Pour des reins en bonne santé, on nous le répète : il faut boire.
Chargés d’éliminer les déchets (urée, créatinine) et minéraux transportés par le sang, ils permettent aussi de réguler les quantités d’eau et de sels minéraux nécessaires à l’organisme pour bien fonctionner. Alors si l’on boit trop, ou pas assez, c’est tout ce système qui risque d’être déréglé. Et les conséquences peuvent être graves, voire mortelles.
Le rein, un filtre pour notre corps
Chaque jour nous absorbons de l’eau en buvant et en mangeant, mais nous en éliminons aussi en allant aux toilettes, en transpirant ou tout simplement en respirant.
Les pertes liées à la transpiration et à la respiration sont dites « insensibles en eau », car elles ne sont pas perçues. Ce sont donc les reins qui permettent aux entrées et sorties journalières d’eau de s’équilibrer via la quantité d’urines produites.
À condition que l’on boive au minimum 0,5 à 1 litre d’eau par jour et que l’on s’alimente correctement. Car même en cessant d’uriner parce que l’on ne boit pas suffisamment, nous continuons à perdre de l’eau. « Les pertes insensibles sont loin d’être négligeables », prévient le Dr Matthieu Jamme, néphrologue réanimateur.
Ne pas boire assez : un risque d’insuffisance rénale aigüe
L’état de déshydratation est reconnu par le rein qui sait réagir contre cela. Pour éliminer les déchets et minéraux issus de l’alimentation et accumulés dans le sang, il va d’abord commander à la vessie l’évacuation d’une urine particulière. Celle-ci est plus foncée, car très concentrée et émise en faible quantité.
Mais lorsqu’on ne boit vraiment pas assez, les déchets peuvent s’accumuler dans le sang. Le risque que ces derniers se disséminent dans le corps humain est alors élevé. « Un excès de potassium dans le cœur, par exemple, peut le faire s’arrêter », alerte le Dr Jamme.
Une perte d’eau au niveau extracellulaire – à l’extérieur de la cellule – est grave à d’autres égards. Car si les vaisseaux sanguins ne sont pas suffisamment alimentés en eau, la pression artérielle va chuter. Le volume d’oxygène envoyé vers les reins – et les autres organes – sera trop faible, au risque de provoquer leur dysfonctionnement.
« Les reins ont besoin d’oxygène jour et nuit. Si l’apport est trop pauvre, on risque l’insuffisance rénale aiguë et cela peut conduire un.e patient.e en réanimation », explique le néphrologue.
Et si une prise d’eau peut suffire à rectifier le tir, une hypoxémie (faible taux d’oxygène dans le sang, ndlr) qui a trop duré peut donner lieu à une insuffisance rénale dite organique. « Elle peut toucher n’importe qui, mais les personnes déjà malades des reins y sont particulièrement sensibles », précise le spécialiste.
Trop boire : une filtration des reins perturbée
Chez les potomanes, la consommation d’eau est démesurée. Chez certain.e.s, elle peut aller jusqu’à 25 litres par jour. En l’absence d’une pathologie, cet excès d’eau peut être compensé par une alimentation riche en minéraux, « car les reins sont capables de filtrer de grands volumes d’eau« , rassure le Dr Jamme.
« Mais au-delà de ce seuil ou si les apports en minéraux ne sont pas adaptés, le rein donne une priorité aux déchets lorsqu’il doit éliminer. S’il n’a pas assez de déchets à évincer, alors il va garder l’eau. Cette eau risque alors de se diffuser dans les tissus et les cellules », explique le spécialiste. Et qui dit excès d’eau dans l’organisme dit aussi diminution de la quantité de sodium dans le sang, qu’on appelle hyponatrémie.
Cette hyperhydratation intracellulaire expose à des risques neurologiques sérieux, notamment l’œdème du cerveau ou le coma. « J’ai déjà vu des potomanes convulser, car ils étaient trop hydratés : On peut mourir d’une hypertension intracrânienne », alerte le néphrologue.
Sans aller jusqu’aux quantités des potomanes, chez des patient.e.s fragiles, atteint.e.s d’une insuffisance rénale chronique ou cardiaque, les médecins peuvent demander à ce que la consommation d’eau et de sel soit restreinte. Car l’association des deux composantes expose au risque d’hyperhydratation dites extra cellulaire et à la formation d’œdèmes, particulièrement dangereux quand ils se forment au niveau des poumons.
Enfin, le Dr Brigitte Mauroy, urologue coordonatrice du réseau Périnice, explique dans une interview à 20 Minutes, que les femmes peuvent également souffrir d’incontinence urinaire à cause d’une surconsommation d’eau. « Les femmes boivent beaucoup trop, entre trois et quatre litres par jour, parce qu’on leur dit que c’est bon pour le drainage, la peau etc. Or, ces mêmes femmes ne vont aux toilettes qu’environ quatre fois par jour », explique la spécialiste. À force, la vessie se distend et provoque alors une incontinence urinaire. Elle recommande de boire 1,5 litre (tous apports hydriques confondus) et de faire un passage aux toilettes toutes les 2h.
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