À 80 ans, l’acteur-animateur-producteur se mue en chanteur et nous embarque à bord de sa DS à la poursuite de ce nouveau rêve…
Sans le vouloir, à chaque fois au hasard de rencontres, l’inoubliable « instit » a réalisé bien des rêves. Tour à tour animateur radio, acteur de cinéma – avec une nomination aux César pour son rôle dans La Passante du Sans-Souci – et star du petit écran. Alors après tout ça, celui qui vient tout juste de souffler ses 80 bougies ce 29 octobre pourrait largement profiter d’une retraite bien méritée auprès de sa chère épouse Françoise ; mais ce serait bien mal le connaître…Fourmillant encore de mille et un projets, le voilà décidé à pousser la chansonnette et à partir en tournée sur les routes de France, et même d’Amérique, à bord de sa dernière DS repeinte en jaune – clin d’œil au car de Va savoir, son programme phare des années 90 – et estampillée « Gérard rêve encore ». Partons avec lui…
France Dimanche : À 80 ans, vous vous lancez dans la chanson ?
Gérard Klein : En effet ! Tout a commencé avec Frida, 10 ans, la plus jeune de nos six petits-enfants, à qui je répétais « Tu te rends compte, quand tu auras 10 ans, j’en aurai 80 ; quand tu auras 20 ans, j’en aurai 90 ; etc. », et dont j’ai écrit une petite chanson, mais juste comme ça, pour elle et moi. Et comme ça m’a vachement plu, je me suis dit pourquoi ne pas en faire d’autres dans lesquelles je raconterais des moments marrants de ma vie. En tant que première conseillère, Frida m’a alors dit : « Mais oui, t’as raison Pépé, fonce ! »
FD : Que vous avez mis en musique…
GK : Oui, grâce à Dominique Perrier que j’ai eu la chance de rencontrer, ce pionnier de la musique électronique de la fin des années 70 avec le groupe Space Art, et qui a travaillé avec Christophe, Jean-Michel Jarre, Michel Polnareff. Il a eu la gentillesse d’écrire les musiques de mes chansonnettes qu’on a enregistrées au célèbre studio d’enregistrement Ferber, s’il vous plaît ! Eh oui, je suis un vieux de 80 ans qui aime bien chanter et a surtout envie de continuer à déconner.
FD : Comment peut-on se procurer ce livre-CD ?
GK : Disons que j’ai tout fait à compte d’auteur, mais espère vraiment trouver quelqu’un qui me suive. Pour le moment, j’ai réussi à faire quelques dédicaces dans des espaces culturels E.Leclerc, ce qui me correspond bien, et j’espère en faire d’autres. Et puis, j’aimerais beaucoup partir avec ma DS pour faire la tournée de toutes les radios France Bleu. À l’époque, ma voiture ne valait pas un rond. Mais pour moi, c’est techniquement la bagnole la plus aboutie dans le monde.
FD : On vous verra donc prochainement sillonner les routes de France avec ?
GK : Je l’espère de tout cœur ! Car mon autre idée est ensuite de l’emmener en Amérique, de New York à San Francisco, en m’arrêtant chez tous les mecs qui en possèdent une, et il y en a plein. Et bon nombre de copains sont déjà fin prêts pour m’accompagner dans cette aventure.
FD : De quoi parlez-vous dans vos chansons ?
GK : De mon vécu, de choses intimes, mais qui finalement parlent à tout le monde… Des enfants qui quittent le nid, des cahiers d’écolier que l’on retrouve en rangeant le grenier, etc. Des petits airs de nostalgie qui, j’en suis sûr, toucheront le plus grand nombre. Je compare le grand-père que je suis avec le père que j’ai été, forcément moins présent compte tenu de mes obligations professionnelles de l’époque. Par exemple, comme on tournait L’Instit à chaque congé scolaire, pendant douze ans je n’ai jamais pu partir en vacances avec mes enfants. Je ne regrette rien, il fallait bien faire bouillir la marmite et, en plus, j’ai eu la chance de faire plein de trucs qui m’éclataient, néanmoins je reconnais profiter mille fois plus de mes petits-enfants que je n’ai pu profiter de mes enfants… Mais je me rattrape !
FD : Combien avez-vous d’enfants et de petits-enfants ?
GK : Avec Françoise, nous avons quatre filles ! Chacun une d’un premier mariage, Véronique, 49 ans et Marie-Pierre, 56 ans ; deux ensemble, Ninon, 42 ans, et Mélie, 39 ans ; ainsi que six petits-enfants qui ont de 23 ans à 10 ans pour madame Frida, la petite dernière. Celle-ci habite juste à côté de chez nous, donc on se voit très souvent. Et on se marre bien tous les deux, elle est top ! Toutes mes idées farfelues, comme la DS, la tournée, traverser l’Amérique…, ça l’éclate.
FD : Vous semblez adorer votre rôle de grand-père ?
GK : Oh là, oui ! On vient de déménager notre petit-fils Nino, 20 ans, à Bruxelles, il s’installe là-bas pour faire une école d’art. Il voulait vivre ça avec nous deux. Donc on a loué une camionnette, on l’a chargée et on est partis tous les trois en Belgique. On se crée plein de souvenirs avec nos petits-enfants et c’est merveilleux.
FD :Vous avez 80 ans et pourtant, à vous écouter, on dirait un vrai jeune homme…
GK : Mais vous savez, quand on est vieux, soit on se fait vraiment chier à ressasser le passé et à se dire que c’était mieux avant, soit on nourrit des idées un peu folles ! Moi j’opte pour la deuxième option. Tout vieux peut avoir un rêve un peu dingue. Il faut continuer de rêver. C’est ma philosophie et ce pourquoi j’ai baptisé cette nouvelle aventure : Gérard rêve encore…
FD : Et côté santé, tout va bien ?
GK : Je touche du bois, je n’ai mal nulle part et dors merveilleusement bien. J’essaie de positiver au maximum, car je ne veux surtout pas être de ces vieux qui ne cessent de ronchonner et du coup vieillissent encore plus vite. Oh, détendez-vous les vieux ! Moi, j’ai la chance d’avoir été élevé dans la bonne humeur, par un papa qui certes est mort jeune – à 57 ans du Ricard ! – mais qui était marrant. Alors comme je le dis d’ailleurs dans une de mes chansons : « J’ai piqué un peu de fantaisie dans les chromosomes de mon père. » Quand on est artiste, on a généralement eu une enfance malheureuse, on en a bien bavé ; mais moi, non. Je me suis bien marré et je veux que ça continue !
Caroline BERGER
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