En quoi « Le Procès Goldman » change des autres films tournés au tribunal

  • Pierre Goldman risque sa tête alors qu’il est de nouveau jugé pour un braquage meurtrier.
  • « Le Procès Goldman » met le spectateur à la place d’un juré qui doit se forger son intime conviction sur la culpabilité de l’accusé.
  • Bien qu’il se déroule aussi dans un tribunal, ce film ne ressemble pas aux autres films de procès comme « Saint Omer » ou « Anatomie d’une chute ».

Les films de procès sont à la mode. Les succès de Saint Omer d’Alice Diop et d’Anatomie d’une chute de Justine Triet laissent présager une belle carrière pour Le Procès Golman de Cédric Kahn, film découvert à la Quinzaine des cinéastes. Le réalisateur revient sur une affaire qui a défrayé la chronique au début des années 1970. Pierre Goldman (joué par l’intense Arieh Worthalter) retourne devant le tribunal en 1975 notamment pour répondre d’un braquage ayant causé la mort de deux pharmaciennes.

Condamné à perpétuité en première instance, il nie les meurtres et est défendu par l’avocat Georges Kiejman qui veut lui éviter la peine de mort. Ce dernier est incarné par Arthur Harari, réalisateur d’Onoda et coscénariste d’Anatomie d’une chute, qui trouve ici son premier grand rôle à l’écran. « C’est un hasard si ces films de procès sortent plus ou moins en même temps, explique Cédric Kahn à 20 Minutes. En réalité, nous travaillons chacun dans notre coin sans nous consulter. »

Des approches différentes

Si Saint Omer adoptait le point de vue de sa réalisatrice traumatisée par un fait divers et qu’Anatomie d’une chute analysait les comportements d’une famille fictive, Le Procès Goldman met le spectateur à la place d’un juré en l’invitant à se faire sa propre idée sur la culpabilité de l’accusé. « C’est ce qui donne une différence marquante à ce film, déclare Arthur Harari. Qu’il connaisse ou non le verdict historique, le public est appelé à s’interroger sur la validité des arguments débattus dans l’enceinte du tribunal. »

L’arrogance et le charme de l’accusé, militant d’extrême gauche emblématique, comme le talent de son défenseur sont mis en valeur par une mise en scène brillante donnant l’impression d’être un témoin privilégié du procès.

Une réflexion sur la justice

« La description de la machine judiciaire et de ses rouages est un processus passionnant, insiste Arthur Harari. Elle concerne tout le monde, à toutes les époques et je pense que cela explique la fascination des cinéastes et du public sur ces sujets. » Le Procès Goldman et ses figures charismatiques trouvent une résonance puissante avec notre époque en brossant le portrait de personnalités complexes dont les idées politiques s’invitent dans les débats. « Ce qui compte pour moi n’est pas l’intime conviction du spectateur à la fin du film, précise Cédric Kahn, mais la réflexion à laquelle j’espère que cette histoire va le conduire. » C’est effectivement l’une des grandes forces de cette œuvre passionnante.

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