Karl Lagerfeld : les révélations de Sébastien Jondeau, son homme de confiance

Le plus aristocratique des couturiers avait choisi de faire d’un gamin de banlieue son homme de confiance. Pendant vingt ans ! Aujourd’hui est venu le temps des révélations. Extraits de notre grand entretien avec Sébastien Jondeau.

Ensemble, ils auront accompagné Karl Lagerfeld jusqu’au bout. Choupette et sa douceur, Sébastien et sa loyauté. Assistant personnel, confident, l’ex-gosse des cités a partagé l’intimité de l’icône planétaire : personne d’autre que lui, à part deux médecins, n’a jamais su que le créateur souffrait d’un cancer diagnostiqué en 2015. Il est encore le seul, aujourd’hui, à connaître l’endroit où reposent ses cendres. En restant dans l’ombre du « Kaiser », Sébastien a acquis sa part de lumière. « Auprès de lui, j’ai appris en permanence », confie celui qui dessine désormais des collections capsules pour la maison Karl Lagerfeld. Une façon de perpétuer la mémoire d’un « boss » semblable à nul autre : pour lui, presque un père.

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Comment vit-on quand on travaille dans l’intimité du plus grand créateur de ce siècle ?

C’était à la fois une vie extraordinaire et une prison dorée. Pendant vingt ans, je n’ai pas pris de vacances, ni dîné comme je le voulais avec mes copines et mes amis. Il ne se passait pas deux heures sans qu’il m’envoie un message. De toute sa vie, c’est moi qui ai passé le plus de temps avec lui. Je n’ai jamais été off, sauf le jour de sa mort. Le 19 février. (…)

Karl était un homme extraordinaire avec une vie ordinaire

Comment décrirais-tu ta relation avec lui ?

Karl appréciait ma loyauté et mon côté bagarreur. Il m’appelait “le pitbull“. Dès que j’arrivais, le matin, j’avais une histoire à lui raconter: je m’étais battu sur la route, ou je m’étais fait mordre par un chauffeur de poids lourd. Ça le faisait marrer. Karl était un homme extraordinaire avec une vie ordinaire. Il vivait seul. C’était son choix, mais c’était parfois difficile. Je l’ai réveillé à une époque de sa vie où il était un peu à l’arrêt. J’étais le môme qui lui faisait faire des trucs sympas. (…)

Comment Karl a-t-il appris sa maladie ?

En 2015. Le 5 juin. On était à Saint-Tropez. J’étais sur la plage avec un copain. Karl ne sortait pas l’après-midi, il travaillait chez lui. Il m’a envoyé un message urgent. Je l’ai rappelé dans la seconde : “J’ai un problème, je n’arrive pas à pisser.” Il m’a avoué que cela faisait déjà quelque temps. J’ai immédiatement pris les choses au sérieux. Karl n’avait pas de médecin. J’ai appelé Yves Dahan, un joyeux luron, très sympathique, qui connaissait le monde médical à travers son association Sauvons l’hôpital. Cinq minutes plus tard, j’étais en ligne avec deux des plus grands professeurs d’urologie de Paris. Ils ont immédiatement prescrit des analyses. Karl a protesté. “Ah non! Pas d’infirmière !” Il était 20 heures. J’ai foncé à moto, déposé le prélèvement au centre médical de Gassin. Les résultats sont arrivés à 4 heures du matin. Karl ne dormait toujours pas. Moi non plus. Les taux étaient alarmants. On est rentrés à Paris. Jamais je ne l’avais vu si mal, si inquiet. Chez Jenna, ma petite amie à l’époque, j’ai eu ce moment de peur. Je me suis effondré.

« Jamais je ne avais vu Karl si mal, si inquiet« 

Tu étais le seul, avec ses médecins, à le savoir malade…

Jusqu’au jour de sa mort, aucun de ses proches n’a été au courant. Karl souffrait d’un cancer de la prostate. Et non pas du pancréas, contrairement à ce que tout le monde a pu dire après.

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans Paris Match en kiosque ce jeudi 18 décembre

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