Thibault de Montalembert et Hélène Babu : l’amour sans mise en scène

Au théâtre, ils cartonnent en se donnant la réplique. Rencontre dans la vraie vie avec un couple de comédiens qui fête dix-sept ans d’osmose…

« Pendant le confinement, plus aucun lieu de répétition n’ouvrait. Nous avons aménagé ici l’espace avec la volonté d’accueillir des artistes », raconte Hélène Babu. Dans l’appartement du 10e arrondissement parisien où elle vit avec son mari, Thibault de Montalembert, ni table basse ni meubles imposants n’encombrent le salon. Il suffit de pousser le canapé pour que surgisse une scène éphémère. Bœufs musicaux, lectures réunions de leur compagnie créée en 2013 : tout est possible pourvu qu’on soit artiste… ou juste voisin. La longue table en bois donne à la cuisine un air de campagne. Thibault, fin gourmet, aime y faire mijoter des petits plats : « Etre acteur, c’est éprouver du plaisir et de la nécessité à ren contrer les autres ». Dans la vie, l’homme, réputé affable et attentionné, cultive un goût pour la pudeur qui s’inscrit dans une histoire personnelle complexe, loin des feux de la notoriété gagnée en 2015 avec la série Dix pour cent. Une enfance sans télé mais ponctuée par des émotions cinéphiles, « le nez constamment plongé dans des livres ». Un frère, de vingt ans son aîné, devenu aveugle après une agression à l’acide, pour lequel il se met, à 15 ans, à lire « des bouquins à voix haute, prémices du métier d’acteur ». Une fin d’adolescence marquée par un dramatique accident de voiture dont il choisit, tenté par la prêtrise, de se remettre sous les austères auspices d’un monastère. Puis une première union dès ses 19 ans. Un fils, Névil, aujourd’hui agent artistique, un deuxième mariage à 39 ans. Et enfin la rencontre avec Hélène il y a dix-sept ans. Ils jouent un mari et une femme dans la pièce Célébration d’Harold Pinter, mise en scène par Roger Planchon, quand ils passent de la fiction à la réalité.

Un coup de cœur né d’un casting gagnant. « On ne s’est plus quittés », lance Thibault, qui s’est formé aux Amandiers dans la classe de Valeria Bruni Tedeschi (il s’est reconnu dans son film sous les traits de l’étudiant BCBG embrassé par Patrice Chéreau). Hélène, mère d’une fille née d’une première union avec un acteur, a suivi pour sa part la tradition familiale. Sa mère n’est autre que la sociétaire de la Comédie-Française Geneviève Casile. « J’étais dans son ventre lorsqu’elle jouait Roxane dans Cyrano de Bergerac« , explique-t-elle. Enfant, reçue à l’école de l’Opéra de Paris, elle se destine d’abord à une carrière de danseuse quand, à 14 ans, un mal de dos la contraint à abandonner. « C’était un renoncement douloureux mais, si je ne pouvais plus me produire sur scène en dansant, je pouvais choisir de m’y exprimer. Mon salut est venu des planches. Le parcours a suivi… La classe libre du cours Florent puis le conservatoire national supérieur d’art dramatique ». Là où Thibault s’est élevé dans une ferveur un peu mystique, « Il faut croire pour jouer », dit-il. Il suffit qu’elle précise « nous ne faisons pas un métier, nous vivons d’une passion » pour comprendre qu’elle ne cultive pas la tiédeur. Ensemble, ils sont une même flamme, artistique et amoureuse. Que rien n’altère, pas même les écarts de notoriété. Quand l’acteur trouve la gloire, Hélène, aujourd’hui professeure au cours Florent, s’accommode de l’ombre. Cash, elle lance : « Ça a été dur à des moments où il avait plein de propositions et moi moins, parce que j’avais envie de bosser. Mais il a toujours été délicat. Il ne laisse jamais passer ces moments de célébrité sans me jeter un regard. Il me présente systématiquement. Et puis, j’étais heureuse de vivre le succès à travers lui. Moi, je ne sais pas si j’aimerais être connue…« 

Quand il découvre l’adaptation théâtrale d’Un président ne devrait pas dire ça…, le livre d’entretiens avec François Hollande des journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Thibault, auquel on a proposé un rôle d’enquêteur, pense à Hélène pour lui donner la réplique. Elle campe la cinglante et drolatique rédactrice en chef du journal aux côtés de Scali Delpeyrat (François Hollande), l’un des principaux rôles de la série Baron noir, et Lison Daniel, célèbre grâce à ses Caractères sur Instagram, en enquêtrice junior. Le matin, dans sa cuisine, le couple se fait des italiennes pour répéter son texte. Soir après soir, il vit au diapason le plaisir de récolter les bravos. La suite reste à écrire. Si Thibault s’est coupé les cheveux pour se « défaire » du personnage de Mathias de Dix pour cent, avant de rempiler pour le film en préparation, c’est pour mieux se laisser l’opportunité d’autres propositions. « Elles arrivent désormais. Longtemps, parce que j’ai une particule, les metteurs en scène ont manqué d’imagination en me confiant des rôles classiques. Jeune, on ne me proposait jamais d’incarner un voyou. Il faut dire que je n’avais pas le physique de Bernard-Pierre Donnadieu. Pourtant, ce que je préfère, ce sont les rôles de composition. J’ai adoré interpréter un travesti du bois de Boulogne dans Miss« . La séance photo va débuter, la maquilleuse s’affaire autour d’Hélène. Un travail sans intérêt esthétique majeur pour Thibault : « Là où je trouve ma femme la plus belle, c’est le visage nu », dit-il. Un homme amoureux pourrait dire ça. 

Dans Un président ne devrait pas dire ça…, au Théâtre Libre, à Paris.

Cet entretien est à retrouver dans le Gala n°1555 en kiosques le jeudi 30 mars 2023.

Crédits photos : BERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE

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