Cécile Charlap explique sa théorie sur la fabrique de la ménopause

La chercheuse en sociologie est l’autrice de plusieurs ouvrages : elle y déconstruit la vision actuelle de la ménopause, qui est envisagée comme une maladie par notre société.

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« Les femmes ont beaucoup moins de valeur sur le marché amoureux, par exemple, à partir d’un certain âge.« 

Cécile Charlap est spécialiste de la question du vieillissement des femmes et surtout de la fabrique de la ménopause par notre société. Pour elle : « L’idée de ménopause s’articule avec des représentations qui s’inscrivent dans le système de genre qui associe féminité et fécondité. » Lorsque les femmes ne sont plus fécondes, la société les verrait comme moins femme.

On observe une répartition genrée des effets du temps, pris dans un double standard. Tandis que les femmes subissent une dépréciation allant de pair avec leur vieillissement, les hommes, eux, ont le droit à une valorisation à travers une maturité et une expérience reconnue.

Discours médicaux et médiatiques sur la ménopause

Cécile Charlap met en lumière la façon que l’on a de considérer la ménopause : pas comme une « simple transformation », mais comme une maladie. On juge que cette étape de la vie des femmes se caractérise par une déficience (notamment hormonale), par des symptômes (bouffés de chaleur, sécheresse vaginale, sautes d’humeur) et des risques (cancers, ostéoporose).

À travers ses travaux, la sociologue souhaite démontrer que la ménopause est un processus qui débute à la quarantaine alors que les femmes sont encore physiologiquement fertiles. Cécile Charlap pointe le propos médical qui juge les grossesses des femmes de plus de 38 ans comme « à risques » et donc, incite les femmes à ne plus se reproduire. « Bien avant la ménopause biologique, les femmes deviennent socialement stériles.« , constate-t-elle.

La scientifique évoque également la responsabilité du discours des médias qui reprennent les discours du corps médical en le dramatisant : « Par exemple, les journalistes demandaient à Monica Belluci de se justifier de cet acte (ndlr : sa grossesse à 45 ans) qui est, en quelque sorte, construit comme déviant.« 

Une libération

Lors de la ménopause, la sexualité est associée aux problématiques, tel que le manque de désir. Cécile Charlap conteste cette vision, puisque ayant rencontré un certain nombre de femmes, elle a plutôt entendu « des discours de libération ». En effet, elles mentionnent une libération pour ce qui est des menstruations, des craintes de grossesse et de la gestion de la contraception au sein du couple.

La ménopause se révèle être un espace d’affranchissement des contraintes : « un temps de liberté, qu’elles pensent comme tel, qu’elles vivent comme tel. Un temps où on est libéré de toutes ces contraintes et c’est super ! « , conclue la chercheuse.

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