Peu cher par rapport aux autres énergies de chauffage, le bois est une solution particulièrement attractive. Pourtant aujourd’hui on ne sait plus trop sur quel pied danser. Encouragé d’un côté par les pouvoirs publics pour ses qualités renouvelables et durables, les mêmes autorités freinent à présent des quatre fers quand il s’agit de l’utiliser pour se chauffer. Car si le bois est une énergie verte par ses conditions de production, sa combustion reste polluante et parfois même dangereuse si elle n’est pas encadrée. Alors quelles sont les règles aujourd’hui pour faire du feu à la maison ?
Un paradoxe écologique
Si en France l’électricité, le gaz et le fioul sont aujourd’hui encore largement majoritaires pour chauffer nos logements, le bois connaît une forme de retour en grâce pour plusieurs raisons. Et la première tient aux énormes progrès réalisés par les appareils de chauffage qui exploitent l’énergie produite par la combustion du bois. Au point qu’avec une même quantité de bûches, un foyer moderne produira jusqu’à 4 fois plus de chaleur qu’une cheminée d’autrefois.
Avantageux pour son faible prix à l’usage, le bois est aussi un matériau renouvelable, dont la production est éminemment écologique. Toutes ces raisons ont donc d’abord incité les pouvoirs publics à encourager son utilisation pour le chauffage par le biais de subventions et autres aides financières.
Pourtant toutes ces bonnes nouvelles ont une limite, car le chauffage au bois n’a pas que des avantages. D’abord à l’usage, il impose aux particuliers une surveillance constante, qu’il s’agisse de faire fonctionner l’appareil au quotidien en assurant son rechargement, ou d’entretenir régulièrement son installation pour en garantir la sécurité. Mais c’est écologiquement que le chauffage au bois pose de vraies questions. Car sa combustion est loin d’être favorable à l’environnement, surtout quand certaines conditions ne sont pas respectées. Gaz carboniques et particules fines participent à la pollution de l’air dans des proportions parfois dramatiques. Ainsi en Rhônes Alpes, on estime que 70% des particules fines présentes dans l’air en pointe de froid l’hiver sont dues à la combustion du bois.
Alors écologique ou pas écologique, le chauffage au bois ? Et bien ça dépend d’abord de la façon dont on le sollicite. Quel type d’appareil, pour quel usage, dans quelle région, mais aussi évidemment, de quel type de bois on se chauffe ?
Quels sont nos droits ?
D’abord il faut savoir qu’en France, sauf dérogation, il est aujourd’hui interdit aux particuliers de faire du feu à l’air libre en zone urbaine, (pour brûler des déchets verts par exemples). En zone rurale, des arrêtés municipaux fixent les périodes auxquelles cette pratique est autorisée.
Le feu de chauffage est lui aussi réglementé par arrêté municipal ou encore préfectoral. D’une région à l’autre, ou même d’une ville à l’autre, les conditions dans lesquelles il est possible de faire un feu de cheminée vont donc varier. S’il est obligatoire sur tout le territoire de ramoner au moins une fois par an les conduits tubés et 2 fois par an les autres types de conduits, les règles peuvent être plus strictes dans certaines régions.
Ainsi depuis 2007 dans Paris intramuros, seuls les feux dits d’agréments étaient autorisés. Le bois ne pouvait donc plus être le moyen de chauffage principal du logement, ce qui interdisait le recours aux chaudières à bois dans la capitale.
Mais malgré ces premières mesures, la DRIEFF IF (Direction départementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France) rapporte qu’en 2013 le chauffage au bois représentait toujours 23% des émissions de particules fines. C’est pour réduire ce chiffre que la région a décidé de limiter encore plus drastiquement la pratique du chauffage au bois dès 2015.
Quelles sont les restrictions ?
Par arrêté inter préfectoral du 25 mars 2013, le chauffage au bois sera quasiment interdit dans Paris intramuros à compter du 1er janvier 2015. Seuls les appareils les plus performants (classés 5 étoiles Flamme Verte), pourront au cas par cas continuer à être utilisés, mais seulement après l’obtention d’une dérogation auprès de la préfecture de police.
Mais ce n’est pas tout, le feu d’agrément sera également fortement réglementé dans 435 communes d’Île de France où il sera interdit d’utiliser une cheminée à l’ancienne, c’est-à-dire ouverte. Seuls les foyers fermés, inserts et poêles à bois les plus performants (émissions de poussières inférieures à 20mg par m3, rendement supérieur ou égal à 70% et taux de CO inférieur ou égal à 0,12%) seront autorisés.
Si ces mesures ne concernent pour l’instant que l’Île-de-France, elles pourraient bien se propager à l’avenir à d’autres régions comportant une grosse métropole, à commencer par la vallée Alpine où le chauffage au bois est très sollicité.
- 40 salons avec cheminée qui donnent très envie de cocooner !
- Bûches de bois : comment bien les ranger autour de la cheminée ?
Que signifient ces mesures ?
Alors, le chauffage au bois est-il écologique ? Ce qui est certain, c’est qu’en l’état, il ne l’est pas. Il ne s’agit pas de condamner la pratique, mais surtout de l’encadrer. Quelques chiffres éloquents permettent de mieux comprendre cette nécessité. On estime par exemple qu’une demi-journée au coin de l’âtre d’une cheminée à l’ancienne émet autant de particules fines qu’une voiture diesel pendant 3000km. Et selon Airparif, interdire les cheminées ouvertes en les remplaçant par des foyers fermés permettrait de réduire de 50 à 61% les émissions de particules fines en Île-de France. Car les appareils actuels (inserts, foyers fermés et poêles à bois) n’ont plus rien à voir avec les cheminées d’autrefois. Et s’ils sont avant tout beaucoup moins polluants, ils sont également beaucoup plus performants. Avec des rendements jusqu’à plus de 4 fois supérieurs à ceux des foyers ouverts, les appareils fermés amortissent considérablement le rapport entre la production énergétique et son niveau de pollution.
Une nouvelle façon de faire du feu
Si les cheminées à l’ancienne étaient très polluantes, leurs foyers ouverts sur l’intérieur du logement, mettaient d’abord en danger la santé des habitants. Utiliser un appareil de chauffage à foyer fermé préserve donc en premier lieu votre propre santé.
Mais ce confinement de l’âtre a d’autres vertus. La maîtrise parfaite de la combustion permet d’optimiser considérablement le fonctionnement de ces appareils. Au point qu’ils sont capables de produire bien plus de chaleur tout en utilisant moins d’énergie, et donc de réduire leur niveau de pollution.
Avec des rendements largement supérieurs à 75% pour les foyers fermés contre à peine plus de 20% pour les modèles ouverts, on comprend facilement qu’il faudra brûler beaucoup moins de bois pour avoir chaud. Et moins de bois brûlé, c’est moins d’émission de gaz carboniques et de particules fines.
Dernier avantage non négligeable à la fermeture d’un foyer : l’intervention améliore notablement l’étanchéité du bâtiment et c’est donc toute la performance énergétique du logement qui y gagne.
Alors de quel bois va-t-on se chauffer?
Même si une vitre nous séparera dorénavant de leur âtre, les foyers à bûches fermés ne perdent rien en convivialité et offriront toujours un beau spectacle sur les flammes.
Si le bois émet du CO2 lors de sa combustion, cette production est largement compensée par la consommation qu’il en fait lors de sa croissance. Surtout s’il est produit dans le cadre d’une gestion durable des forêts.
Pour les poussières et les particules, si la performance de l’appareil permet de limiter leurs émissions, la qualité du bois compte également. D’abord parce qu’un bois dur et sec fournira plus d’énergie qu’un bois fraîchement coupé et permettra donc de réduire les volumes de combustion.
Mais on peut aller encore plus loin en optant pour un appareil fonctionnant aux granulés de bois. Un peu plus cher à l’usage car ils nécessitent de transformer et conditionner la matière, les granulés génèrent toutefois moins de pollution que les bûches. Et si le feu est moins spectaculaire, les appareils qui utilisent des granulés parviennent à obtenir des rendements dépassant souvent les 90%.
Alors bonne nouvelle, le feu de bois n’est pas en train de disparaître, il est juste en train de se transformer.
Source: Lire L’Article Complet