On connait déjà les bienfaits de la méditation sur notre corps et psyché, mais selon de nouvelles recherches, elle serait aussi un outil pour prévenir l’apparition de certaines formes de démence.
C’est dans la reconnue revue scientifique Jama Neurology que les travaux des chercheurs de l’INSERM et de l’Université de Caen seront bientôt publiés, comme le rapporte un communiqué partagé par l’institution, lundi 10 octobre 2022.
Après 18 mois d’expérience, conduite sur un échantillon de 137 personnes âgées de 65 ans et plus ne présentant aucun problème de santé, les scientifiques ont démontré qu’une pratique régulière d’exercices de médiation pouvait améliorer les capacités d’attention, les humeurs et les états émotionnels des participant.es concernées.
La méditation, un entraînement mental qui protège notre cerveau
Pour vérifier leurs hypothèses, les scientifiques français.es ont divisé leur échantillon en trois groupes. Le premier devait méditer 20 minutes par jour, le second suivre des cours d’anglais, tandis que le dernier était un groupe témoin – et ne modifiait donc aucune de ses habitudes de vie.
Si l’équipe de l’université caennaise s’est penchée sur la méditation, c’est parce cet « entraînement mental ciblant la régulation du stress et de l’attention – comme par exemple la méditation en pleine conscience –, s’est révélé un outil bénéfique dans la gestion des aspects cognitifs et émotionnels propres au vieillissement, en particulier pour réduire le stress, l’anxiété et la dépression », rapporte le communiqué de l’INSERM.
Résultat : « des différences significatives ont été observées sur des mesures comportementales entre le groupe de méditation et celui d’apprentissage de l’anglais, avec une meilleure régulation de l’attention et des capacités socio-émotionnelles chez les participants au groupe de méditation ».
Une pratique qui crée une « réserve cérébrale »
« Il a déjà été constaté dans le passé que, chez des méditants experts, deux zones du cerveau impliquées dans la méditation – le cortex frontal et insulaire – sont plus volumineuses« , rappelle France Info.
« L’insula et le cortex cingulaire antérieur sont spécialement sensibles au vieillissement. Il a été montré que, chez des personnes âgées expertes dans la pratique de la méditation, le volume de matière grise ainsi que le métabolisme du glucose (processus physiologique essentiel au bon fonctionnement du cerveau) étaient plus importants que chez des personnes ne pratiquant pas la méditation. La méditation pourrait donc être une approche intéressante pour préserver les structures et fonctions cérébrales ainsi que les capacités cognitives, et par extension, pour prévenir les démences », précise le communiqué de l’INSERM.
Pour autant, dans leur étude, les chercheurs n’ont pas noté que ces zone avaient « suffisamment gagné en volume pour que ce soit jugé significatif, mais elles ont quand même évolué dans le bon sens », précise le média français.
« On peut penser qu’en stimulant ces régions particulières du cerveau, la méditation crée une sorte de réserve cérébrale, qui peut permettre de résister plus longtemps aux atteintes des maladies neurodégénératives », nuance Dre Gaël Chetelat, directrice de recherche à l’INSERM.
Une habitude de vie à prendre, pour bénéficier de ses bienfaits sur le vieillissement
« Le fait qu’aucune différence anatomique n’ait été observée entre ces deux groupes pourrait indiquer que, si la méditation peut modifier le volume de cerveaux plus jeunes et plus plastiques, 18 mois d’entraînement à la méditation ne sont pas suffisants pour modifier les effets du vieillissement. Par ailleurs, si les résultats de mesure du volume sont strictement négatifs, ceux de la perfusion montrent une tendance en faveur de la méditation qu’il pourrait être intéressant d’explorer sur un temps d’intervention plus long et/ou avec un échantillon de population plus important », précise-t-elle.
Ainsi, l’équipe française a mis en place un suivi de 4 ans, pour analyser les éventuels effets à long terme de l’étude.
Toutefois, les scientifiques se félicitent de cette avancée. « La pratique de la méditation montre ici son réel bénéfice sur la santé mentale des personnes âgées, avec une amélioration significative de paramètres propres au bien-être et à l’épanouissement, mais aussi au maintien des capacités attentionnelles et socio-émotionnelles rapportées par les participants », ajoute Antoine Lutz, responsable de l’axe Méditation de l’étude, auprès de l’INSERM.
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