Vikings : les adieux de Katheryn Winnick au personnage de Lagertha

Rencontrée en avril 2019 lors du festival CANNESERIES dont elle était l’une des membres du jury, l’actrice Katheryn Winnick revient pour nous sur la fin du tournage de « Vikings » et sur son rôle de Lagertha qui l’a énormément marquée…

AlloCiné : Que ressentez-vous par rapport à la fin toute récente du tournage de Vikings après toutes ces années ?

Katheryn Winnick : C’est un sentiment doux-amer. Je suis prête à revenir à ma vie « normale » après 7 ans, à revoir mes amis et ma famille un peu plus longuement. Mais c’est difficile de dire adieu à un personnage pour qui j’ai autant d’affection, qui fait partie de moi aujourd’hui. Quand je me suis retrouvée dans l’avion pour la première fois après la fin du tournage, après avoir passé la journée à dire au revoir à tout le monde, je me suis mise à pleurer, et pleurer encore, et la dame à côté de moi était très inquiète. J’avais du mal à respirer, elle m’a demandé si j’avais perdu quelqu’un de proche. Et j’ai pleuré encore plus fort. Je n’osais pas lui dire que oui, je venais de perdre quelqu’un, mais pas une vraie personne, un personnage ! C’était plus dur que ce que j’avais imaginé de cloturer ce chapitre. Mais pour tout dire, je crois que je ne m’en suis pas encore remise. Il faudrait sans doute que je revois la série du début à la fin pour ça, mais je n’arrive pas encore à m’y résoudre. 

Etes-vous satisfaite par l’évolution de Lagertha au fil des saisons ?

Je suis très heureuse de tous les challenges que le personnage m’a apportés, mais je dois dire que j’aurais aimé avoir encore plus de choses à jouer. J’ai eu des intrigues formidables, je suis passée de paysanne à reine, de femme qui a tout à femme qui a tout perdu, j’ai traversé un divorce, j’ai dirigé une armée… Quel personnage ! Quelle femme ! J’ai vraiment pu l’explorer en profondeur et ça c’est un grand cadeau. En termes de temps d’antenne, on a toujours envie de plus. Alors oui, j’aurais aimé être encore plus présente, mais ce n’était pas une série centrée sur elle mais sur un groupe de vikings en général.

Dans la dernière saison, il y avait un challenge pour me vieillir physiquement, d’autant que j’ai la peau fragile alors c’était compliqué par rapport au maquillage. Il fallait que je paraisse plus âgée et ça n’était pas facile à accepter en tant qu’actrice et en tant qu’être humain. La première fois que je me suis vue vieille, j’ai pleuré. ‘Alors c’est à ça que je ressemblerai ?’ Accepter de ne pas être tout le temps belle et sexy, et ne pas être au centre, c’était une vraie leçon que Vikings m’a apprise. 

Si vous pouviez être l’héroïne de votre propre série, vers quoi vous tourneriez-vous ?

A vrai dire, j’ai un projet que je souhaite produire en développement actuellement. Il se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale. J’aimerais pouvoir vous en dire plus, mais c’est un peu trop tôt. Et pourquoi pas le réaliser, également… Maintenant, ce qui est important pour moi, c’est de m’inscrire dans un mouvement féministe, et de créer de nouveaux personnages féminins puissants, comme l’est Lagertha dans Vikings. Maintenant que je prépare l’après-Vikings, qu’on me propose des projets, je lis beaucoup de scripts et je me rends compte combien les personnages féminins intéressants sont rares, en particulier des femmes qui ne seraient ni des épouses, ni des mères. Il y a des évolutions et les choses s’arrangent petit à petit, je ne le nie pas, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et j’aimerais pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice. Tout commence avec l’écriture, il faut aider les femmes scénaristes à émerger davantage. Elles sont encore trop rares. 

Et vous avez déjà parlé de votre envie de devenir réalisatrice également…

J’ai envie de devenir réalisatrice car c’est un challenge qui me fait peur, c’est une grande responsibilité. Mais j’ai vu des femmes réalisatrices qui m’ont inspirées, les voir travailler m’a donné envie de faire la même chose et m’ont fait m’en sentir capable. J’en ai vu aussi se faire bouffer, parce qu’on ne les laissait pas faire, on les empêchait de faire entendre leurs voix… Patty Jenkins, qui a réalisé Wonder Woman, est un bel exemple à suivre. Helen Shaver également, une réalisatrice sur Vikings, que je considère comme un mentor, et qui était actrice elle aussi à l’origine. A chaque fois que j’ai eu affaire à un réalisateur qui avait été acteur, ça faisait une différence car ils savaient nous parler, ils nous comprenaient. 

Est-ce que vous avez eu le sentiment qu’il était plus difficile pour certains acteurs d’être dirigés par des femmes ?

Sur Vikings, je n’ai jamais ressenti ça. Je dirais même que si vous interrogez les acteurs un à un, ils vous répondront que leurs meilleures expériences sur la série étaient avec des réalisatrices. En revanche, je n’ai pas toujours ressenti cela tout au long de ma carrière, notamment au Canada dont je suis originaire, où il y avait clairement du sexisme. Mais c’était il y a quelques années déjà…

Quelles sont les séries que vous regardez sur votre temps libre ?

D’abord, je dois dire que j’adore cette forme d’art qu’est la série. Ce format, ce type de narration… ça me plait beaucoup. Et je n’ai rien contre le binge-watching. Après, il y a plus de 400 séries qui sont diffusées chaque année aux Etats-Unis, c’est impossible de tout voir, c’est difficile de savoir lesquelles privilégier, et je dois avouer que depuis que je me suis lancée dans l’activité de productrice, j’ai encore moins de temps à y accorder. Ma liste de rattrapages s’allonge encore et encore. Mais la fin du tournage de Vikings va peut-être me permettre de m’y remettre !

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