“La ferme du bonheur” de Claude François

C’est en visitant le moulin de Dannemois que l’on retrace la vie de l’icône disparue il y a 45 ans, le 11 mars 1978. Suivez le guide, Julien Lescure, nouveau copropriétaire et fan de l’artiste.

Il l’avait baptisée « la ferme du bonheur » ! Si Claude François est mort à Paris le 11 mars 1978, électrocuté dans la baignoire de son appartement du boulevard Exelmans à Paris, c’est bien à Dannemois dans l’Essonne qu’il aimait vivre. C’est en effet dans ce vieux moulin à eau du XIIe siècle que le chanteur yé-yé passa les quatorze dernières années de sa vie, entre 1964 et 1978, à quelques encablures des strass et des paillettes de la capitale.

©Calvo. Bruno

Ici, près de Milly-la-Forêt, à quarante-cinq kilomètres au sud de Paris, Cloclo s’installe en 1964 avec sa famille, sa mère, Chouffa, sa sœur, Josette, ses deux fils, Claude et Marc, et ses différentes compagnes. Ici, défileront ses amis de toujours : Dalida, Sheila, Sardou, Johnny aussi… Dans le décor bucolique de cette vallée verdoyante qui lui sert de havre de paix entre deux tournées, il est heureux et se ressource.

©Calvo. Bruno

Viens à la maison…

©Calvo. Bruno

À sa mort, les portes se referment et le jardin est laissé à l’abandon. Vingt ans plus tard en 1998, un couple de fans, Marie-Claude et Pascal Lescure, boulangers en Dordogne, rachètent la propriété pillée et tombée en ruines pour en faire un musée privé. Il faut sauver le moulin et donc tout rénover, pièce par pièce. La « maison américaine » (qui fut précisément l’aile du bâtiment réservée à l’usage personnel de l’artiste) retrouve son lustre, avec ses meubles modernes d’époque.

©Calvo. Bruno

Après avoir écumé les ventes aux enchères, les nouveaux propriétaires reconstituent le cadre du chanteur : le mobilier de salon Knoll, le canapé en peau de vache, les costumes de scène, les disques d’or, l’aquarium d’eau salée, les poignées de portes en forme de « C » et de « F », la descente de bain… Et le piano sur lequel il a notamment composé Comme d’habitude, une chanson qui a fait le tour du monde. « Ça a été un long et minutieux travail d’archive, presque d’archéologie, concède leur fils, Julien qui a pris la relève. D’ici à cinq ans, nous aurons également terminé le réaménagement d’une quinzaine de chambres dans les différents étages pour accueillir le public. » Si, en plus, dormir dans les draps de soie de l’artiste devient possible…

©Calvo. Bruno

Le jardin de son cœur

Les saules pleureurs qui tombent sur la rivière l’École donnent à ce jardin un parfum de nostalgie. Sur 6 000 m2, un « fouillis organisé » a été imaginé par l’artiste. Pas moins de sept variétés de magnolias ont été plantées mais aussi des lupins, des rhododendrons, des camélias, des rosiers…

La piscine sonorisée

©Philippe de Poulpiquet

Elle a la forme d’une palette de peintre. Claude François l’a fait construire à l’image de celle de son idole Elvis Presley à Memphis. Petite (14 m), certes, mais incroyablement profonde (3,54 m de fond !) et chauffée, elle est sonorisée grâce à des haut-parleurs : on y entend surtout les bruits de la mer, les chants des dauphins et des baleines. Rénovée tout comme le sauna adjacent, elle n’est plus utilisée.

Sa tombe, un lieu de pèlerinage

Les fans répondent présents une fois de plus cette année en apportant des gerbes de fleurs pour célébrer leur idole décédée il y a quarante-cinq ans. Sa tombe, ornée d’une grande statue de bronze à son effigie, reste fleurie toute l’année. Mais en ce 11 mars, les fans seront une nouvelle fois nombreux en ce lieu de pèlerinage.

3 questions àJulien Lescure, copropriétaire

“C’est juste lumineux et authentique !”

France Dimanche : Comment allez-vous célébrer les 45 ans de la disparition de Claude ?

Julien Lescure : Tous les week-ends de mars, nous proposons des déjeuners et des dîners-spectacles ici, en réunissant des sosies, des Clodettes, des amis et des personnes qui ont travaillé avec lui. Il y a aura une messe à 11 heures le dimanche 12 mars en l’église de Dannemois.

FD : Qui vient visiter le moulin ?

JL : Nous recevons entre 15 000 et 20 000 personnes par an. Des fans, bien sûr, mais aussi des gens curieux de voir comment il avait aménagé son intérieur, lui, l’homme de bon goût, à la fois esthète et avant-gardiste, passionné d’art africain. Il suffit de voir dans la maison américaine, les pierres de grès, les immenses baies vitrées. Ce n’est jamais démodé ni clinquant. C’est juste lumineux et authentique !

FD : Quelles sont les dernières nouveautés acquises pour ce musée ?

JL : En décembre, nous avons dégoté deux costumes de scène rouge et argent, à Drouot, des pièces rares, car Claude François avait l’habitude de se débarrasser de ses costumes au moindre accroc. Depuis vingt-cinq ans, nous chinons pour trouver des objets personnels que nous entreposons dans « le loft », une salle d’exposition de 120 m2 où l’on peut admirer la vaisselle Christofle, les bagages Vuitton réalisés sur mesure, le portefeuille Cartier de l’artiste, entre autres effets…

Carnet pratique

  • Lieu

32, rue du Moulin. 91490 Dannemois (Essonne), près de Milly-la-Forêt et de la forêt de Fontainebleau.

  • Visites guidées (une heure)

Les lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 11 h à 16 h 30, avec une visite supplémentaire le week-end à 17 h 30.

  • Tarifs

15 €/adulte, 7 € avant 12 ans, gratuit avant 5 ans. Dîner-spectacle : 95 €/personne.

  • Site internet

Réservation conseillée pour les visites et les soirées spectacles sur www.moulindeclaudefrancois.com et au Tél. 01 64 98 45 54.

Alicia COMET

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