On ne compte plus les annulations depuis la rentrée : Primus à l’Olympia, Echo and the Bunnymen au Trianon ou les très réputés Animal Collective, pour n’en citer que quelques-uns. Tous ont annulé leur tournée européenne. C’est l’agence Super! qui produisait les concerts de ces derniers ; son directeur Julien Catala explique que « tout a augmenté » en quelques semaines, et que leur tournée « coûtait deux fois plus cher » selon les derniers calculs.
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Et pourtant, les salles étaient bien remplies. Comme celles dans lesquelles tourne, en indépendante, la Sétoise Virginie Nourry, alias La Pietà, qui a sorti son nouvel album fin novembre et se confie : « Nous, on n’annule pas de dates mais concrètement, derrière est-ce que je vais pouvoir faire un autre album, une autre tournée ? On arrive à un point où la réponse est… Bof« .
Les cachets dans le viseur
Comme l’explique Julien Catala, qui fait tourner Hot Chip, M83 ou Belle and Sebastian en ce moment, les annulations concernent « principalement les artistes américains, mais on voit que les Anglais et les Scandinaves se posent de plus en plus de questions aussi, et ils nous demandent des cachets de plus en plus importants pour couvrir ces frais de tournée« . Et justement, ces cachets, Virginie Nourry ne cesse de se les voir discuter par les salles dans lesquelles elle propose, avec sa structure indépendante, des concerts en différentes formules : « On me dit : on a moins d’argent, d’aides… On commence même à me demander si je pourrais jouer toute seule« .
Aujourd’hui, personne ne prend en compte que c’est plus cher pour nous de partir sur la route
Tout est plus compliqué, pour les Anglais aussi qui doivent en plus encaisser les lourdeurs administratives du Brexit. Croisés lors de la dernière édition du festival Check-In Party à Guéret, Sean et Charlie, du groupe Shame : « Honnêtement, tout est dix fois plus dur, dix fois plus difficile, beaucoup plus cher. Avant on montait juste dans un van et on partait pour la France, c’était aussi simple que ça. C’est vraiment un gros bordel« .
Des « habitudes » nées de la pandémie
Pour Julien Catala, un autre phénomène est peut-être à l’oeuvre ; certaines annulations résulteraient aussi de la pandémie et ses conséquences, « pas mal d’artistes ont pris l’habitude de repousser ou annuler » avec les restrictions liées au Covid.
Il faut faire très attention à ce que le public fasse toujours confiance aux artistes, et qu’ils puissent de dire que le concert va avoir lieu à 100 % quand ils achètent une place
Déjà que les salles se remplissent de plus en plus à la dernière minute, ces annulations en chaîne n’arrangent rien. Aux Etats-Unis, même les mastodontes Maroon 5 ont annulé à cause de la hausse des coûts. Là-bas comme ici, la conjoncture économique ne va pas s’arranger tout de suite, et le spectacle vivant n’avait franchement pas besoin de ça.
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