- Noël avec la belle-famille, le choc des traditions
- Plaisir d’offrir, joie de recevoir
- Libéré.e, délivré.e
Éprouvant et insupportable. C’est en ces termes peu élogieux que 27% des femmes décrivent les fêtes de Noël passées chez leur belle famille lors d’un sondage réalisé en 2014 par l’Institut Opinion Way.
Si une telle prise de position semble a priori radicale, elle n’en reflète pas moins le mood général des Françaises qui préfèrent à 75% tenir leur belle-mère loin des yeux (et certainement loin du cœur) pour les 24 et 25 décembre de chaque année.
Des opinions bien arrêtées donc, qui prennent généralement naissance dans une première expérience peu réjouissante, voire complètement traumatisante lors des fêtes.
Noël avec la belle-famille, le choc des traditions
C’est le cas de Zoë*, 34 ans, originaire des Ardennes, qui un an après avoir rencontré son petit ami, se voit cordialement invitée à un premier Noël en territoire non-conquis.
“Quand mon mec m’a prévenue que, dans sa famille, le 24 au soir, on ne mange ni foie gras, ni saumon fumé, je n’y ai pas prêté plus attention que ça », raconte celle qui ne se doute pas que le traditionnel repas du réveillon auquel l’ont habituée ses parents depuis sa tendre enfance va se transformer… en petit-déjeuner.
« Mes beaux-parents ont cette tradition soi-disant wallonne qui consiste à dîner des tartines, viennoiseries et chocolat chaud pour célébrer la naissance du petit Jésus. C’est complètement absurde…et même 10 ans après, je ne m’y fais toujours pas », raconte celle qui est aujourd’hui mariée à un homme généreusement nourri aux pains au chocolat.
Se faire un plat de Mac&Cheese devant le Grinch et voir tout le monde coucher à 22h m’a donné l’impression de passer un dimanche soir comme un autre.
Outre le désagrément culinaire, cet abrupt changement de traditions a comme marqué la fin de l’enfance pour la jeune femme qui accorde une importance toute particulière aux rituels de Noël.
Un pincement en coeur ressenti également par Leïla* qui a réalisé, lors d’un premier voyage aux Etats-Unis dans la famille de son mari, que les Anglosaxons ne fêtaient pas le réveillon le 24 au soir. « C’est un moment que je préfère au 25 décembre : on se met tous sur notre 31, le sapin est éclairé, on s’échange les cadeaux. C’est vraiment magique », raconte-t-elle. “Et même si la famille de mon copain s’est vraiment montrée adorable, se faire un plat de Mac&Cheese devant le Grinch et voir tout le monde coucher à 22h m’a donné l’impression de passer un dimanche soir comme un autre », conclut-elle.
À l’inverse, Carla a adoré pouvoir passer Noël à l’anglaise au sein de sa belle-famille britannique. “Couronnes en papier, papillotes surprises, pull de Noël… C’était marrant de goûter à un autre folklore. J’avais l’impression d’être dans Bridget Jones », se souvient cette native d’Italie qui avait pour l’occasion troqué son Panettone transalpin pour un pudding typiquement british.
Plaisir d’offrir, joie de recevoir
Et quand ce ne sont pas les traditions qui sont à l’origine de jetlag culturels édifiants, c’est souvent l’échange de cadeaux, climax de toute célébration de Noël, qui vient cristalliser son statut d’étranger face à ce groupe d’individus aux liens de chair et de sang.
« Je ne me souviens plus bien du premier Noël passé à mon conjoint mais je sais que l’an dernier, j’ai failli pleurer en ouvrant les cadeaux : je ne comprenais pas qu’on puisse offrir des présents aussi impersonnels », raconte Léa, 31 ans, qui se voit remettre le 25 au matin, ouvre-bouteilles, chaussettes à orteils séparés et pâte à tartiner. De quoi raviver un sentiment de non-appartenance à un clan qui, parfois, utilise le cadeau comme une façon peu subtile de garder à distance un.e +1 peu ou pas encore accepté.e.
« Dès la première année et jusqu’à ce qu’on soit mariés, ma belle mère achetait le même cadeau aux petites copines de ses fils – un nécessaire à couture la première année où je suis venue – mais prenait le soin de faire un cadeau personnalisé à sa belle-fille “officielle”, celle qui était mariée à son fils ainé. C’était clairement une manière de me signifier que j’étais éjectable », interprète Prune*, 42 ans qui, en signe de revanche, se contente de lui offrir un simple best-seller de librairie sans se soucier de ce qui lui fera plaisir.
« Cela peut sembler mesquin mais il est facile de faire le raccourci entre l’importance que l’on a pour la famille de l’autre et le cadeau que l’on reçoit », souligne le psychologue Jacques Malarewicz dans un article de l’Express Styles. À l’inverse, un cadeau bien choisi – aussi modeste soit-il – peut se muer en sésame affectif permettant de briser la glace et/ou réchauffer les relations diplomatiques avec cette famille d’adoption. “Étant journaliste beauté, je n’avais pas forcément besoin de plus de maquillage à la maison mais, lorsque ma belle-mère m’a offert pour la première fois tout un assortiment Sephora, j’ai été touchée qu’elle prenne la peine de m’offrir un cadeau en lien avec mes centres d’intérêts.” se souvient Charlotte*, 33 ans.
Libéré.e, délivré.e
Pour d’autres de nos témoins, le premier Noël avec leur moitié s’impose comme l’occasion inespérée de s’extirper de leur propre famille et de leurs célébrations malaisantes.
“Depuis que mes parents sont divorcés, Noël est divisé en deux micro-réunions de famille – l’une le 24 au soir, l’une le 25 – qui sont tous sauf réjouissantes« , résume Maria, 34 ans. “Du coup, quand mon mec m’a proposé de le fêter avec 50 personnes de sa famille dans un gite en Bretagne, j’ai sauté sur l’occasion… et je n’ai pas été déçue. C’était vraiment festif ! », poursuit-elle, ce changement de paradigme l’ayant réconcilié avec les fêtes de fin d’année.
Un soulagement que partage Simon*, 32 ans, qui lors de son premier Noël chez son partenaire a pu fuir les débats plombants et les commentaires désagréables d’une famille pas franchement “woke”.
« Ils ne sont pas méchants, juste très très gênants », tente de tempérer le trentenaire. « C’est juste qu’en allant chez mon copain, j’ai découvert la possibilité d’un Noël avec des gens plus en phase avec mes valeurs et ma vision des choses. Même les gâteaux apéros sont meilleurs !”, ironise-t-il. Une déclaration d’indépendance qui peut s’accompagner d’un certain ressentiment côté parental, la famille d’origine ne voyant pas toujours d’un bon oeil le départ de leur enfant prodigue vers d’autres horizons claniques, a fortiori pour célébrer le plus familial des rituels de fin d’année.
« Je sais que mes parents m’en veulent un peu, et ils me le font comprendre. J’estime simplement qu’une fois adulte, on peut aussi faire ses propres choix et choisir de passer Noël avec les personnes qui nous font du bien », ajoute Maria, pour qui cette fête devrait toujours se faire sous le signe de l’amour de ceux qui nous entourent.
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