Peut-on vraiment être addict au chocolat ?

  • Le chocolat active le circuit de récompense
  • Une consommation pathologique mais pas addictive
  • Une dépendance alimentaire émotionnelle
  • Faut-il se désintoxiquer du chocolat ?

C’est une douceur qui égaye nombre de collations ou de fins de repas. Chez les petits, comme les grands le chocolat est un classique adoré. D’ailleurs, en France, on n’en consomme pas moins de 13,2 kg par an et par foyer, d’après les estimations du Syndicat du chocolat (2021). 

Mais si ce produit est sûrement l’un des remontants alimentaires les plus populaires, certain.es vont jusqu’à se parer d’une étiquette « accro au chocolat », à l’instar de celles et ceux qui se disent addicts au fromage. 

Alors, peut-on vraiment être dépendant au chocolat ? Alexandra Murcier, diététicienne-nutritionniste nous répond.

Le chocolat active le circuit de récompense

« Il n’existe pas de consensus scientifique admettant l’existence d’une dépendance au chocolat », démystifie d’entrée la spécialiste.

Bien qu’on ne puisse pas parler d’addiction, des mécanismes précis font que certain.es d’entre nous sont plus attiré.es par le chocolat que d’autres (et qui peuvent donc expliquer cette sensation « d’accro »). 

En effet, la consommation de chocolat engendre l’activation du circuit de la récompense, tout comme l’alcool ou le cannabis.

« L’addiction au chocolat est physiologique, de la même manière qu’il y a des récepteurs au cannabis, il y a d’autres molécules qui favorisent la fabrication d’un neuromédiateur, la dopamine qui est une hormone dopante. La dopamine est l’hormone de l’addiction. De multiples substances dans le chocolat (hormones, substances alcaloïdes) favorisent le système de récompense », précisait Dr Franck Senninger, nutritionniste, pour AlloDocteur en 2012. 

Une consommation pathologique mais pas addictive

Cependant, Alexandra Murcier est formelle, le chocolat n’a pas l’effet d’une drogue sur notre corps.

« Par exemple, en arrêtant d’en manger, nous ne noterons pas d’effets physiques au manque, comme le tremblement, la sudation… », illustre-t-elle. 

Malgré tout, la diététicienne-nutritionniste nuance. La consommation de chocolat peut devenir pathologique. « Quand on en mange trop, cela est de l’ordre du trouble du comportement alimentaire et dans ce cas, certains symptômes peuvent se faire sentir, comme une sensation de mal-être émotionnel », explicite-t-elle. 

Une dépendance alimentaire émotionnelle

En effet, quand le chocolat – ou tout autre aliment généralement gras ou sucré – est utilisé comme un « aliment câlin » pour compenser une émotion négative, notre relation avec le produit sucré peut s’apparenter à une dépendance. 

« Dans ce cas, nous sommes accro au confort et à l’association émotion/alimentation, mais pas au produit en lui-même« , explicite Alexandra Murcier. 

Et selon la quantité quotidienne ingurgitée et le type de chocolat dévoré, cette relation de confort peut nuire à notre santé. « Évidemment, tout dépend du type de chocolat, mais généralement, c’est beaucoup de calories pour un petit volume. Il est également important de noter que moins le chocolat est sucré, plus il est gras, même si on bénéficie de plus de nutriments, comme le magnésium, avec le chocolat noir », poursuit-elle. 

Faut-il se désintoxiquer du chocolat ? 

Pour se défaire de cette relation peu saine avec le chocolat, la diététicienne-nutritionniste souligne qu’il ne faut pas être dans une optique de « désintoxication ». 

« C’est très fort comme terme, il vaut mieux prendre le problème de cette manière : réduire la consommation en retrouvant une vraie notion de plaisir et apprendre à gérer ses émotions sans que cela ne passe par l’alimentation ». 

Mais quand savoir si sa consommation est « de trop » ? La spécialiste rappelle qu’il s’agit de regarder l’équilibre de l’alimentation à la journée ou à la semaine, en jaugeant la consommation des produits sucrés en général, pour ensuite savoir ce qui, pour nous, est « trop de chocolat ». Pour autant, elle donne la ligne directrice de « quatre carrés par jour ». 

Enfin, Alexandra Murcier souligne qu’il ne s’agit jamais de se priver, mais surtout de rééquilibrer. Et cela passe aussi par la qualité des aliments, même ceux dotés de l’étiquette « plaisir ». « On choisit autant que possible les chocolats avec le moins d’ingrédients possibles et surtout, sans édulcorant », rappelle-t-elle. 

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