S’enrouler dans du plâtre pour mincir : la yesothérapie, une méthode qui n'est pas sans danger

La quête de la plastique parfaite n’a pas dit son dernier mot en Colombie. Si la chirurgie esthétique s’y démocratise à vitesse grand V depuis plusieurs années (source : The International Society of Plastic Surgery, ISAPS), le culte de l’apparence passe aussi par des techniques minceur sans bistouri qui séduisent bon nombre de Colombiennes… et pas seulement.

Récemment, plusieurs méthodes latines se sont exportées en France, connaissant un fort engouement dans les instituts de beauté et sur les réseaux sociaux. Citons notamment la madérothérapie, une technique de massage anti-cellulite qui draine et tonifie le corps par l’action d’instruments en bois.

À côté de ce protocole remodelant, un autre concept colombien nettement plus farfelu (pour ne pas dire radical) fait de plus en plus parler de lui : la yesothérapie. 

Qu’est-ce que la yesothérapie ? 

“Yeso” signifiant “plâtre” en espagnol, cette thérapie dite « minceur » consiste à envelopper les zones du corps stockant le plus de graisses comme le ventre, les cuisses et les bras dans des bandes de plâtre, lesquelles sont préalablement plongées dans une solution supposée contenir des composants aux propriétés réductrices de graisses et anti-cellulite.

Une fois recouvertes de film plastique, ces bandes de plâtre doivent être gardées sur le corps entre 48 et 72h pour que la présumée magie minceur opère : perte de centimètres, élimination des toxines, réduction de la peau d’orange, amélioration de la circulation sanguine… Les promesses de la yesothérapie sont assez plétoriques.

Mais sont-elles vraiment sérieuses ? Olfa Perbal, experte reconnue en massages minceur depuis 30 ans, nous donne son avis sur cette méthode à la mode qu’elle a elle-même testée en Colombie.

La yesothérapie : une perte d’eau et non de graisses

« J’ai découvert la yesothérapie en même temps que la madérothérapie en Colombie », raconte Olfa Perbal, qui voyage régulièrement dans le monde entier pour repérer des techniques minceur innovantes, potentiellement intéressantes à développer en France. « Mon expérience de masseuse bien-être et minceur – métier que je pratique depuis près de 30 ans – me permet aujourd’hui d’identifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, développe l’experte. Et très honnêtement, la yesothérapie ne m’a pas convaincue ». 

Pourquoi donc ? « Parce que les promesses sont trompeuses », affirme Olfa Perbal. Et de poursuivre : « effectivement, on perd des centimètres après avoir porté ce plâtre pendant plusieurs jours, mais ce n’est pas lié à une fonte des graisses. C’est plutôt à cause de la compression exercée par le plâtre, et surtout, de toute l’eau perdue suite à la transpiration engendrée. Mais cette eau se récupère aussitôt que l’on se met à boire, et les centimètres avec ».

Bien placée pour savoir que déloger les graisses prend du temps – elle qui s’est fait connaître pour sa technique du palper-rouler – Olfa Perbal se remémore son expérience de la yesothérapie sans mâcher ses mots : « c’est une vraie catastrophe ! Comme on sent son corps qui transpire, on peut avoir l’impression que ça fonctionne, ne serait-ce qu’en termes d’élimination des toxines. Mais la yesothérapie n’est pas une méthode respectueuse du corps : l’estomac se compresse, la faim est coupée, on ne peut quasiment plus bouger, plus dormir… Tout est perturbé, que ce soit la digestion, la circulation sanguine… Bref, ce n’est pas une technique que je recommande ».

Une pratique drastique et oppressante 

“Souffrir pour être belle” : cette injonction à la beauté n’est clairement plus d’actualité en 2022. Et pourtant, c’est bien sur ce principe que semble reposer la yesothérapie, puisque la méthode consiste à supporter un plâtre serré autour du corps pendant deux à trois jours.

« Personnellement, je n’ai pas réussi à garder ce plâtre plus de trois heures, et pourtant, je ne suis pas douillette, confie Olfa Perbal. Mais là, c’est vraiment horrible, à la limite du supportable !”.

Et d’ajouter : “en Colombie, on vous vend même des gaines de plâtre, disponibles en plusieurs tailles, qui sont extrêmement lourdes et que les femmes s’infligent à porter pendant des jours entiers. Je pense qu’en France, ces méthodes drastiques ne collent plus avec l’idée que l’on se fait des soins minceur, où l’on ne peut clairement pas parler de bien-être. D’ailleurs, ce genre de techniques ne devraient tout simplement pas être pratiquées, car elles peuvent finir par être dangereuses. Il y a des façons plus saines de remodeler sa silhouette, comme des séances régulières de palper-rouler et de madérothérapie, pratiquées par des professionnel(le)s qualifiées. Et si l’on veut sentir son corps transpirer, on peut toujours se rendre dans un sauna ou un hammam”. 

Ou pourquoi pas se (re)mettre au sport, tout simplement ? Une méthode vieille comme le monde qui permet de transpirer sans se mettre en danger. À bon entendeur…

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