- Le Livre de poche fête ses 70 ans ce jeudi 9 février.
- Cet ouvrage en petit format a été lancé par Henri Filipacchi en 1953 pour démocratiser la lecture.
- De 8 millions d’exemplaires vendus en 1958, 81 millions ont été écoulés en 2022, soit près d’un livre sur quatre vendus en France.
- Pour plusieurs de nos lecteurs,Le Livre de poche permet « d’avoir accès à une littérature de qualité sans pour autant ruiner [son] argent de poche ».
Son prix, son format, son poids. Quand on vous demande pourquoi vous aimez tant le Livre de poche, qui fête aujourd’hui ses 70 ans, vous êtes unanimes sur ses qualités. Mais vos histoires sont pourtant toutes différentes.
Il y a par exemple Magali, qui pour lire « chez le médecin, dans le train, chez le garagiste », est allée jusqu’à coudre dans ses sacs à main qu’elle confectionne elle-même une poche aux dimensions d’un livre de poche. Et Léa, atteinte de rhumatismes, pour qui c’est « le seul format » qu’elle « arrive à tenir sur un temps de lecture » sans avoir des douleurs atroces au poignet.
« Tout devenait accessible »
Il y a aussi les anciens, ceux qui ont connu le Livre de poche dès sa naissance il y a tout pile 70 ans. Comme Yves, à qui son père offrait chaque mercredi soir un Jules Vernes pour qu’il le lise le jeudi, jour d’interruption des classes. « Puis ce fut Le grand Meaulnes, Hector Malot et Sans famille, Balzac, Daudet et Les lettres de mon Moulin, Villon, Rimbaud, Hugo, Dickens, Ségur puis. Et après, les contemporains : Giono, Bazin, Sartre, Colette, Prévert, Steinbeck, Kazan, T. Williams, Thomas Hardy. Tout devenait accessible », nous écrit-il avec émotion.
A l’époque, Le Livre de poche n’avait pas tout à fait le même look. Yves se souvient d’un format « déjà peu cher, mais de couvertures diverses, inventives et belles », et surtout que la tranche des livres était colorée. « Cela a disparu, mais c’est dommage, car cela faisait paraître plus beau le papier, qui aujourd’hui jaunit plus rapidement ». Yves déplore aussi que les couvertures soient désormais « plus semblables » les unes aux autres.
Le Livre de poche, « on s’en fait facilement un copain »
Pour certains, c’est justement cette sobriété du Livre de poche qui fait son charme. Ainsi de Laurence, pour qui « les livres en grand format sont plus imposants et intimident un peu, tandis qu’un livre de poche donne l’envie de tenter ».
Même son de cloche chez Michel, qui assure qu’il est précisément « davantage séduit esthétiquement » par le caractère « minimaliste » du Livre de Poche que par leurs « versions premières plus luxueuses ». Il renchérit : « Je trouve que cette présentation ostentatoire m’éloigne du contenu et de l’intimité que je recherche avec le livre ». Au contraire, il se réjouit que le Livre de Poche soit « plus facile à manier, à promener, à ranger sur l’étagère où il ne cherche pas à faire d’esbroufe, ou sous l’oreiller. On s’en fait plus facilement un copain. ».
L’accès à une littérature de qualité
Le Livre de poche est surtout le meilleur ami des Français qui aiment lire en ces temps inflationnistes. Son petit prix permet à Katell, qui lit deux romans par semaine, de « maîtriser son budget ». Déjà, dans les années 1960 quand Jean-Michel était enfant et adolescent, le Livre de poche lui a permis « d’avoir accès à une littérature de qualité sans pour autant ruiner [son] argent de poche ».
Il faut dire que les livres de poche s’achètent rarement neufs. « Mal rangés chez des amis ou même dans des brocantes, on découvre des titres inconnus dans lesquels on plonge lors d’un moment libre. Auteurs récents ou oubliés nous arrivent alors entre les mains et apportent à notre imagination une page nouvelle », dit joliment Corrine.
Et puis à ceux qui disent qu’il existe la liseuse – aussi économique que le Livre de Poche mais bien plus compact –, les aficionados du papier rétorquent comme Karell que « le livre numérique ne se prête pas ». Celle qui avoue « le poche, je le corne, je le plie sans remords » a aussi un grand cœur : « Un livre de poche qu’on a aimé, ça se prête, ça se donne, ça se récupère parfois. Peu à peu, le livre en lui-même a sa propre histoire ».
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