"Le voyage dans la Lune" à l’Opéra-Comique : délirante épopée à la recherche d'une Terre habitable

Le message, tout en subtilité et nuances, est clair : l’humain doit prendre soin de son environnement, de sa planète. Le voyage dans la Lune de Jacques Offenbach, version Laurent Pelly, Agathe Mélinand et Alexandra Cravero, est une conte fantaisiste, léger et joyeux. Porté par les jeunes talents de la Maîtrise de l’Opéra-Comique, de 8 à 25 ans, l’opéra féérie déborde d’une énergie contagieuse.  A cause de la pandémie, le spectacle a été créé à huis-clos, devant les caméras de France5 et diffusé en 2021, lors du troisième confinement. Le public a enfin pu le découvrir à l’Opéra Comique.  

Jules Verne 

En 1875, Jacques Offenbach remporte un succès extraordinaire avec Le voyage dans la Lune au Théâtre de la Gaîté, à Paris. L’opéra est inspiré de deux romans de Jules Verne, De la Terre à la Lune et Au centre de la Terre. A l’époque, Paris était totalement subjuguée par l’auteur du Tour du monde en 80 jours. Plusieurs spectacles, inspirés de ses œuvres, se jouaient en même temps dans la capitale. Le metteur en scène Laurent Pelly, fin connaisseur de Jacques Offenbach, apporte une touche actuelle et beaucoup de fantaisie. « C’est avant tout l’histoire d’un jeune homme en quête de pureté et de poésie. Désabusé par la Terre, il a l’idée, le désir insolite de partir pour la Lune à la découverte de mondes inconnus et forcement parfaits. Ce rêve, représenté, joué, chanté par des enfants et des adolescents, me renvoie à une problématique contemporaine qui pourrait être l’avenir de la Terre et notre destinée. D’où mon désir initial de travailler sur cette œuvre, qu’il fallait avant tout adapter pour ce peuple d’enfants », explique-t-il.

Comme souvent avec Jacques Offenbach, c’est aussi une satire politique et sociale. Dans cet opéra-comique en 4 actes, le roi V’lan, formidablement incarné par Franck Leguérinel, n’en peut plus de régner, il aspire à prendre sa retraite et aller planter des choux. Après 50 ans sur le trône, il espère passer le relais à son fils, le prince Caprice. Sauf que ce dernier a d’autres plans en tête, aller sur la Lune plus précisément. Donc, le roi intime l’ordre à son ministre et savant Microscope de trouver un moyen d’exaucer ce désir. Les voilà donc tous les trois dans un canon géant. Ils alunissent et découvrent, ô surprise que la Lune est habitée. Comme chacun ne le sait pas spécialement, les habitants de la Lune, les Sélénites, du nom grec de la déesse Séléné, Luna en latin, étaient convaincus que les Terriens n’existaient pas. 

Croquer la pomme 

Et comme chacun ne le sait pas, les Sélénites ne connaissent pas l’amour, ou l’ont plutôt oublié car dangereux. Le moment où Fantasia, la fille de Cosmos, roi de la Lune, croque pour la première fois une pomme est un pur ravissement. Ludmilla Bouakkaz excelle dans son interprétation. La fin de l’acte II est sans doute l’un des meilleurs passages du spectacle. Le désarroi de Fantasia, après sa découverte de l’amour et du désir, et son incapacité à contrôler ses émotions est très émouvant. « Cette ariette est le grand moment de Fantasia : seule en scène, elle se débat avec ses sentiments », explique Ludmilla Bouakkaz. 

Le voyage dans la Lune est une invitation à s’amuser et…réfléchir. Il s’adresse à tous les publics et offre plusieurs lectures. Il s’ouvre avec un décor d’un monde envahi par les déchets, un univers gris et terne qui ressemble à une décharge de bouteilles en plastique usées non recyclées. Parce que, même les Sélénites en conviendraient : au bout du compte, il n’y a qu’une seule Terre. Et ce serait bien qu’elle soit respirable.

A l’applaudimètre, l’opéra-féérie a été un grand succès. Le public a acclamé les artistes durant de longues minutes dès le baisser de rideau. 

« Le voyage dans la Lune » à L’Opéra Comique, Paris, 2h10 (entracte inclus), 24 janvier au 3 février, tarifs : 65, 52, 43, 32, 25, 20, 12, 6€, Spectacle en français, surtitré en français et anglais. 

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