Pouvant nuire à la santé mentale, à la vie professionnelle mais aussi à la biodiversité, les embouteillages pourraient aussi avoir un impact sur notre cerveau, en altérant ses fonctions. C’est en tout cas ce qu’ont souhaité démontrer des chercheur.se.s des Université de Colombie-Britannique et de Victoria (Canada).
Première du genre, leur étude, publiée le 14 janvier 2023 dans la revue Environmental Health, soutient l’idée que passer seulement deux heures dans les bouchons – un vrai bain de pollution – peut occasionner des lésions cérébrales notables. Des dommages potentiellement capables d’altérer « la réflexion ou la capacité de travail des personnes », théorisent les scientifiques.
« Les gens voudront peut-être réfléchir à deux fois la prochaine fois qu’ils seront coincés dans la circulation avec les fenêtres baissées », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Chris Carlsten, professeur et chef de médecine respiratoire, dans un communiqué.
Des performances cognitives réduites liées à l’exposition au diesel
Pour tirer cette inquiétante conclusion, les chercheur.euse.s ont fait passer un examen d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) à 25 adultes en bonne santé. Âgées entre 19 et 49 ans, ces personnes venaient d’être brièvement exposées, de façon « contrôlée » en laboratoire à l’aide d’un filtre à air, à des gaz d’échappement diesel.
Durant l’expérience, les scientifiques ont analysé les changements survenus dans le réseau du mode par défaut du cerveau (DMN) et ont découvert que l’exposition à la pollution routière avait diminué la connectivité fonctionnelle des participant.e.s. Ce qui signifie que les différentes régions du cerveau avaient plus de mal à interagir et communiquer entre elles.
« Nous savons que l’altération de la connectivité fonctionnelle dans le DMN a été associée à une réduction des performances cognitives et des symptômes de dépression. Il est donc inquiétant de constater que la pollution routière interrompt ces mêmes réseaux”, a noté Jodie Gawryluk, professeure de psychologie à l’Université de Victoria et première auteure de l’étude.
Comment se protéger de la pollution routière ?
Admettant que davantage de recherches sont nécessaires pour expliquer les mécanismes associés à ces changements cognitifs, la professeure laisse supposer que ces lésions pourraient avoir un impact réel sur la capacité à réfléchir et à travailler pendant un temps.
Par chance : rien d’irréversible, rassurent les scientifiques. D’après leur étude, ces effets délétères sur le cerveau n’étaient que temporaires et la connectivité cérébrale se résorbait correctement après l’exposition. Ce qui ne devrait pas empêcher à tous.tes d’avoir conscience des conséquences de la pollution de l’air sur notre santé, qui pourraient potentiellement « être de longue durée lorsque l’exposition est continue », suggère le Pr Carlsten.
Ayant constaté qu’avec un contrôle de cette pollution, les dommages au cerveau étaient moins importants, les chercheur.euse.s invitent la population à s’assurer du fonctionnement du filtre à air de leur véhicule. « Et si vous marchez ou faites du vélo dans une rue animée, envisagez de vous détourner vers un itinéraire moins fréquenté », conclut le professeur.
- La pollution de l’air pourrait provoquer des arrêts cardiaques
- La pollution atmosphérique serait plus nocive et dangereuse pour les femmes
Source: Lire L’Article Complet