Interview de Michèle Torr : "J'ai une famille merveilleuse"

Soixante-quinze printemps, soixante ans de carrière, le coeur qui fait boum et une année qui s’annonce pleine de surprises. Confidences d’une femme comblée…

À cet âge auquel bon nombre savourent une retraite bien méritée, la pétillante chanteuse continue de nous emmener danser, avec une nouvelle année 2023 qui s’annonce riche en surprises et succès. Soixante ans de carrière et, à cette occasion, un magnifique coffret ne rassemblant pas moins de 465 titres, dont certains inédits et d’autres en langues étrangères.

Et quand l’artiste nous confie : « J’ai moi-même redécouvert plein de choses ! » on se dit qu’on peut s’attendre à de vraies pépites. De plus, on ne manquera pas d’aller l’applaudir sur une scène de province ou aux mythiques Folies Bergère parisiennes, le 29 octobre 2023, point d’orgue de sa nouvelle grande tournée. Un conte de fées qui continue et qu’elle se fait une joie de nous conter…

France Dimanche : Comment abordez-vous 2023, très chère Michèle ?

Michèle Torr : À merveille ! Une très belle année s’annonce, avec beaucoup de travail,

de surprises et de succès, je l’espère. Je suis ravie de revenir aux Folies Bergère ! À mes débuts, lorsque je suis montée à Paris, je vivais dans une petite chambre de bonne juste à côté et passais devant tous les jours, en rêvant d’y chanter un jour. Quand c’est arrivé, ce fut la consécration. Alors y retourner tant d’années plus tard, je n’en reviens pas, je boucle la boucle en quelque sorte.

FD : Cela devrait de raviver de nombreux souvenirs ?

MT : Oh oui, même si je n’ai rien oublié de mon premier disque, C’est dur d’avoir 16 ans. C’était hier et en même temps, il y a une éternité. À l’époque, on n’avait pas beaucoup d’argent et il était très compliqué de se loger à Paris. Nous vivions au 6e étage du 33 rue Bergère, à côté de l’hôtel où maman travaillait comme femme de chambre. Il n’y a pas longtemps, j’y suis retournée mais n’ai rien reconnu. Tout a tellement changé, au point que je me suis même demandé si j’étais bien au bon endroit. Ça m’a fait une drôle d’impression.

FD : Que ressentez-vous en vous retournant sur ces soixante années ?

MT : C’est vertigineux ! Faire ce métier était mon rêve de petite fille, je n’imaginais pas ma vie autrement. Donc oui, ces 60 ans paraissent assez fous, et plus encore si je vous dis que j’ai le sentiment d’en avoir 40. Comme je travaille avec des jeunes, ça me fait rajeunir ! Une nouvelle génération très talentueuse et méritante, car c’est bien plus difficile pour eux que ça ne l’était pour nous. Hier, il y avait trois chaînes, et lorsqu’on “faisait” Guy Lux ou Drucker, c’était un grand rendez-vous, les gens nous attendaient, de vrais liens se tissaient, on faisait partie de la famille.

FD : Dans votre coffret, certains titres sont en langues étrangères… N’avez-vous jamais rêvé d’une carrière internationale ?

MT : J’ai eu des propositions, mais non. Je faisais déjà 250 concerts par an, auxquels il aurait été bien compliqué d’ajouter des dates, surtout à l’étranger. Je voulais garder du temps pour ma famille. J’adore mon métier, mais il était hors de question que je ne voie pas grandir mes enfants. Et j’ai déjà beaucoup jonglé, au point, parfois, de devoir sauter dans un avion fissa après un baptême ou une communion, parce que je chantais le soir même à l’autre bout de la France. Alors, de l’autre côté du globe… J’aime la vie que j’ai eue et continue d’avoir…

FD : Depuis quel âge rêviez-vous d’un pareil destin ?

MT : Depuis toujours ! Toute petite, je disais que j’étais chanteuse et étais chaque soir impatiente d’aller me coucher pour rêver ma vie… en chansons, bien sûr. Celles que j’entendais à la radio. Quand maman faisait la vaisselle, toutes les deux, on adorait chanter. Et puis à 6 ans, je participais à mon premier concours de chant.

FD : Que disaient vos parents face à votre souhait d’être chanteuse ?

MT : Ils m’agaçaient beaucoup, car à la fin de chaque repas de famille, ils me faisaient monter sur la table pour que je chante, alors que j’avais horreur de ça ! J’ai toujours détesté chanter devant mes proches, au point même d’interdire à ma pauvre maman d’assister à mon premier Olympia. Elle m’avait aidée dans l’après-midi à m’installer dans ma loge, mais je lui avais ensuite demandé de partir. J’espère cependant qu’elle ne m’a pas écoutée et est revenue en douce. Mais je n’ai jamais su…

FD : Avez-vous des regrets ?

MT : Non. J’ai une famille merveilleuse, je fais le métier dont je rêvais. Je ne peux que remercier. Je suis aussi très admirative de ce que mes enfants ont fait avec les leurs. Car tous ont suivi de belles études, ce que je n’ai pas fait. Et je suis très fière de ce coffret de 465 chansons qui sont finalement le miroir de ma vie !

FD : Vous avez contracté le Covid il y a quelques mois. Cela n’a pas été trop dur, vous qui souffrez d’arythmie cardiaque ?

MT : Non, Dieu merci, je n’ai pas eu de symptômes graves, même si j’étais extrêmement fatiguée, au point de ne rien pouvoir faire. Je n’étais bien que couchée.

FD : Il y a quelques mois, certains vous disaient amoureuse, qu’en est-il ?

MT : Oh là, je suis tellement concentrée sur la préparation de cette promo et de mon spectacle, que je n’ai plus de place pour autre chose ! Donc là oui, je suis amoureuse, mais de mon coffret et des Folies ! Et j’espère que les gens seront au rendez-vous.

FD : Que pourrait-il vous arriver de pire ?

MT : Ne plus pouvoir chanter ! J’ai connu ça pendant le Covid, ça a été terrible. Triste et très compliqué pour moi qui adore ça. Depuis peu, ça y est, je rechante tous les jours.

FD : Qu’éprouvez-vous quand vous chantez ?

MT : Un bien-être infini ! Néanmoins, je ne travaille jamais avec un prof de chant, il faut que je sois toute seule. Et puis, je n’entonne pas forcément des chansons, mais émets souvent des sons, travaille ma posture, ma respiration. C’est pourquoi, je comparerais un peu le chant au yoga.

FD : Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2023, chère Michèle ?

MT : Que le public soit au rendez-vous et qu’on passe de bons moments ensemble, de joie, de partage, de succès, d’amour… Et tout ça en chansons, bien sûr !

Propos recueillis par Caroline BERGER

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