodique de reconnaître que devant de telles infamies, aucune réponse plausible n’a été à ce jour trouvée.

Des explications telles que la peur de la faillite, du déshonneur, du divorce et de la relégation sociale sont évidemment évoquées. Pourtant, « devant l’atrocité des meurtres perpétrés par des pères et des mères envers leurs propres enfants, une évaluation psychique des capacités mentales des parents meurtriers s’impose. » Cela suffit-il ? Pas forcément. Ce d’autant plus, tel qu’il est écrit plus loin : »Ça ne marche absolument pas. Dans le système actuel, crime égale prison ou peine capitale. On n’en a cure de l’histoire du criminel ! »

Une manière comme une autre de considérer les choses. D’ailleurs, qui peut se targuer de percer à jour les tréfonds de l’âme humaine, dans ce qu’elle présente de plus sombre ?

Nicolas GAUTHIER

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