Formation, production, création de studios : l'acteur britannique Idris Elba mise sur le cinéma en Afrique

Idris Elba ne fait plus mystère de ses ambitions pour l’industrie cinématographique en Afrique, le continent d’origine de ses parents qui ont immigré au Royaume-Uni où il a vu le jour en 1972.  Actuellement à l’affiche du film Luther : soleil déchu (sur les écrans et sur Netflix), dernier volet des aventures de l’iconoclaste policier londonien désormais en disgrâce, il vient de conclure un partenariat avec Mo Abudu, à la tête d’Ebony Life, qui promeut activement le cinéma nigérian ces dernières années. Le groupe audiovisuel nigérian est la première entreprise sur le continent à bénéficier d’un accord lui permettant de développer plusieurs projets pour Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande.

Former gratuitement aux métiers du cinéma

« J’ai le plaisir d’annoncer que Mo Abudu et moi avons uni nos forces pour renforcer et promouvoir les talents d’Afrique et de la diaspora… », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux d’Idris Elba mi-mars.  La formation aux métiers du cinéma et la production de contenus sont les deux axes de la collaboration avec la société du comédien britannique, Green Door Pictures (GDR), a indiqué la patronne d’Ebony Life dans un entretien accordé àForbes.  

Le modèle de la structure de formation lancé par le média nigérian, le Ebony Life Creative Academy soutenu par l’Etat de Lagos où il est installé au Nigeria, sera ainsi dupliqué à l’échelle du continent. L’établissement, opérationnel « depuis trois ans », est accessible gratuitement aux étudiants. Le volet production a pour ambition, lui, de «  porter les histoires africaines sur la scène internationale », a précisé Mo Abudu.  

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Idris Elba s’est lancé dans la production en 2013 en créant GDR. Objectif initial : avoir une plus grande maîtrise de sa carrière d’acteur. Mais très vite, confiait-t-il à la revue professionnelle britanniqueBroadcast, il s’est rendu compte qu’il y avait peu de sociétés de production dirigées par des personnes de couleur, noires notamment, dont la vocation était d’accompagner des talents noirs dans leurs différents projets artistiques.

« Le défi consistait à créer une société de production opérationnelle au service de la ‘diversité’ dans tous ses aspects juridiques mais aussi en faveur d’une approche diversifiée de la narration », confiait-il, tout en sélectionnant des projets de qualité. 

Une infrastructure pour accueillir les tournages internationaux

Sur le continent africain, Idris Elba veut construire des studios et une infrastructure capable d’accueillir des tournages internationaux, comme le font déjà des pays comme l’Afrique du Sud ou le Maroc. Il s’est lancé en Tanzanie ou encore au Ghana, le pays de sa mère où il a tourné Beast of no Nation (2015) de Cary Fukunaga. Un tournage éprouvant (lien en anglais) parce que l’infrastructure technique, entre autres, n’était pas au rendez-vous.

Il y a quelques mois à Accra, la capitale du Ghana,il expliquait son projet au président ghanéen Nana Akufo-Addo. L’occasion de lui annoncer qu’il comptait tourner une partie du film qu’il préparait sur le territoire ghanéen en décembre 2023. Une expérience qui devrait constituer un test grandeur nature dans un pays où il se rend désormais régulièrement. Dans un message sur Facebook, qui accompagnait des photos le montrant vêtu en tenue traditionnelle d’apparat lors du festival Akwasidae (en pays ashanti), le comédien britannique promettait « des choses passionnantes à venir ».

L’investissement dans l’industrie cinématographique s’annonce déjà prometteur. Du moins quand Idris Elba décrit son expérience. En décembre 2022, à Washington, alors qu’il participait au sommet réunissant les pays africains et les Etats-Unis, organisé par l’administration américaine, le comédien s’est exprimé sur le développement du secteur cinématographique en prenant son propre exemple. En Afrique, disait-il, ses activités dans le cinéma génèrent « 5 milliards de dollars par an », rappelant ainsi dans l’extrait publié par Vox Africa, pourquoi il s’avère déterminant d’investir dans l’industrie cinématographique sur le continent.

Miser sur les vertus de l’industrie cinématographique

« C’est parce qu’elle constitue une fenêtre sur l’Afrique. C’est aussi un miroir », a-t-il fait valoir. « Si nous voulons changer [le discours sur l’Afrique], nous devons consacrer un peu d’argent à nos médias, à nos films, à nos récits, à nos conteurs, à nos créateurs (…) », a-t-il ajouté. Les pays africains suivraient ainsi le modèle des Etats les plus développés du monde qui ont utilisé « les films et la télévision », livres, magazines et médias pour construire et établir leur image, aussi bien sur la scène internationale qu’à l’intérieur de leurs propres frontières. 

Une démarche cruciale pour un pays comme la Sierra Leone d’où est originaire le père d’Idris Elba qui s’est rendu dans le pays pour la première fois en 2019. Il exposait alors ce qui avait motivé son intérêt pour l’Afrique. « Je suis comédien depuis de nombreuses années maintenant. J’en suis très heureux et très chanceux (…). Mais en ce qui concerne l’industrie du divertissement, l’Amérique ou la Grande-Bretagne ne peuvent pas abriter mon ambition. L’Afrique peut [le faire] », confiait-il à la BBC lors de son séjour.

Engagé pour le continent africain

Ses projets ne sont pas qu’artistiques. Même s’il est associé avec Drizilik, une star de la musique en Sierra Leone, pour produire le titre Ashobi, sorti en 2022 et qui est devenu un tube. Ambassadeur de marque du pays, Idris Elba travaille aujourd’hui au développement d’une « ville à charte » (ville régie par un certain nombres de règles qui s’imposent de facto à ceux qui choisissent d’y habiter), Sherbro Island City, située sur l’île de Sherbro (côte sud de la Sierra Leone). 

Avec son épouse Sabrina Dhowre Elba, Idris Elba s’investit socialement et économiquement ces dernières années en faveur du continent africain. Le couple est ambassadeur de bonne volonté des Nations Unies depuis 2020. Le comédien et musicien britannique, qui a incarné au cinéma Nelson Mandela (le premier président noir de l’Afrique du Sud), a été encore récemment invité à rejoindre la vice-présidente américaine, Kamala Harris, lors de sa récente tournée africaine dont la première étape était le Ghana.

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