- Une baisse de salaire illégale, réglementée par la FIFA
- Un traitement différent pour les jeunes mères footballeuses ?
- Pour une meilleure prise en charge des sportives-mères
“Ce n’est pas ‘juste du business’. Il s’agit de mes droits en tant que travailleuse, en tant que femme et en tant qu’être humain”. La footballeuse Sara Björk Gunnarsdóttir, internationale islandaise et actuellement milieu de terrain de la Juventus de Turin est revenue dans une tribune sur la gestion de sa grossesse dans son ancien club, l’Olympique Lyonnais et sur les injustices dont elle a été victime.
« Je sais que cette histoire risque d’irriter certaines personnes influentes dans le monde du football, mais je dois dire la vérité, témoigne la footballeuse de 32 ans dans une tribune publiée mardi 17 janvier 2023 sur le site The Players’ Tribune. (…) Je veux m’assurer que personne n’aura plus jamais à subir ce que j’ai subi. Et je veux que Lyon sache que ce n’est pas OK », écrit-elle.
Ce que dénonce la jeune femme ? Une baisse de salaire imposée lors de son congé maternité et une gestion catastrophique de la part de son club.
Une baisse de salaire illégale, réglementée par la FIFA
Dans les faits, le règlement de “la FIFA prévoit que les joueuses doivent être intégralement payées entre l’annonce de la grossesse et le début du congé maternité d’une durée minimale de 14 semaines”, rappelle BFM. Pendant ce temps, la joueuse en pause footballistique peut exercer une autre activité dans son club. Or, Sara Björk Gunnarsdóttir n’a pas exercé d’activité professionnelle durant son arrêt de travail et est retournée en Islande pour son suivi de grossesse, après avoir obtenu une autorisation. L’OL aurait alors estimé qu’il pouvait unilatéralement ajuster la rémunération de la joueuse, comme s’il s’agissait d’un arrêt de travail classique, prévu dans le Code du travail. En tout, seuls 27.000 euros ont été versés sur les 109.000 dus, précise Eurosport.
Ne trouvant pas de solution à l’amiable, et ayant fait maintes fois valoir ses droits notamment le fait qu’elle n’avait reçu aucune proposition de reclassement et que l’activité secondaire était un « droit » et non pas à un « pré-requis » au versement du salaire, la joueuse a porté l’affaire devant le tribunal de la FIFA. Verdict ? Le club a été condamné à verser les 82.000 euros manquants ainsi que des intérêts à la milieu de terrain, en mai 2022.
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Un traitement différent pour les jeunes mères footballeuses ?
Outre la rémunération insuffisante, la footballeuse dénonce aussi le comportement de ses dirigeants qui en plus de ne pas l’avoir accompagnée financièrement durant cette période, auraient mal accueilli son fils Ragnar, à son retour de congé maternité. “J’étais prête à jouer. Mais cela n’a pas fonctionné comme je l’avais prévu.
L’entraînement était différent à mon retour. J’ai été traitée différemment”, écrit-elle. Avant d’évoquer son président Jean-Michel Aulas : “Le président est également entré dans la pièce (lors d’une réunion avec Vincent Ponsot) pendant que j’y étais. C’était la première fois qu’il me voyait depuis que j’étais revenue avec mon bébé. Il ne m’a même pas salués, n’a pas regardé ni salué Ragnar. Mais Vincent venait de me rassurer, cinq minutes plus tôt, concernant l’affaire, que « ce n’était pas personnel ». Après ce moment, avec le président, il était pourtant clair que c’était le cas”, relaie l’Equipe.
Pour une meilleure prise en charge des sportives-mères
Le club a finalement réagi dans un communiqué en précisant que “la FIFA leur reproche aujourd’hui de ne pas avoir proposé un autre travail à Sara Björk Gunnarsdóttir durant son arrêt maladie puis son congé maternité, alors qu’en parallèle la loi nous l’interdit en France et que la joueuse nous avait demandé expressément de pouvoir retourner vivre en Islande, ce que nous avons accepté ». Et assure par ailleurs être en bons termes avec la joueuse qui a quitté l’OL en fin de saison 2022 libérée de tout contrat. « Nous sommes fiers d’avoir compté Sara Björk Gunnarsdóttir dans l’effectif de l’Olympique Lyonnais. Nos chemins se sont séparés pour des raisons purement sportives”.
Et de poursuivre, toujours dans le même communiqué : “Si elle souhaite nous aider aujourd’hui à faire évoluer davantage le droit français, nous serions heureux de pouvoir l’impliquer dans nos démarches aux côtés d’Amel Majri pour permettre à toutes les athlètes de vivre pleinement leur grossesse ainsi que leur retour à la compétition ».
En effet, l’internationale Amel Majri également joueuse à l’Olympique Lyonnais, est revenue de congé maternité récemment, et est entrée sur le terrain pour la première fois depuis la naissance de sa fille en juillet 2022, lors du match contre Soyaux samedi dernier. Si la communication autour de ce retour a été très soignée et partagée sur les réseaux sociaux, l’affaire de Sara Björk Gunnarsdóttir montre qu’il y a encore du chemin à parcourir pour les que les athlètes professionnelles puissent envisager la maternité sereinement.
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