Avant de fédérer plusieurs bonnes volontés et se décider à tourner une version de la chanson Baraye, l’un des symboles du mouvement, mise en ligne mercredi sur les réseaux sociaux, Marjane Satrapi confie avoir eu besoin de temps pour réflechir à la façon dont elle aimerait rendre hommage à son pays natal.
« Le peuple iranien » a besoin « du soutien du reste du monde« , plaide la célèbre autrice de BD et réalisatrice franco-iranienne, à l’initiative du clip. « Il n’y a rien de pire que de ne rien faire !« , s’exclame Marjane Satrapi dans une interview à l’AFP à Paris, où elle habite et travaille. « J’ai vu plein de trucs critiquant les actrices qui se coupaient une mèche » en soutien au mouvement en Iran, relève la créatrice de Persepolis ou Poulet aux Prunes. « En soi, on peut critiquer tout. Mais au moins, on fait quelque chose. Il n’y a rien de pire au monde que l’indifférence« .
Depuis le début des manifestations, Marjane Satrapi, l’un des visages de l’Iran en France, a eu une parole assez rare. « Je ne suis pas retournée en Iran depuis 22 ans maintenant, qu’est ce que je vais aller parler pour eux, je ne suis pas représentante de la jeunesse iranienne !« , s’est-elle dit. « Aller faire partout mon intéressante pour parler au nom » du peuple iranien, « socialement, ça aurait été super, genre Marjane Satrapi la passionaria iranienne… Mais totalement indécent« , ironise-t-elle.
Un soutien crucial
Comme beaucoup d’exilés, elle s’était aussi habituée à « enterrer une moitié d’elle-même » et moins évoquer son pays natal, pour échapper au destin des « vieux schnocks de la diaspora qui imaginent que rien n’a changé depuis leur départ« . Elle a cependant été convaincue que les marques de soutien sont cruciales par de multiples appels en visio avec des manifestants sur place, quand le réseau fonctionne. Et même si elle ne pense pas qu’un clip pourra « changer les choses« , l’ancienne élève du Lycée français de Vienne et des Arts déco de Strasbourg reste optimiste.
« Le barrage est en train de céder« , et la « révolution« , comme Marjane Satrapi la qualifie, ira jusqu’au bout. Au point que celle qui pensait ne jamais revoir l’Iran de son vivant, se prend à rêver d’un autre futur. « Comme je suis un peu morbide, j’ai fait un testament« , confie-t-elle dans un sourire: « Je me disais que même si je ne peux plus rentrer dans mon pays, il faudrait m’y enterrer, pour que la boucle soit bouclée. Maintenant, je me vois à nouveau sillonner les rues de Téhéran, la ville la plus moche et la plus belle de la Terre à la fois« .
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