En interview, Martine Henry défend son fils Jonathann Daval sans "cautionner" son geste

« J’ai envie de parler à mon tour. De montrer que la réalité est toujours plus compliquée. » Martine Henry, la mère de Jonathann Daval, condamné à 25 ans de réclusion criminelle, le 21 novembre 2020, pour avoir tué sa compagne Alexia Daval et menti à la France entière en 2017, a témoigné de sa vie de « maman d’un criminel » à l’occasion de la sortie de son livre Moi, maman de Jonathann Daval (éd. Michalon) le jeudi 17 novembre 2022.

Au Journal du Dimanche, samedi 12 novembre, elle explique qu’en écrivant ce livre, elle a « espéré que certaines personnes pourraient se mettre à ma place ».

Martine Henry toujours aux côtés de son fils Jonathann

Elle l’assure, « la réalité est toujours plus compliquée » et défend son fils, qui a d’abord feint la disparition de sa compagne, avant d’avouer son meurtre : « Jonathann n’est pas un monstre, même si ce qu’il a fait est monstrueux. » Elle insiste même, « Jonathann est quelqu’un de bien qui a commis l’horreur ». Le corps d’Alexia Daval avait été retrouvé le 30 octobre 2017 à Gray-la-Ville (Haute-Saône), trois jours après sa disparition. Ce n’est que 2018 seulement que son meurtrier a avoué l’avoir étranglée « par accident », « pour qu’elle se taise ».

Dans la tourmente judiciaire, Martine Henry n’a jamais tourné le dos à son fils : « Quoi qu’il ait fait, je serai toujours là. On ne met pas un enfant au monde pour le laisser tomber au moment où il a besoin de nous. » Elle évoque un « gâchis » et ne minimise en rien la peine des parents d’Alexia Daval : « Notre sort n’est évidemment pas comparable (…) Isabelle et Jean-Pierre Fouillot ne pourront plus jamais serrer leur fille dans leurs bras. J’ai une peine immense pour eux, pour Alexia. »

  • « Le mystère Daval », le film diffusé sur TF1 bluffe les enquêteurs pour son réalisme
  • « Jonathann nous a toujours manipulés » : les parents d’Alexia Daval publient un livre

La culpabilité d’une mère d’un meurtrier

Malgré l’ultramédiatisation de l’affaire, notamment car Jonathann Daval a joué les veufs éplorés devant la presse, aux côtés des parents de sa victime, Alexia Daval, elle raconte n’avoir pas été trop inquiétée. Mis à part, « un oncle d’Alexia » venu crier « assassin » devant sa fenêtre, raconte-t-elle, ou encore un anonyme qui lui aurait « envoyé des excréments par la Poste ».

Cependant, le procès a été plus compliqué à vivre pour elle, avoue Martine Henry : « Il y a eu des choses difficiles à entendre et qui ne regardaient pas la France entière. Il a été dit que mon fils était impuissant… jusque sur les chaînes d’info en continu. C’est étrange de voir ainsi disséquée la vie de son fils, d’être là, sans droit à la parole. »

Si elle ne « [s’]explique pas » le geste de son fils, Martine Henry avoir ressenti de la culpabilité, en tant que mère du tueur. « Après un tel drame, on revoit tout ce qu’il s’est passé depuis l’enfance et on se remet en question. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai loupé ? », se demande la mère de Jonathann Daval dans le JDD. 

Par ailleurs, elle estime que si son fils n’a pas avoué tout de suite, c’est en partie sa faute : « Je pense que je l’ai empêché de dire la vérité. (…) Quand je lui posais des questions, il se mettait à pleurer. Il avait essayé de me dire : ‘Je suis le mari, donc le premier suspect, il faut t’attendre à ce que je sois placé en garde à vue.’ Moi je le coupais, je répondais que non, ça n’était pas?possible. »

Dimanche 13 novembre 2022, la mère de Jonathann Daval a également donné une interview télévisée dans l’émission Sept à Huit, elle précise qu’à ce jour elle ne se sent pas « responsable du crime qu’il a fait » pour autant : « Je ne me suis pas demandé ce que j’avais raté. Je n’ai pas fait un monstre à la naissance. » Un entretien qui a fait réagir de nombreux internautes jugeant ses propos choquants et sa prise de parole inappropriée vis à vis de la famille d’Alexia Daval. 

  • Le féminicide, un meurtre au-delà des violences conjugales
  • Violences conjugales : l’impact sous-estimé du psychotraumatisme sur la santé des femmes

Source: Lire L’Article Complet