« Misanthrope » place l’Amérique et son amour des armes dans son viseur

  • Un tueur de masse multiplie les massacres aux Etats-Unis.
  • Deux enquêteurs un tantinet marginaux tentent de le coincer.
  • « Misanthrope » suit leur enquête sur fond de violence systémique.

Huit ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles de Damián Szifron, réalisateur argentin remarqué des Nouveaux sauvages, découvert à Cannes en 2015. Le voilà de retour avec le polar Misanthrope, son premier film en langue anglaise. Shailene Woodley et Ben Mendelsohn y incarnent deux policiers lancés aux trousses d’un tueur de masse, tireur d’élite au tableau de chasse impressionnant.

C’est cette fois à la société américaine que s’en prend le cinéaste et plus particulièrement à sa fascination pour les armes qu’il a dans son collimateur. Ce polar qui louche entre Seven et Le Silence des agneaux dénonce également le système archaïque dans lequel évoluent deux marginaux des Forces de l’ordre, un vieux de la vieille désabusé et une jeune femme au passé lourd. « Le cinéma est une bonne façon de parler, mine de rien, de choses graves par le biais d’un divertissement. Cela est valable dans tous les pays et pour tous les sujets », expliquait le cinéaste à 20 Minutes au moment de la sortie des Nouveaux sauvages.

Un pays gangrené par la violence

Damián Szifron a un peu perdu de son originalité aux Etats-Unis mais sa férocité est toujours intacte. Il décrit l’engrenage destructeur qui causera près de deux cents morts des mains d’un maniaque que l’enquêtrice comprend parce qu’elle a (presque) autant de problèmes psychologiques que celui qu’elle traque. Le cinéaste brouille les pistes au gré d’un scénario efficace qui semble moins l’intéresser que le tableau d’une Amérique gangrenée par la violence que ce soit dans le camp des méchants que dans celui des « gentils ». Misanthrope, film âpre, mérite son titre.

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