Le point sur la polémique qui oppose Pap Ndiaye à CNews et Europe 1

Des déclarations « honteuses » ou « wokistes » qui « jettent l’anathème » sur deux rédactions… Les réactions outrées se sont succédé après les propos du ministre de l’Education nationale. Dimanche sur Radio J, Pap Ndiaye s’en est pris à l’empire médiatique de Vincent Bolloré, un « personnage manifestement très proche de l’extrême droite la plus radicale ». L’effet boule de neige a été dévastateur, en plein mois de juillet. 20 Minutes se penche pour vous sur cette polémique.

Qu’a dit exactement Pap Ndiaye ?

Le ministre de l’Education nationale était invité sur Radio J dimanche. Il a apporté son soutien à la « mobilisation des personnels du JDD » en grève depuis dix-neuf jours contre la nomination à la tête de l’hebdomadaire dominical de Geoffroy Lejeune, journaliste associé à l’extrême droite, ancien de Valeurs actuelles.

« Ils ne veulent pas entrer dans la galaxie des publications ou des médias contrôlés par un personnage qui est manifestement très proche de l’extrême droite la plus radicale », a-t-il enchaîné, visant directement Vincent Bolloré. Avant d’ajouter ces déclarations, au cœur de toute la polémique : « Quand vous regardez CNews, quand vous regardez ce qu’est devenu Europe 1, quand vous regardez cet ensemble-là, la conclusion s’impose. Oui, CNews c’est très clairement d’extrême droite. Je pense qu’ils font du mal à la démocratie, il n’y a aucun doute. »

Quelles réactions ces déclarations ont-elles entraînées à droite ?

Le parti Les Républicains et des élus du Rassemblement national ont affiché dès lundi leur soutien à Europe 1 et à CNews. LR a appelé dans un tweet à « protéger la liberté d’expression ». « Dans l’esprit étriqué des wokistes, la liberté d’expression exclut la liberté de penser. Nous apportons notre soutien inconditionnel aux rédactions de CNews et d’Europe 1 ! », a souligné le parti de droite. « La liberté dérange l’extrême gauche. Ses oreilles wokistes souffrent, il faudra qu’il s’y habitue », a tancé le président du parti, Éric Ciotti, soutenant le « grand entrepreneur français » qu’est, d’après lui, Vincent Bolloré.

A l’extrême droite de l’échiquier politique, l’étiquette « extrême droite » ne passe pas non plus. Plusieurs élus RN ont fustigé la déclaration de Pap Ndiaye. « Propos honteux de Pap Ndiaye qui qualifie CNews et Europe 1 d’extrême droite. Au lieu de s’attaquer au pluralisme des médias, le ministre de l’Éducation nationale devrait travailler à enrayer la baisse constante du niveau scolaire ! », a réagi sur Twitter Hélène Laporte, vice-présidente de l’Assemblée nationale. Sa collègue députée Caroline Parmentier a reproché au ministre de jeter « l’anathème sur des chaînes et radios coupables de ne pas servir la soupe à Macron. Stop à ces scandaleuses pressions gouvernementales ! », a-t-elle lancé.

Jean Messiha, ancien porte-parole d’Eric Zemmour à la présidentielle et créateur de la cagnotte pour la famille du policier qui a tué Nahel, a estimé que Pap Ndiaye était un « fanatique de toutes les diversités », sauf quand « il s’agit de diversité politique et médiatique, la plus importante pour une démocratie digne de ce nom ».

Quelles réactions cela a-t-il suscité dans les rédactions visées ?

De nombreux journalistes de CNews et Europe 1 se sont émus des accusations du ministre de l’Education nationale. La journaliste Laurence Ferrari, présentatrice sur CNews, s’est fendue d’une diatribe acerbe à l’encontre de Pap Ndiaye. « Les conneries c’est comme les impôts, à la fin on finit toujours par les payer », a-t-elle lâché à la fin de son édito, lundi. La journaliste n’a pas mâché ses mots, allant jusque sur le terrain privé.

Suite aux propos du ministre de l’éducation Pap Ndiaye qualifiant @cnews et Europe 1 d’extrême droite, @LaurenceFerrari lui répond en direct dans #Punchline pic.twitter.com/j3HZHGMZ7V

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Après avoir estimé qu’il ne « restera pas grand-chose à garder » de son passage au ministère de l’Education, elle a fustigé celui qui donne « des leçons de démocratie depuis son salon cossu de Paris où les écoles publiques sont surtout bonnes pour les autres mais pas pour ses enfants ». Ses deux enfants sont en effet scolarisés dans l’enseignement privé. Signe de l’émoi des journalistes visés par Pap Ndiaye, le compte twitter officiel d’Europe 1 a épinglé l’édito de Laurence Ferrari. « Un ministre ne devrait pas dire ça », estime de son côté le journaliste politique de CNews, Gauthier Le Bret. « Contrairement à lui, CNews a le goût du pluralisme », a-t-il tancé.

« Aujourd’hui, la petite-fille d’immigré portugais qui a fui le fascisme que je suis a animé son premier direct d’au cœur de l’histoire sur Europe 1. N’en déplaise à Pap Ndiaye, je crois que j’en fais plus dans mon travail pour les valeurs républicaines que lui », a tancé de son côté Virginie Girod.

Comment réagissent le gouvernement et la gauche ?

Il n’y a pas eu de déclaration officielle de l’exécutif après les déclarations du ministre de l’Education. L’Elysée comme Matignon préfèrent le silence radio. Aucun membre du gouvernement n’a publiquement soutenu le ministre, deux jours après ses déclarations. Pap Ndiaye semble donc assez seul dans la tempête. Invité sur Europe 1 ce mardi, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, s’est vu demander si la radio était d’extrême droite. « Si je pensais qu’Europe 1 était une radio d’extrême droite, je ne serais pas venu à votre antenne », a-t-il répondu. On a connu soutien plus franc.

A gauche, le silence prévaut aussi. « Il ne fait qu’énoncer une vérité d’évidence », a toutefois réagi Edwy Plenel, le cofondateur de Mediapart. « Les attaques qu’il subit depuis, non dénuées de racisme, le confirment. Son audace solitaire doit être saluée », a-t-il ajouté. En tout cas, le mot « solitaire » est bien choisi, car Pap Ndiaye affronte seul la tempête provoquée par ses déclarations.

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