"Ce métier me permet de garder un lien avec l'enfance" : Niels Schneider incarne un voyou de la Belle Époque dans "Apaches"

Niels Schneider est un acteur franco-canadien. Il a suivi les traces de son père en l’accompagnant voir des spectacles qu’il dirigeait. Le théâtre l’a d’ailleurs accueilli lors de ses premiers pas avec des rôles dans des pièces de Feydeau ou encore de Kafka. Rapidement, le grand écran s’est intéressé à lui et en 2010, son rôle dans Les amours imaginaires de Xavier Dolan avec Monia Chokri va le propulser sur le devant de la scène. En 2016, c’est la consécration avec le film Diamant noir d’Arthur Harari pour lequel il reçoit le César du meilleur espoir masculin.

Ce mercredi 29 mars 2023, il est à l’affiche du film Apaches de Romain Quirot avec Alice Isaaz.

franceinfo : Dans Apaches, nous sommes en 1900. Paris est aux mains des gangs ultraviolents qui font régner la terreur de Belleville à Montmartre. On les surnomme les Apaches et vous êtes l’un d’entre eux, Jésus. Ça fait du bien de jouer à un Peaky Blinders des temps modernes ?

Niels Schneider : On n’a pas l’habitude de ce cinéma-là en France. J’adore vraiment le cinéma français, un cinéma plus contenu, plus en retenue. Mais j’aime aussi le cinéma plus excessif, haut en couleurs, où on se fait plaisir, où il n’y a pas de prise de sérieux. Et c’est vrai que j’avais très envie de suivre Romain Quirot parce qu’il avait une ambition de cinéma qui était hors du commun et qui cherche un petit peu à bouger les codes et à faire bouger les lignes du cinéma français.

On est en 1900, c’est à la Belle Époque et c’est à ce moment-là que les Français vont découvrir les Apaches avec les spectacles de Buffalo Bill. Il y a un vrai attachement, une vraie fascination finalement, même pour la violence. C’est aussi ça ce film, c’est un regard sur cette société-là ?

Les Apaches étaient des jeunes qui fascinaient tout le monde. Ils ne voulaient pas avoir la vie de leurs parents, finir à l’usine comme eux et ils avaient la haine du bourgeois, la haine du flic, la haine du travail.

à franceinfo

Les journaux étaient terrifiés, mais ils ont créé la légende des Apaches. Ils avaient une coupe de cheveux à eux, un langage particulier, ils parlaient leur argot, ils avaient créé des armes aussi. Ils étaient réputés pour être sans foi ni loi et aimaient beaucoup faire la fête, ils ne pensaient qu’à s’amuser.

Il y a beaucoup de sensibilité, finalement, dans ce qu’ils cachaient à travers ce qu’ils consommaient, cette absinthe. Il y a aussi un regard sur les enfants de l’époque. Vous étiez comment enfant ?

Moi, j’étais vraiment dans mon monde. Je crois que j’étais un enfant très rêveur et hypersensible. Et puis, adolescent, j’aimais bien être tout le temps dans la rue de mon quartier, à Montréal. Sinon, je rêvassais énormément en classe.

C’était une évidence de choisir le métier d’acteur ?

Pas du tout. C’est venu plus tard. C’est venu vraiment à 16 ans. Quand je suis monté sur scène pour la première fois, ça m’a paru vraiment comme une évidence. Je me suis dit à ce moment-là que tous les instants qui étaient hors de scène n’étaient que des moments d’attente finalement.

Dans ce film, le point de départ, c’est le décès d’un frère. Vous avez vous-même connu cette perte. Est-ce que ça devient une force finalement ? Est-ce que ça ne vient pas un guide ?

Pour moi, ça l’a été et c’est vrai que c’est une tragédie la mort de mon frère. C’est quelque chose qui m’a absolument détruit.

Je pense qu’on construit aussi son bonheur sur une bonne part de désespoir et de malheur.

à franceinfo

Moi, je me suis beaucoup construit là-dessus et c’est finalement en voulant me rapprocher de ce frère que j’ai trouvé ma voie.

Vous avez commencé par le théâtre. Le cinéma a suivi très vite avec Tout est parfait d’Yves Christian Fournier (2008). Vous êtes devenu aussi l’un des acteurs fétiches de Xavier Dolan. C’était une évidence le cinéma ?

Mon père ne faisait pas du tout de cinéma. Ce n’était pas du tout mon monde. Je vivais à Montréal. C’était un milieu qui paraissait inaccessible donc, je ne m’autorisais pas du tout à rêver de faire du cinéma. C’est venu vraiment plus tard en rencontrant le réalisateur québécois Yves Christian Fournier, une première fois. Et puis ensuite avec Dolan. Rien ne paraissait impossible pour lui. Il a vraiment créé sa chance quand il a fait les deux premiers films que j’ai tournés avec lui, J’ai tué ma mère et Les Amours imaginaires. Il les a fait avec très peu d’argent. On l’a fait entre amis et tout d’un coup, le champ des possibles s’est vraiment ouvert et élargi.

Ce qui est fort d’ailleurs, c’est quand on regarde tous les films pour lesquels vous avez tourné. Il y a toujours une histoire de famille derrière tout ça. La famille, c’est la base, c’est votre pilier ?

C’est vrai que la famille, c’est très important pour moi et après ça, les rôles qu’on te donne, que l’on t’offre. On ne sait jamais si ce sont les acteurs qui attirent les rôles ou si ce sont les rôles qui attirent les acteurs. Je ne sais pas répondre à cette question.

Que vous apporte ce métier d’acteur ?

Ça m’apporte énormément de choses. Ça me permet de me connaître un peu plus, de me rendre compte que je suis un peu plus large, un peu plus que ce que je croyais être. Ça me permet de garder un lien avec l’enfance. Des rencontres, des voyages, ça me permet énormément de choses. Je suis extrêmement privilégié de faire ce métier.

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