À deux heures et demie de Paris, la sous-préfecture de Seine-Maritime dévoile un visage moderne et surprenant, bien loin des clichés.
Semblant défier la gravité, deux arches formées de conteneurs colorés qui ressemblent à des briques de construction enfantines attirent l’œil. Cette œuvre monumentale de Vincent Ganivet, intitulée La Catène de containersa fait son apparition en 2017 à l’occasion du 500e anniversaire du port. Trait d’union entre le centre-ville et l’espace maritime, elle est aussi le symbole du nouveau souffle de modernité du Havre, classée dans le top 10 des villes du littoral où il fait bon vivre. Elle mérite bien plus que d’être restreinte à ses activités maritimes.
Une architecture classée
©Philippe Bréard
Si la Seconde Guerre mondiale et les bombardements alliés lui ont collé l’étiquette de grande ville la plus détruite de France, l’après-guerre en a fait un nouveau champ d’expérimentation pour l’architecte Auguste Perret, choisi pour reconstruire son centre. Il utilisa du béton armé suivant une technique nouvelle de poteaux largement espacés supportant les poutres et les dalles, qui lui permit de créer en série des pans de murs qu’il suffisait ensuite d’assembler sur place. À l’intérieur, les appartements ont été pensés pour être les plus modernes pour l’époque, comme il est possible de le découvrir en visitant l’un d’eux, remeublé pour l’occasion. Avec son système de chauffage innovant, sa cuisine qui donne sur le salon, ses fauteuils bleus, son poste de radio, les premières machines à laver… la nostalgie est assurée !
Quasiment tous construits selon ce principe, les immeubles sont alignés le long de rues redessinées de manière bien rectiligne. Unique en son genre et ne laissant personne indifférent, le résultat a permis à la ville de décrocher un classement sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Pour une vue d’ensemble, montez sur la terrasse du sommet de l’hôtel de ville. Au mur, observez les plans des différentes époques avant de regarder en bas. En partant, jetez un œil sur le fronton, à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », l’artiste Mathieu Mercier a ajouté douze nouveaux mots dont « créativité, curiosité et sensibilité ».
Vos pas vous mèneront ensuite jusqu’à l’église Saint-Joseph, reconnaissable à sa tour lanterne octogonale de 107 mètres de haut. Pensée, elle aussi, par l’architecte Auguste Perret, elle fut achevée après sa mort. À l’intérieur, le béton gris s’illumine de teintes chatoyantes des 12 768 verres colorés dont les reflets changent selon la lumière du soleil. Une atmosphère particulière, qui a inspiré l’artiste Isabelle Cornaro. Pour l’été, elle a recouvert une partie des baies vitrées de la gare de facettes teintées, qui viennent vibrer sur le parvis extérieur et le hall intérieur.
Prenez le temps de goûter l’atmosphère des rues commerçantes du Havre. Vous ne pourrez pas manquer le volcan blanc imaginé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer sur la place qui lui est dédiée. Osez pousser la porte, vous trouverez d’un côté, une salle de la scène nationale de théâtre et, de l’autre, une superbe médiathèque, idéale pour prendre le temps de faire une pause en regardant un magazine ou un film. Grâce à un habile muret blanc, le site, vu de l’hôtel Arthotel, adopte la forme d’une colombe.
©Alexandre Rety
Des lieux de culture incontournables
©Alexandre Rety
Les températures estivales vous donneront peut-être envie de faire du paddle ou de lézarder sur la plage du centre-ville où s’alignent de petites cabines de bain à rayures multicolores. Mais si la chaleur est trop étouffante, réfugiez-vous au musée d’art moderne, le MuMa. Le bâtiment de verre et d’acier est situé face à la mer. Son immense baie vitrée permet aux visiteurs de faire dialoguer ce paysage extérieur, qui séduisit de nombreux peintres, avec les œuvres à l’intérieur. Le fonds permanent rend justice aux impressionnistes comme Monet, Pissaro, Degas ou Renoir et présente la plus grande collection d’œuvres du Honfleurais Eugène Boudin. Jusqu’au 24 septembre, l’exposition temporaire Albert Marquet en Normandie met en avant les paysages du coin que le peintre découvrit grâce à l’artiste Raoul Dufy, natif du pays.
Une autre exposition-événement fait parler d’elle en ce moment. Intitulée Esclavages, mémoires normandes, elle est répartie dans les trois villes de Rouen, Honfleur et Le Havre. Pour la première fois, la question de la traite en Normandie est abordée. Au musée de l’hôtel Dubocage de Bléville, cette ancienne demeure du navigateur et négociant du même nom et de son fils historien et naturaliste, chacun pourra découvrir le parcours des personnes déportées et réduites en esclavage, l’organisation du système économique et commercial de la traite atlantique et les débats qu’elle a suscités.
Pour vous changer les idées, prenez de la hauteur en empruntant la ficelle, petit surnom attribué au funiculaire qui relie la ville basse à la rue Félix-Faure sur la côte. Remis en service en 1946, il mesure 343 mètres de long pour un dénivelé de 78 mètres. Il vous emmènera jusqu’aux jardins suspendus dont les 17 hectares de verdure comprennent également des serres de collection. Sortez votre appareil photo, ici les points de vue sont magnifiques sur le port, la ville et la baie de la Seine.
Carnet pratique
Où déjeuner ?
Au restaurant Les Fauves, situé dans le musée MuMa, demandez une table près de la baie vitrée, face à la mer. Carte bistronomique, menu entrée-plat : 22 €.
Où grignoter ?
©Jean-Paul Calvet
À la baraque de la plage Les Frites à Victor, depuis 1927, soit trois générations. Goûtez leurs croustillons ! Pour une glace de fabrication artisanale, cherchez le camion Ortiz, une autre institution qui stationne notamment du côté de la forêt de Montgeon et de l’arche à containers.
Où dormir ?
À deux pas de l’église Saint-Joseph, à l’hôtel Vent d’Ouest, à partir de 125 € pour deux. 4 rue de Caligny.
Bon plan
Le Pass musées (20 €) offre, pendant un an, un accès illimité aux expositions du MuMa, du Muséum de l’abbaye de Graville, de la Maison de l’armateur, de l’hôtel Dubocage de Bléville, à l’appartement Perret ainsi qu’aux serres des Jardins suspendus.
Festival Un été au Havre, jusqu’au 17 septembre, 8 œuvres d’art éphémères rejoignent les 15 installations visibles à l’année. www.uneteauhavre.fr
Pour préparer votre voyage
www.lehavre-etretat-tourisme.com
Julie BOUCHER
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