LOVE STORY – Fanny Ardant, qui fête ses 74 ans ce mercredi 22 mars, et François Truffaut, disparu depuis près de 40 ans, forment un couple phare au début des années 80. Après un coup de foudre télévisuel, le réalisateur décide de rencontrer l’actrice, avec laquelle il collabore ensuite. Leur histoire d’amour va alors être bouleversée suite à la mort du cinéaste…
« Je préfère être aimée qu’avoir plu« , confiait joliment Fanny Ardant dans les colonnes de L’Express en 2015. Aimée, elle l’a été par plusieurs hommes. Son histoire d’amour avec François Truffaut reste sans doute l’une des plus notables. Un soir de décembre 1979, alors qu’il est confortablement installé dans son fauteuil, le cinéaste découvre une nouvelle série à la télévision : Les Dames de la côte. Au casting de ce feuilleton, figurent de grandes actrices telles que Françoise Fabian ou Edwige Feuillère. Mais c’est une autre qui retient toute son attention. Elle s’appelle Fanny Ardant. Elle a tout juste trente ans, mais crève déjà l’écran. Dès qu’il découvre cette comédienne venue du théâtre, à la beauté déroutante et au timbre de voix si singulier, François Truffaut tombe sous le charme.
Le réalisateur prend son courage à deux mains et décide d’entrer en contact avec elle. Les textos n’existent pas encore, l’intéressé prend donc la plume pour lui adresser une lettre. « François Truffaut m’a écrit une lettre qui disait : ‘Désormais, rester les samedis devant la télévision est une joie‘ », raconte l’actrice au Monde en 2021. Il lui donne rendez-vous aux Films du Carosse, la société de production qu’il a créée en 1957. Fanny Ardant, qui souffle sa 74ème bougie ce mercredi 22 mars, accepte de s’y rendre et de le rencontrer. Le courant passe. À en croire les quelques anecdotes dévoilées par Antoine de Baecqué et Serge Toubiana dans le leur livre François Truffaut (Éd. Gallimard), « ils se revoient régulièrement, déjeunant à la boulangerie du coin de la rue Marbeuf et de la rue Robert Estienne, un des endroits favoris du cinéaste. » Mais avant de former un couple à proprement parler, c’est par le biais du travail qu’ils se rapprochent.
Le début d’une collaboration artistique
À l’époque, François Truffaut est déjà engagé sur un film, Le Dernier Métro, dans lequel il met en scène une histoire d’amour dans le Paris de l’occupation tel qu’il l’a connu. Cependant, il fait une promesse à Fanny Ardant : « Le film suivant sera pour vous. » Le cinéaste tient parole puisqu’un an plus tard, il lui offre le rôle principal de son prochain long-métrage, La femme d’à côté, dans lequel elle partage l’affiche avec le talentueux Gérard Depardieu. Elle est séduite par le scénario, qu’elle trouve si réaliste. « Ce que j’ai lu, c’était tout ce que je croyais dans la vie, c’est-à-dire qu’on peut mourir d’amour. Ça a été fulgurant de lire ça« , se souvient-elle auprès du Monde. En 1981, sort le film. Le succès est au rendez-vous. La presse salue la performance de la nouvelle héroïne de Truffaut : « Fanny Ardant brûle tout entière d’une flamme étrange et romantique, elle est une sorte de Parque inquiétante dont le regard sombre et l’obsession rappellent à la fois la Maria Casarès d’Orphée et l’Adjani d’Adèle H« , peut-on lire, dans un article paru sur un blog en 2019.
Le pari est réussi pour Fanny Ardant qui, après avoir fait ses armes sur les planches, se spécialise au cinéma. Deux ans plus tard, François Truffaut la choisit une nouvelle fois pour incarner l’un des rôles principaux, dans Vivement Dimanche !, un film qu’il réalise en noir et blanc. Cette fois, son partenaire s’appelle Jean-Louis Trintignant. L’histoire, inspirée d’un roman de Charles Williams, retrace l’enquête d’une secrétaire (interprétée par Fanny Ardant, ndlr) qui mène sa propre enquête, après avoir découvert que son patron (joué par Jean-Louis Trintignant, ndlr), dont elle est amoureuse, est le suspect numéro 1 dans le meurtre de sa femme et de son amant. « L’idée m’est venu pendant une séance de rush de ‘La femme d’à côté.’ On projetait une scène nocturne où Fanny Ardant faisait le tour de la maison en imperméable. Quelqu’un a fait remarquer: c’est une ambiance série noire. Effectivement, Fanny Ardant avait l’air d’une héroïne de la série noire« , raconte l’intéressé, pour expliquer son choix, dans des propos rapportés par France inter.
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François Truffaut et son rapport aux femmes
Pour la petite histoire, François Truffaut avait d’abord songé à Jeanne Moreau pour camper le personnage principal de Vivement dimanche !, qu’il avait envie d’interpréter depuis les années 1960. Le compagnon de Fanny Ardant est connu pour être un cinéaste qui aime les femmes. Et les femmes semblent l’aimer en retour. Comme le souligne Christine Ockrent dans une interview télévisée à l’époque, le cinéaste considère que « le cinéma est l’art majeur de la femme. » Et l’intéressé de détailler son propos : « Ce sont des films où les sentiments comptent beaucoup, où les rapports affectifs comptent beaucoup. À ce moment-là, je crois qu’évidemment, en écrivant l’histoire, le rôle de la femme devient plus décisif, plus important (…) Vivement dimanche ! appartient à Fanny Ardant comme Le dernier métro était conduit par Catherine Deneuve, je pense que c’est l’histoire qui demande ça à chaque fois. »
Un couple indépendant
En dehors des plateaux de tournage, Fanny Ardant et François Truffaut mènent leur idylle à leur façon. Comme ils l’entendent. « J’aime la vie et il n’y a rien qui pourra empêcher que je la vive comme j’ai envie de la vivre« , lâche-t-elle, cash, dans une interview télévisée en 1980. Le réalisateur et l’actrice, qui tiennent tous les deux à leur indépendance, prennent la décision de ne pas emménager ensemble. Ils habitent chacun dans le 16ème arrondissement de Paris, mais pas sous le même toit. « J’adore les grandes familles, mais pour moi l’amour doit rester clandestin, sans bague au doigt. J’aime aussi les grandes maisons, mais pas les couples. La bénédiction du curé signe un contrat d’enlisement ! Il ne faut pas vivre ensemble. C’est tellement merveilleux de se donner rendez-vous ou d’être chez l’autre comme en visite« , assure la comédienne auprès du magazine ELLE.
De son côté, Fanny Ardant vit avec sa fille Lumir, née en 1975 de sa précédente relation avec Dominique Leverd. Le couple a plusieurs points communs, l’amour pour le cinéma bien sûr, mais également pour la lecture. S’ils ne vivent pas ensemble, ils se voient « plusieurs soirs par semaine« , au domicile de l’un ou de l’autre, ou bien au restaurant, toujours selon un article paru sur ce même blog en 2019. Au travail comme à la ville, la comédienne est admirative de son compagnon : « Il y avait chez François Truffaut ce que j’ai toujours aimé chez les êtres passionnés par ce qu’ils font, ce qu’ils disent, ce qu’ils sont. François était un outsider, quelqu’un qui s’était fait tout seul, il n’avait pas de snobisme, il ne cherchait pas à plaire, il ne se vendait pas. Comme moi, il mettait l’amour au-dessus de tout. Il m’a réconciliée avec la douceur. Il m’a appris qu’on pouvait être doux et passionné à la fois, avoir des fêlures, des excès« , détaille-t-elle, dans les pages du Monde, en 2021.
Une histoire d’amour qui connaît une fin tragique
Aussi à l’aise pour travailler ensemble que pour profiter des plaisirs simples de la vie, Fanny Ardant et François Truffaut semblent sur un petit nuage. Ils ont trouvé leur mode de vie et s’épanouissent dans celui-ci. À l’été 1983, l’année de la sortie de Vivement dimanche !, le réalisateur et l’actrice s’apprêtent à mettre le cap sur Honfleur, dans une maison acquise par Michel Berger, où ils prévoient de passer une partie du mois de juillet. Lui pour travailler sur des scénarios, elle, qui est alors enceinte de son deuxième enfant, pour se reposer. Mais les vacances virent au drame quand François Truffaut est victime d’une attaque. Il s’agit du premier signe de sa tumeur cérébrale. En septembre de cette année-là, Fanny Ardant accouche de leur fille : Joséphine. Le réalisateur, de plus en plus affaibli par la maladie, ne peut hélas profiter pleinement des joies de la paternité.
Malgré la situation, il tente de faire bonne figure et réapparaît publiquement. Présent sur les ondes de RTL, il précise qu’il a subi « une opération au cerveau » mais se veut rassurant auprès du public. Il enchaîne les apparitions, mais n’est plus tout à fait le même. L’été suivant, « son état de santé se dégrade à nouveau« , comme le rappelle Télérama. Le 21 octobre 1984, il rend son dernier souffle à l’âge de 52 ans, à l’hôpital américain de Paris. Fanny Ardant est dévastée. « Il est mort et tout a sombré« , confie-t-elle au Monde. « Il y a eu un avant et un après. C’est comme si j’avais mis longtemps à plonger et que quand j’avais réussi à le faire, la piscine s’était vidée. Je me suis fracassée. » Si elle tient bon, c’est grâce à ses filles. Elle le reconnaît elle-même : « Être mère m’a empêchée de m’enfoncer. Ça m’a sauvée et ça m’a permis d’arriver où j’en suis.«
Crédits photos : @BESTIMAGE / DIRECTION ARTISTIQUE GALA
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PHOTOS – Fanny Ardant : qui sont les hommes de sa vie ?
En 1974, Fanny Ardant fait la connaissance de l’acteur Dominique Leverd. Elle jouait alors avec lui dans la pièce de théâtre Polyeucte, dirigée par celui-ci.
Les deux comédiens tombèrent rapidement amoureux. Leur histoire d’amour se concrétisa en 1975 lors de l’arrivée de leur fille, Lumir.
Le couple s’est séparé quelques années après la naissance de leur premier enfant.
C’est en 1981 qu’elle a été choisie par le réalisateur pour jouer dans le célèbre film La femme d’à côté. Débute alors une relation forte et passionnée.
Deux ans après leur rencontre, le couple a eu une fille prénommée Joséphine, en 1983.
Un an après la naissance de sa fille, le cinéaste est décédé d’un cancer du cerveau à 52 ans. Il laissa alors derrière lui Fanny Ardant, pleine de chagrin.
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