Énergie : le bouclier tarifaire

Le gouvernement a prolongé le dispositif qui limite la hausse des prix du gaz et de l’électricité, mais l’a allégé.

Le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité mis en place en 2021 pour aider les Français à affronter les hausses des tarifs de l’énergie a permis de geler le tarif réglementé du gaz depuis octobre 2021 et de limiter la hausse du tarif de l’électricité à 4 % en 2022. Nous avons donc la chance de payer gaz et électricité bien moins cher que nos voisins européens, et notamment deux à trois fois moins cher que les Anglais et les Allemands.

108 % sans bouclier

En principe, nous aurions dû subir des hausses très importantes. Pour s’en faire une idée, il suffit de consulter les chiffres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), publiés début 2023. Si les barèmes de calculs avaient été respectés, l’augmentation réelle des prix aurait dû, selon le régulateur, être de 99,36 % TTC pour les particuliers. En conséquence, le prix du tarif réglementé d’EDF aurait tout simplement doublé dès le 1er février. Heureusement, grâce au bouclier tarifaire, cette hausse de 108 % a été limitée à 15 %, soit 6 fois moins cher qu’elle ne devrait être. Bien sûr, une telle mesure a un coût important pour l’État. Pour la seule année en cours, le gouvernement a budgété plus de 20 milliards. Pour autant, le dispositif précédent, trop coûteux, a dû être allégé. Limitée à 15 % en moyenne, la hausse des tarifs réglementés est entrée en vigueur le 1er janvier dernier pour le gaz, et le 1er février pour l’électricité.

Quel va être l’impact sur nos factures ? Elles vont bien sûr augmenter : on estime la hausse à 25 euros par mois environ pour les ménages qui se chauffent au gaz et de 20 euros par mois pour ceux qui se chauffent à l’électricité. Si cela peut nous consoler, sans le bouclier tarifaire, nous aurions dû supporter des augmentations colossales : 200 euros en moyenne par mois pour le gaz et autour de 180 euros pour l’électricité !

Qui est éligible ?

Pour le gaz, le bouclier tarifaire s’applique aux consommateurs résidentiels (consommant moins de 30 MWh/an) ainsi qu’aux copropriétés disposant à titre individuel d’un contrat de fourniture en gaz naturel. Il bénéficie aux abonnés au tarif réglementé de vente, mais aussi aux consommateurs disposant d’une offre de marché. Pour les logements collectifs résidentiels chauffés au gaz naturel (HLM et copropriétés), le bouclier se poursuivra aussi en 2023.

Attention, ceux qui ont choisi de s’alimenter en gaz de pétrole liquéfié (GPL) comme le butane, le propane, ou le biogaz ne sont pas éligibles. Le ministère de la Transition énergétique a expliqué que cette décision avait été prise en tenant compte de l’évolution des prix du GPL : alors que les prix du gaz naturel ont augmenté de quasiment 45 % en juin sur un an, ceux du GPL n’ont augmenté que de 17 %. Cette hausse est en revanche supérieure à celle des prix de l’électricité, qui ont grimpé d’un peu moins de 8 %.

Pour l’électricité, le bouclier s’applique aux consommateurs résidentiels individuels, qui disposent d’une offre au tarif réglementé ou d’une offre de marché. Pour les habitats collectifs, le bouclier tarifaire sur le chauffage de parties communes est en cours de déploiement. Ils bénéficieront aussi de la limitation de la hausse des tarifs à 15 %.

Et les foyers modestes

Depuis 2018, un chèque énergie est distribué, une fois par an, au printemps, aux 6 millions de ménages les plus modestes. En 2022, s’y est ajouté un chèque exceptionnel envoyé automatiquement aux 12 millions de foyers concernés, soit plus d’un ménage sur trois. Son montant s’élevait à 100 ou 200 euros selon les revenus.

En complément, et sous conditions de ressources également, un chèque fioul de 100 à 200 euros et une aide de 50 à 200 euros pour les ménages se chauffant au bois ont été créés fin 2022.

Aucune nouvelle aide n’est actuellement prévue pour alléger les factures des foyers modestes. En attendant de (probables) nouvelles hausses en 2024, la seule solution pour ne pas voir nos factures d’énergie s’envoler consiste en un changement radical de nos habitudes, afin d’éviter le gaspillage et de réduire notre consommation. Pour l’instant, le résultat de la « sobriété énergétique » est là : la consommation moyenne d’électricité des Français a diminué de 10 % par rapport à 2021.

STÉPHANE DORMEUIL

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