Anne Goscinny est romancière et la fille du dessinateur René Goscinny. Elle gère l’œuvre de son père qui comprend notamment Astérix, Lucky Luke, Iznogoud et Le Petit Nicolas.
Ce mercredi 12 octobre 2022, sort au cinéma le film d’animation de Benjamin Massoubre et Amandine Fredon, produit par Lilian Eche, Le Petit Nicolas. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? qui a déjà reçu le Cristal du long métrage au festival d’Annecy 2022. Le roman du film est également disponible pour accompagner cette sortie et autre nouveauté, l’ouvrage, La grande histoire du Petit Nicolas, les archives inédites de Goscinny et Sempé chez Imav Editions.
franceinfo : Le Petit Nicolas est donc l’enfant de votre père et de Jean-Jacques Sempé, disparu il y a peu. Il est donc orphelin aujourd’hui, un peu comme vous d’ailleurs. Sempé a beaucoup collaboré pour le film d’animation et pour le roman qui l’accompagne. C’est difficile de parler du Petit Nicolas, encore plus aujourd’hui ?
Anne Goscinny : Non, c’est jamais difficile de parler du Petit Nicolas parce que c’est vrai que maintenant on est orphelins tous les deux, mais orphelins de quel parent ? C’est-à-dire que les pères du Petit Nicolas sont immortels. Un père que je partage avec lui. Ce qui est très difficile dans cette histoire, sans doute tant pour ce petit garçon que pour moi, c’est qu’effectivement, ils ne sont plus là désormais pour lui inventer des histoires. Mais oserais-je dire que je suis une forme de grande sœur et que moi, je suis là pour veiller sur lui ?
De tous les personnages que mon père a créés, et ils sont nombreux, le Petit Nicolas est sans doute celui pour lequel j’ai le plus de tendresse.
à franceinfo
C’est vrai qu’à travers ces ouvrages, à travers ce film d’animation, on découvre la vie de René Goscinny d’un côté et celle de Jean-Jacques Sempé de l’autre. Sempé a eu une enfance extrêmement difficile, sa mère le frappait et il dit qu’il a pu avoir une enfance heureuse grâce au Petit Nicolas et donc grâce à votre père.
Oui, c’est un film qui montre une enfance mise à mal et une adolescence qui s’est arrêtée trop tôt. Il y a eu la mort de mon grand-père, et puis celle de toute sa famille, morte déportée, victime de la Rafle des notables en décembre 1941. Ce film montre comment ces deux parcours-là ont donné naissance à une enfance rêvée, à une enfance éternelle et presque à un concept d’enfance, finalement.
Il vous a transmis aussi, et c’est le cas auprès de tout le public, qu’il faut croire en ses rêves. Surtout que le Petit Nicolas est devenu éternel parce que Sempé disait que c’était un monde idéal. Il n’y a jamais de drame dans la vie de Nicolas…
Ils ont écrit 222 histoires et il n’y a jamais de drame. Si on était comme une sorte de drone et qu’on regardait l’œuvre tout entière de mon père et celle de Sempé, il n’y a jamais de mort dans toute l’œuvre de mon père. Mon père est le seul mort. C’est-à-dire que les bandits, dans Lucky Luke, par exemple, ont des plumes et du goudron et puis voilà, ils partent au pénitencier dont ils s’évadent ou pas d’ailleurs. Mais il n’y a aucun mort. Les Romains prennent des baffes d’Obélix. Il n’y a pas de mort.
Le Petit Nicolas, c’est comme un petit frère aussi pour vous ?
C’est plus qu’un petit frère, c’est comme un enfant puisque moi, quand j’étais petite, je m’identifiais à lui et à Marie-Edwige ou à Louisette, sans doute. Mais en vieillissant, je m’identifie davantage à la maman. Et puis, un jour prochain, pas si lointain sans doute, à la grand-mère complètement gâteuse de son petit-fils. Mes enfants sont encore jeunes, 19 et 21 ans, mais j’espère qu’un jour j’aurai ce rôle merveilleux de grand-mère qui sort de son sac des tas de bonbons que les parents interdisent.
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