Groupes de parole : partager son vécu, ça libère !

Se réunir autour d’une problématique commune pour livrer son expérience : la formule a le vent en poupe. Parce qu’on échange beaucoup plus que des mots.

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Souvent réduit dans notre esprit aux alcooliques anonymes se présentant par leur âge et leur prénom, le groupe de parole a aujourd’hui bien d’autres facettes. Partout en France, on se rencontre pour parler violences psychologiques, perte d’un proche, souffrance au travail, relations dans la fratrie ou phobie sociale… Un succès croissant que l’on doit en partie à la période Covid. « Ça a été une réponse à la solitude mais aussi une alternative pour des gens qui avaient envie de travailler sur eux sans passer par la case psy », remarque Ariane Calvo, psychologue et psychothérapeute. Car, précisons-le : ce type d’assemblée n’a pas de vocation thérapeutique. « Il se distingue en cela d’une thérapie de groupe qui sous-entend une forme de guérison, poursuit l’experte. Ici, on vient mettre en commun les expériences de chacun avec l’objectif de soutenir, encourager et faire émerger des solutions auxquelles on n’aurait pas pensé individuellement. »

Un total sentiment de liberté

L’animateur (qui n’est pas forcément thérapeute, donc) a néanmoins un rôle crucial : celui de poser un cadre sécurisant. « La confidentialité et le non-jugement sont deux éléments fondamentaux car ils garantissent que l’on puisse parler librement », souligne Ariane Calvo. C’est en effet une des grandes vertus du groupe de parole : pouvoir « tout » dire en étant assurée de ne pas recevoir en retour des « conseils » pénibles (« Allez ce n’est pas grave, il faut passer à autre chose« ) ou de provoquer une affaire d’État… « Si l’animateur parvient à créer un climat de confiance et de respect mutuel, les participants arrivent à « lâcher » des choses qu’ils ne lâcheraient pas ailleurs, ajoute Juliette Dessaux, psychologue et elle-même animatrice. Car ils savent que ça ne fera pas le tour de la famille (ou du cercle amical) et que ça n’aura d’impact blessant pour personne. Autrement dit, dans un groupe de parole, on dédramatise… »

Une solidarité réconfortante

L’avantage est aussi de comprendre que les autres sont dans la même galère que nous ! « On passe d’un monde où a l’impression d’être le seul bizarre ou nul sur terre à un monde où il y a plein de gens qui vivent la même chose », note Ariane Calvo. Mieux : en sortant de l’isolement, on constate que non, le sort ne s’acharne pas contre nous mais que les épreuves de vie sont largement partagées. Ce qui, là encore, est un facteur de soulagement et facilite la mise en action. « À partir du moment où l’on comprend que l’on n’est pas seul à vivre cette situation difficile et qu’il y a des solutions que l’on n’a encore jamais essayées, on va s’autoriser à aborder les choses sous un autre angle, analyse Juliette Dessaux. Et tant pis si l’on se trompe, puisque les autres, eux aussi, se trompent et que tout le monde fait comme il peut. »

Une incitation à se poser des questions

Le collectif peut enfin jouer un rôle de révélateur, en mettant au jour la manière dont on se comporte dans un groupe. « Dans tout système, on va rejouer quelque chose de notre système initial qui est notre famille », indique Ariane Calvo. L’animateur du groupe peut nous amener, de manière subtile et s’il juge cela utile, à regarder la manière dont on se positionne vis-à-vis des autres ; une peur de déplaire ou de décevoir, un besoin d’être « validé » par les autres, etc. « Il peut alors y avoir une prise de conscience en lien avec notre passé qui éclaire notre fonctionnement actuel », ajoute la psychologue. Avec l’envie, parfois, de creuser davantage dans son histoire en entamant une thérapie…

Les groupes de paroles, c’est pour moi si :

▪ J’ai besoin de solutions concrètes pour faire face à une situation difficile.

▪ J’ai envie de me confier, mais pas à mes proches.

▪ Je me sens très isolée.

▪ Je n’éprouve pas le besoin de remonter très loin dans mon histoire personnelle pour répondre à mes préoccupations.

Les groupes de paroles, j’évite si :

▪ J’ai besoin de raconter tout mon parcours de vie et de prendre du temps pour analyser les causes de tout ce qui m’arrive.

▪ Je ne souhaite pas me dévoiler devant des inconnus.

Merci à nos expertes, Ariane Calvo, psychologue et psychothérapeute, auteure de L’autonomie émotionnelle, éd. Robert Laffont et Juliette Dessaux, psychologue et animatrice de groupes de parole.

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