Qu’est-ce que la vascularite, cette maladie invalidante dont a souffert Ashton Kutcher ?

  • La vascularite, une inflammation des vaisseaux sanguins
  • Les conséquences des vascularites
  • Quel traitement pour une vascularite ?

À l’affiche de « Moi chez toi et vice versa », diffusé sur Netflix depuis le 10 février 2023, Ashton Kutcher revient de loin. En août 2022, l’acteur de 45 ans évoquait sa lutte contre une maladie qui avait « détruit [sa] vision, assommé [son] ouïe » et tout son équilibre. Au présentateur de l’émission « Running Wild with Bear Grylls : The Challenge », il avait confié avoir été touché par une forme « étrange et super rare » de vascularite, quelques années auparavant.

Correspondant à une inflammation des vaisseaux sanguins, les vascularites regroupent en fait « une quinzaine de pathologies qui peuvent toucher différents organes », définit le Dr Benjamin Terrier, médecin interniste au Centre de référence des maladies auto-immunes d’île de France. Potentiellement mortelles, les vascularites systémiques sont bien connues et se soignent « très bien », rassure le spécialiste. 

La vascularite, une inflammation des vaisseaux sanguins

Toutes plus ou moins rares, les vascularites correspondent à une inflammation des tissus et des organes alimentés par les vaisseaux sanguins. Le plus souvent auto-immunes, les causes de ces maladies ne sont pas toujours connues. Les expert.e.s suggèrent qu’un terrain génétique, des facteurs environnementaux ou une infection au virus de l’hépatite C pourraient toutefois en expliquer certaines.

« C’est un groupe de maladies assez hétérogènes, qui dépendent aussi de l’âge et de la façon dont on les traite », précise le médecin interne. Par exemple, la vascularite à immunoglobulines est une maladie essentiellement pédiatrique qui touche un enfant de moins de 15 ans pour 5 000, quand l’artérite à cellules géantes touche davantage des sujets âgés, avec 1 cas pour 11 000 adultes de plus de 60 ans.

Les vascularites sont classées selon la taille des vaisseaux touchés, qu’il s’agisse d’une veine, d’une aorte, d’un capillaire ou d’une artériole. « Les parois de ces vaisseaux sanguins sont le siège d’une inflammation se traduisant par un rétrécissement ou une obstruction de ces vaisseaux, gênant alors le passage du sang vers les différents organes », explique le Dr Terrier dans un document de la Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI).

En général, la survenue d’une vascularite est assez brutale. « Son installation est généralement aigüe ou subaigüe, puis elle devient chronique et peut durer sur plusieurs mois, voire années ». Ashton Kutcher dit avoir lutté un an contre sa maladie, avant de retrouver ses capacités.

Les conséquences des vascularites

Car selon son type, la vascularite peut être plus ou moins invalidante. Dans les cas les moins graves, elle peut entraîner une perte de poids, d’appétit, de la fatigue et des douleurs musculaires. Peuvent ensuite survenir des lésions cutanées semblables à des taches rouges sur le corps, qu’on appelle purpura. « Ces taches peuvent se nécroser et former des plaies de taille variable appelées ulcérations », précise le Dr Terrier.

Systémiques, les vascularites peuvent s’attaquer à tous les organes. Parmi l’éventail des atteintes probables, le spécialiste cite notamment l’insuffisance rénale, les saignements dans les alvéoles des poumons, mais aussi les sinusites, les myalgies, les douleurs abdominales, la baisse de vision ou l’arythmie. 

Les conséquences plus graves d’une vascularite peuvent aller de l’accident vasculaire cérébral « dû à une souffrance du cerveau par manque d’oxygène » à l’hémorragie cérébrale « par rupture d’un vaisseau sanguin ». Dans de plus rares cas, la diminution de la quantité de sang délivrée aux organes peut altérer la fonction cardiaque et la formation d’ulcères peut entraîner la perforation des intestins, poursuit le médecin interne.

Il conseille aux patient.e.s de consulter en urgence dès la présence de « difficultés respiratoires, crachats sanglants, douleurs abdominales intenses et/ou un saignement au niveau intestinal, de perturbations de la force musculaire ou de baisse de la sensibilité ».

Quel traitement pour une vascularite ?

Une prise de sang accompagnée d’une analyse d’urine et d’une biopsie de la zone malade permet de constater s’il y a inflammation des vaisseaux ou non. C’est l’examen d’imagerie qui permet ensuite d’établir le diagnostic. « L’enjeu, c’est de le faire le plus tôt possible. Si la maladie est diagnostiquée à son début, un traitement approprié permet la disparition des manifestations de la maladie dans la majorité des cas« , souligne le médecin.

Bien connues des médecins internes, les vascularites se traitent toutes, rassure le Dr Terrier. Remède de première intention, les corticoïdes auront pour objectif de réduire l’inflammation et peuvent être associés à un traitement immunosuppresseur afin de réguler le système immunitaire. 

« Ils sont en général administrés à fortes doses et pour une durée prolongée, souvent supérieure à un an », précise le spécialiste. Au-delà, une rémission est possible, comme cela semble être le cas pour la star de « That 70’s show ». Mais le risque de rechute existe. Un « suivi régulier » pendant de nombreuses années apparaît donc nécessaire, indique le médecin. 

L’autre enjeu des traitements, ce sont leurs effets indésirables importants. Car on sait que les corticoïdes peuvent provoquer une prise de poids, une fonte musculaire, un gonflement du visage, une aggravation ou apparition d’un diabète ou d’une hypertension, selon l’Institut national du cancer (Inca). Quant aux immunosuppresseurs, ils peuvent augmenter le risque d’infections, ajoute le Dr Terrier.

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