- Un étudiant innocent est plongé dans un univers de manipulations dans une université pour « La Conspiration du Caire ».
- Ce jeune villageois doit s’adapter aux luttes de pouvoirs après la mort du directeur de l’établissement.
- Tarik Saleh, réalisateur du « Caire confidentiel », signe un film passionnant entre thriller et voyage initiatique.
Le suspense affleure dans une université pour La Conspiration du Caire de Tarik Saleh. Ce film récompensé pour son scénario au dernier Festival de Cannes entraîne un étudiant à peine sorti de son village dans des rivalités et des mystères digne du Nom de la rose d’Umberto Eco. « J’ai eu envie de raconter une histoire de ce genre dans un contexte musulman mais l’islam n’est pas mon sujet », explique le réalisateur dans le dossier de presse.
Les coulisses du pouvoir
La mort soudaine du grand imam de l’université fait plonger le jeune héros dans un univers sans pitié où influences religieuses et politiques s’entrechoquent par désir d’accéder au pouvoir et souhait de maintenir la paix sociale. Après la police dans Le Caire confidentiel, Tarik Saleh fait découvrir le monde secret d’Al-Azhar, prestigieuse université sunnite. Sa démonstration sans concession lui a valu de voir son film, tourné en Turquie, être interdit en Egypte.
« J’ai voulu montrer les enjeux qu’il y a à quitter son village pour suivre des études et le prix personnel que cela implique », insiste Tarik Saleh. La perte de son innocence est le tribut que le jeune héros doit céder pour survivre. Meurtre, corruption et manipulations font partie des matières au programme et il a intérêt à les assimiler s’il ne veut pas risquer un renvoi des plus définitifs. Il a tôt fait d’être contraint de choisir son camp ce qui n’est pas facile quand police et intégristes le tirent à hue et à dia. Le réalisateur suédois d’origine égyptienne ne ménage pas ses personnages pour décrire une institution corrompue où hypocrisie et intolérance font force de loi.
A la façon de John Le Carré
Tarik Saleh ne s’en prend pas à la religion en tant que telle, mais il montre comment des hommes avides de pouvoir peuvent la détourner à leur profit. Sa démonstration à des allures de thriller pimenté de récit initiatique. On pense au romancier John Le Carré par sa façon virtuose de rendre passionnante une lutte opposant de puissantes élites pour un spectateur pas toujours au fait des forces en présence.
La virtuosité du récit donne le vertige par son intelligence. On comprend que le scénario a séduit le jury cannois présidé par Vincent Lindon, mais Tarik Saleh aurait également pu recevoir celui de la mise en scène. La Conspiration du Caire fascine de son début à sa fin.
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