Cannes "déroule le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent", fustigent Laure Calamy, Géraldine Nakache et Julie Gayet

« Le cinéma français a intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit. » C’est par cette phrase forte que débute la tribune signée par 123 acteurs et actrices.

Publié dans le journal Libération, mardi 16 mai 2023, soit, le jour de l’ouverture de la 76ème édition du Festival de Cannes, le texte dénonce le silence de l’industrie face aux violences, et soutient Adèle Haenel. 

Une semaine avant, l’actrice du Portrait de la jeune fille en feu a décidé de « politiser [son] arrêt du cinéma » et a dénoncé dans une lettre publiée dans Télérama « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels ».

123 signataires « indignés »

La tribune est signée par de célèbres actrices françaises, telles que Laure Calamy, Géraldine Nakache, Zita Hanrot, Julie Gayet, Marie Papillon ou encore, Assa Sylla.

Toutes affirment être « les victimes et les témoins quotidien » d’un milieu violent et censuré : « Nous subissons bien trop souvent des agressions sexuelles, du harcèlement moral et du racisme au sein même de nos lieux de travail. » Et rappelle qu’il est souvent impossible d’en parler, au risque d’entendre « tais-toi s’il te plaît, pour la vie du film » ou pire que « des producteur·ices soient prêt·es à acheter [leur] silence ».

En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité.

Pour les 123 signataires, il n’y a aucun doute, l’heure est plus que jamais au changement. « Indigné·es », ils se désolidarisent des dernières décisions prises par le Festival de Cannes et font ici référence au film choisi pour l’ouverture de la cérémonie, Jeanne du Barry. Réalisé par Maïwenn, qui a reconnu dans l’émission Quotidien le 10 mai avoir agressé le journaliste Edwy Plenel, le long-métrage conte l’histoire de Louis XV, interprété par Johnny Depp, accusé par son ancienne compagne Amber Heard de violences conjugales.

« En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création », écrivent-ils dans Libération.

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Leur soutien à Adèle Haenel

En conclusion, les acteurs et actrices affirment vouloir « faire entendre une autre voix » : « Celles de femmes et d’hommes qui soutiennent les techniciens et techniciennes, les acteurs et les actrices qui dénoncent les violences, les journalistes qui publient ces enquêtes. »

Ils apportent également leur soutien à Adèle Haenel et scandent avec elle, comme elle l’a fait lors de la Cérémonie des Césars en 2020 qui a récompensé Polanski accusé par plusieurs femmes de violences sexuelles et de pédocriminalité : « la HONTE. »

Et de prévenir, en conclusion : « Notre voix ne fait que naître. »

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