Sport : les signes qui montrent que vous en faites trop

  • Sport en excès : une grande fatigue et des blessures à répétition
  • Les symptômes psychologiques d’une pratique sportive en excès
  • Un trop-plein qui risque de se transformer en obsession
  • Excès de sport : comment calmer le jeu ?

Faire du sport, c’est bien. Mais en faire « trop » peut vraisemblablement être risqué pour la santé, tant sur le plan physique que psychique. 

Et pour prendre du recul et savoir si on flirte avec l’excès de sport, il existe des signes qui doivent alerter. Deux expertes nous expliquent comment les repérer et s’en sortir.

Sport en excès : une grande fatigue et des blessures à répétition

« L’un des premiers signes à observer, c’est la fatigue », explique Blanche, coach sportive pour Fitness Park.

« On dit souvent que l’activité physique aide à bien dormir, mais si vous faites trop de sport, surtout en fin de journée, vous pouvez au contraire avoir le sommeil perturbé et ressentir une grande fatigue. Tout cela s’accompagne de stress et d’une irritabilité plus grande que d’ordinaire, et l’on peut constater une baisse de la motivation et des performances qui stagnent.« 

Sur le plan purement physique, l’experte alerte sur les blessures à répétition, signe d’un organisme sur-sollicité. Ce fut le cas de Mathilde, 33 ans, élève en sport-étude tennis en 4e et 3e : « Entre les entraînements de tennis, le travail physique, les matchs du weekend et les cours d’EPS classiques, j’étais à 14/15 h de sport par semaine », se souvient-elle.

Trois ans plus tard, j’ai ressenti une grosse douleur lors d’un match, c’était le tendon de mon biceps qui s’était quasiment déchiré.

« J’ai commencé à enchaîner les tendinites à l’épaule, mais je tenais en me disant que le sport-étude ne durerait que deux ans et que je voulais être la meilleure possible. Les kinés me disaient qu’une tendinite demande au moins un mois de repos, voire jusqu’à six mois, mais je n’ai jamais fait de pause de plus d’une semaine. Trois ans plus tard, j’ai ressenti une grosse douleur lors d’un match, c’était le tendon de mon biceps qui s’était quasiment déchiré. Bilan : une opération et 6 mois de pause forcée. »

Même son de cloche pour Nicolas, 31 ans, grand sportif depuis l’enfance (à raison de 2 à 3 séances par semaine minimum), qui a connu de nombreux claquages au fil des années. En 2012, vivant à l’étranger, il en était arrivé à faire du sport tous les soirs de la semaine pour s’occuper mais aussi se sociabiliser. « J’ai eu un claquage à la mi-mars et je suis revenu trop tôt, car j’en avais envie et besoin. Quelques semaines plus tard, rupture des ligaments croisés… »

Une opération plus tard (une autre suivra, du ménisque cette fois), Nicolas continue à faire du sport de manière régulière et intense mais reconnaît volontiers que toutes ces blessures ont eu un impact sur la fragilité de ses jambes et de son corps et qu’il doit désormais « faire gaffe et (se) ménager ».

Les symptômes psychologiques d’une pratique sportive en excès

Qu’on se le dise : faire trop de sport n’a pas que des conséquences physiques. Laurence Kern, docteure en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives et Maîtresse de Conférences des Universités, commence par préciser que « l’excès de sport est difficile à définir objectivement car nous n’avons pas tous les mêmes limites ».

Elle explique toutefois que, dans la littérature, il est classique de dire que la dépendance à l’exercice physique peut être définie par l’apparition d’au moins trois symptômes parmi les suivants, au cours d’une période de douze mois : 

– la tolérance (nécessité d’augmenter la quantité de sport pour ressentir les mêmes effets) ;
– le sevrage (symptômes de manque en période sans sport et besoin d’une activité physique pour ne plus les ressentir) ;
– l’intention (faire plus de sport que l’objectif que l’on s’était fixé) ;
– le manque de contrôle (impossibilité d’arrêter ou de suivre un programme raisonnable) ;
– le temps passé (durée excessive consacrée à la pratique et à ce qui l’entoure) ;
– l’abandon ou la réduction des autres activités (organiser sa vie en fonction du sport) ;
– et la continuité (poursuivre la pratique malgré une blessure ou un problème psychologique).

Un trop-plein qui risque de se transformer en obsession

Des symptômes que Clotilde, 30 ans, est capable d’identifier : « À 20 ans, je me suis inscrite dans une salle de sport et je suis rapidement devenue accro, j’y allais 5 jours par semaine, à raison de 2h à haute intensité par jour. Mon corps a rapidement gagné en masse musculaire. Les choses ont empiré après une rupture amoureuse : j’ai continué à me « tuer » au sport et en parallèle, j’ai commencé à suivre plusieurs influenceurs fitness et à contrôler mon alimentation. J’ai perdu du poids, j’étais fatiguée et irritable avec mon entourage. Et même si je sortais beaucoup, je ne parlais à personne. La seule chose qui comptait, c’était de planifier ma prochaine séance de sport. L’activité physique et la nourriture sont devenues les parties les plus importantes de ma vie. Les lendemains de soirée, il fallait que j’aille courir même si je n’avais dormi que trois heures. Lors des préparatifs de mon mariage, je calais les essayages de robes de mariée en fonction des horaires à laquelle j’allais à la salle. »

Si elle estime être sortie de cet engrenage dangereux, notamment après avoir rencontré des difficultés à concevoir, la jeune femme admet culpabiliser si elle ne peut pas s’entraîner alors qu’elle a « un gros repas de prévu » et pointe du doigt l’impact négatif des réseaux sociaux.

Pour Laurence Kern, cette spirale infernale est la suite logique d’une pratique excessive, comme c’est le cas dans tout problème d’addiction. On commence souvent par chercher à être plus en forme, plus musclé.e ou à perdre quelques kilos (par exemple au moment de l’adolescence ou des périodes de transition comme la ménopause), ou bien on a besoin de réguler ses émotions en période de stress, de mauvaise nouvelle ou de gros changement (on parle de stratégie de coping).

Grâce à cette activité physique, on voit des effets physiques sur le corps – on s’affine, on se tonifie –, et l’effet euphorisant des endorphines produites par le cerveau nous booste. Résultat, on finit par pratiquer plus et plus souvent. 

Excès de sport : comment calmer le jeu ?

Sur le plan purement physique, la coach sportive recommande de consulter un médecin en cas de blessures récurrentes, de grande fatigue, d’irritabilité ou de troubles du sommeil.

Et dans l’immédiat, de mettre son corps au repos, ou du moins d’alléger drastiquement son planning de sport. « La durée de récupération doit être proportionnelle à la période de surentraînement », précise-t-elle. « En cas de fatigue extrême, elle peut s’étaler sur plusieurs mois, pendant lesquels il est important de veiller à avoir une bonne hygiène de vie de et une alimentation équilibrée. »

En cas de fatigue moyenne, on peut se contenter de diminuer l’intensité et la fréquence de son activité sportive, voire tester de nouvelles activités à intensité modérée (à condition que la fatigue ne dure pas). Et dans tous les cas, il est essentiel de ne jamais négliger les phases de récupération, « essentielles à la progression ».

Sur le plan psychologique, la situation est complexe, notamment si la personne a déjà un pied dans l’addiction sans même en être consciente. 

« La prise de conscience vient généralement de l’entourage qui souffre », indique Laurence Kern qui précise que les kinés, pharmaciens et médecins devraient être plus sensibilisés afin de reconnaître une addiction au sport (les accros au sport ne consultant jamais pour ce problème et rarement pour ses conséquences, ils/elles ont plutôt recours à l’auto-médication).

Une fois le problème identifié et reconnu comme existant et cause de souffrances par le/la sporti.f.ve, il est important de consulter un.e psychologue pour identifier les causes de l’addiction et pouvoir apporter une réponse adaptée

Enfin, Laurence Kern insiste sur l’importance de discuter des effets négatifs possibles de l’activité physique sans tomber dans le catastrophisme : « tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Des personnes peuvent très bien faire une activité régulière, s’y investir, sans qu’apparaissent des problèmes de santé physiques, psychologiques ou sociaux. Il faut bien distinguer habitude, passion, engagement, activité physique excessive, compulsion, dépendance et addiction. »

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