La révolution dévore ses enfants, les rêves se muent en cauchemars. Le film s’ouvre sur un homme qui fuit des tirs. Des balles l’atteignent, il s’écroule dans une mare d’eau. Un arbre, un grand arbre, naît où gisait mort l’homme. Couleurs primaires, peinture d’animation, voix off, le ton est donné : la fantaisie est à portée du réel pour qui veut regarder avec son cœur. Inspiré de la pièce de théâtre de José Eduardo Agualusa et Mia Couto, A Caixa preta, Nayola est le premier film d’animation angolais sur ce pays ravagé par la guerre civile pendant près d’un quart de siècle. Le passé et le présent se convoquent, se croisent, donnant au récit une forme d’irréalité, de légende. Une narration qui privilégie l’émotion.
La prière de l’absent
Le film est hanté par les absents, aspirés par la guerre. L’histoire se déroule entre 1995 et 2011. Trois générations de femmes, Lelena (la grand-mère), Nayola (la fille) et Yara (la petite-fille) narrent ce pays. « Je ne pense pas que tes parents soient en vie. La guerre s’est terminée il y a huit ans et douze jours exactement. Ils ont eu beaucoup de temps pour trouver le chemin de la maison », confie la grand-mère à sa petite-fille Yara. Les trois femmes ont traversé des drames. Lelena a perdu son mari, tué par les colons portugais. Sa fille, Nayola, partie chercher son mari, Ekumbi, ne donne plus signe de vie. Sa petite-fille, Yara, continue d’espérer le retour de ses parents. Les trois femmes sont traumatisées par les guerres, amputées d’une partie d’elles.
Le pays est sillonné par les militaires, à la recherche de jeunes rebelles. Yara est rappeuse, elle rêve d’un monde meilleur. Elle vend des disques en cachette. Traquée par les forces de l’ordre, elle se réfugie chez sa grand-mère, dans un bidonville de Luanda. Ce soir-là, un homme masqué fait irruption chez elle. Là, on entre dans un monde poétique où le réel et l’irréel s’entremêlent, un monde fantastique. Nayola, un grand film épique.