Entre autocensure et plafond de verre, la place des femmes dans le monde du travail est encore largement soumise aux inégalités de genre. Des discriminations qui prennent racine dès le plus jeune âge. Pour étudier ce phénomène, la Delta Business School s’est associée à l’IFOP afin de comprendre, si, dès le lycée, les jeunes filles sont confiantes et ambitieuses quant à leur avenir professionnel.
Ainsi, en interrogeant, fin novembre 2022 et grâce à des questionnaires, 1000 élèves issus de la seconde à la terminale, la récente enquête a permis de mettre en lumière l’état d’esprit plutôt pessimiste des jeunes lycéennes quant à leur carrière ainsi que leur vision plus réaliste que les garçons des « discriminations liées au genre dans leur future vie professionnelle”, détaille l’écrit.
Les filles sont moins confiantes mais tout aussi ambitieuses que les garçons
Tout d’abord, l’enquête a permis de souligner un manque de confiance flagrant chez les jeunes filles : alors que les lycéennes sont nombreuses à confier manquer de confiance en elles – près de 9 lycéens sur 10 (87%) indiquent avoir confiance en eux quand moins des deux tiers des lycéennes (64%) l’affirment – elles sont pourtant presqu’autant ambitieuses que leurs camarades masculins. Ainsi, elles sont 82% à déclarer avoir de l’ambition, contre 87% des garçons.
Cependant, elles sont moins nombreuses à être attirées par des filières valorisées, où elles sont sous-représentées : alors que moins de trois filles sur dix veulent intégrer une filière scientifique, contre 35% de garçons, “les filles sont beaucoup plus nombreuses à vouloir s’inscrire dans une filière en lien avec le médical (19% contre 6%)”, relate l’étude. Elles sont également deux fois plus que les garçons à envisager un cursus littéraire.
Des difficultés à être une femme dans le monde du travail
Au-delà de leurs aspirations, les jeunes filles sont conscientes de l’impact du genre dans l’exercice de leur futur métier.
Ainsi, elles sont davantage exigeantes sur certaines valeurs professionnelles telles que le respect ou l’organisation de leur temps : 84% des lycéennes souhaitent être respectées dans leur carrière, contre 73% de garçons. Elles aspirent aussi moins à obtenir du pouvoir (19% contre 23%) ou à gagner beaucoup d’argent (46% contre 50%).
Mais ce n’est pas tout : “filles et garçons n’ont pas tout à fait la même perception des conséquences des différences de genre dans le monde du travail”, détaille le communiqué de presse. En effet, plus de 7 jeunes filles sur 10 estiment qu’il y a des différences de salaire entre les hommes et les femmes lors du premier emploi. De plus, elles sont 54% à penser qu’être une femme est pénalisant dans le monde du travail, quand 6 lycéens sur 10 pensent que non. Autre donnée : elles sont 20% de plus à admettre qu’avoir une famille les pénalisera.
Des perceptions genrées à l’origine des inégalités
Finalement, bien que l’ambition des élèves ne semble pas être conditionnée par leur genre et que « les lycéens partagent les aspirations largement exprimées aujourd’hui par les jeunes salariés : faire avant tout un métier qu’on aime et qui a du sens », les jeunes filles ont néanmoins « une conscience plus aiguë que les garçons des différences liées au genre qui s’exercent dans le milieu professionnel”, révèle le communiqué.
« Cette étude montre que le genre est une variable déterminante qui conditionne tant l’orientation des études que les attentes et craintes exprimées vis-à-vis de sa future vie professionnelle. Moins sûres d’elles dès le lycée, les femmes auront tendance, comme le soulignent d’autres enquêtes, à solliciter moins d’augmentations, à s’autocensurer et à se heurter à un plafond de verre dans leur carrière”, alerte Louise Jussian, chargée d’études à l’IFOP, via le communiqué.
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