Laure Calamy est une actrice enjouée, habitée, incarnée. Révélée en 2015 dans la série téléDix pour centdiffusée sur France 2 et Netflix, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour la comédie Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal en 2021.Ce mercredi 29 mars 2023, elle est à l’affiche du film Bonne conduite de Jonathan Barré, avec Tchéky Karyo, Grégoire Ludig, David Marsais évidemment, Thomas VDB.
franceinfo : Dans Bonne conduite, vous interprétez une formatrice dans un centre de récupération de points du permis de conduire, le jour. Et vous êtes celle qui a inventé une autre méthode pour faire de la prévention routière en vous transformant en ‘serial chauffarde’, c’est ça ?
Laure Calamy : Oui ! La Calamity Jane du bitume, du macadam !
C’est incroyable parce qu’on a l’impression que ce rôle a été écrit pour vous.
Eh bien, avec ma tête de vieille petite fille, je ne pensais pas qu’on me donnerait un rôle comme ça ! J’ai flashé sur le scénario qui n’était pas du tout écrit pour moi et Jonathan Barré me l’a envoyé. J’ai flashé aussi sur ce garçon avec qui tourner était une merveille. C’est un rôle formidable de jouer cette cowgirl solitaire qui fait justice elle-même parce que son ami a été renversé par un chauffard et puis, c’est aussi parler de quelqu’un qui n’arrive pas à faire son deuil. C’est ça que j’aime bien. C’est à la fois complètement décalé, déjanté et en même temps, il y a vraiment plusieurs registres de cinéma.
Petite fille, vous saviez déjà ce que vous vouliez. Vous étiez déterminée dans le fait de réussir à faire ce que vous aviez envie de faire.
C’est vrai. Assez tôt parce qu’en fait, j’ai eu plusieurs personnes que j’aimais beaucoup dans ma famille et que j’ai perdu. Je pense que quand on est aussi confronté à la mort, il y a quelque chose et on se dit : » C’est maintenant ou jamais. La vie, ça s’en va très vite. En un instant. »
Je ne voulais pas passer à côté de ma vie. Je voulais vraiment essayer mon désir. Et puis si ça ne marche pas, on peut se réinventer tout le temps.
à franceinfo
Vous auriez pu marcher sur les traces de vos parents, tous deux dans la médecine. Une mère infirmière puis psychologue, un père médecin. Mais pas du tout, puisqu’il avait un ami, Jean-Paul Dubois, qui venait à la maison régulièrement pour parler des coulisses de son métier. C’est ça le point de départ ou pas ?
En tout cas, ça me rendait la chose accessible. Il racontait les tournées. Ça me fascinait. C’était l’aventure quoi ! Petite fille, ce que je voulais, c’était sortir, voir le monde. Pour moi, il y a quelque chose de l’ordre du soin aussi dans le fait d’être actrice, car partager tous les sentiments humains, toutes les questions humaines, oui, on est des passeurs et c’est ça que j’aime bien. Les premières expériences que j’ai eues, les premiers spectacles que j’ai vu au collège, je me souviens, ça a ouvert quelque chose en moi de très profond. C’est toujours mon espoir et je me dis même que s’il n’y a qu’une personne dans la salle à qui le spectacle fait cet effet, nous, acteurs, on fait cet effet, alors c’est merveilleux, c’est génial, c’est gagné.
On sent que le théâtre occupe une place très importante dans cette vie.
Je suis, quelque part, née au théâtre parce que c’est 20 ans de ma vie et puis de toutes façons, j’en ferai toute ma vie. Là, le cinéma, j’en profite un peu parce que je connais moins et puis on me fait des propositions qui me passionnent. Mais bien sûr qu’en ce qui concerne le théâtre… D’un coup, je me sentais utile, j’avais l’impression d’être au monde. Je dis : » Être au monde » parce que c’était la pièce que nous avait écrit Olivier Py, il disait : » Être au monde comme n’y étant pas« , je trouvais ce titre magnifique.
Vous avez récemment signé avec 300 célébrités françaises un texte contre l’homophobie. Vous y dénoncez la méthode du passage en force avec l’article 49.3, demandant à Emmanuel Macron de retirer cette réforme des retraites. C’est important pour vous d’être là aussi pour exprimer les choses, pour soutenir les autres ?
Bien sûr. C’est primordial, on est dans le monde. On raconte le monde. Je trouve ça incroyable de violence ce qui se passe. Il y a encore beaucoup de gens qui pensent que les gens qui font grève sont payés. Non. Il faut le redire. Pour ceux qui le peuvent, donnez des sous aux caisses de grève pour que justement les gens qui font cette grève puissent tenir. C’est là-dessus que compte ce gouvernement infâme, que les gens n’en puissent plus, s’arrêtent et se découragent.
Je pense qu’il faut soutenir la caisse de grève, dans cette lutte contre la réforme des retraites, c’est le nerf de la chose. C’est important que les gens puissent tenir parce qu’ils se battent pour nous, pour ceux qui ne peuvent pas faire grève.
à franceinfo
Pour terminer, ce film Bonne conduite est vraiment très drôle avec les deux acteurs du Palmashow et Tchéky Karyo. On a l’impression justement que l’équilibre se joue là avec des personnalités complètement différentes qui viennent s’unir finalement et s’équilibrer au cours du film.
Oui et puis qui amènent une drôlerie chacun à son endroit. Vu ce qui se passe en ce moment, je trouve que ça ne peut faire que du bien avec ce personnage qui fait justice elle-même. Ça fait du bien de pouvoir fantasmer ça un peu.
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