On avait découvert Roxane Arnal en 2017 au sein du duo Beauty and The Beast qu’elle formait avec Michel Ghuzel. Du haut de ses 22 ans à l’époque, elle assurait déjà une grande maîtrise de la guitare, de la basse et du chant, aussi bien en solo qu’en harmonies vocales. Et pour parfaire le tout, elle était également comédienne.
Sa rencontre avec Baptiste Baily en 2018 l’a poussée à se lancer en solo. Un EP Doorways est sorti en octobre 2020. On y sentait une écriture et une composition encore plus fouillée, qui s’échappait du style country-western-swing de Beauty and The Beast. Des mélanges d’influences allant du folk au jazz en passant par des ambiances à la limite du rock progressif, avec changements d’atmosphères musicales au sein d’un même morceau.
Lors d’une rencontre en juin 2021, au moment de la reprise des concerts après les confinements, la jeune autrice-compositrice-interprète nous confiait la préparation d’un album « dans la continuité de l’EP ».
Un premier véritable album solo
Effectivement, cet EP nous avait mis en appétit. À l’écoute du plat de résistance qui sort ce 7 octobre, on confirme : Elior est le parfait prolongement de Doorways. Sur les douze titres de l’album, trois sont issus de l’EP : Rushed to Fly, No One Knows My Name et Give It All Away. Les morceaux ont été réarrangés et réenregistrés, mais on retrouve les mêmes sensations, le même frisson à l’écoute des douces voix de Roxane et Baptiste qui se marient à merveille, des orchestrations feutrées mais qui parfois « envoient du lourd » sans prévenir, comme par exemple dans le passage central de Rushed to Fly. Quant aux nouvelles chansons, elles respirent un folk aérien et enivrant comme le très beau Little Bird, premier single de l’album paru début juin.
Des inspirations diverses et variées
« Septembre sans pluie » chante une chanson sur un mode jazz-blues avec dobro en slide, tandis qu’une autre aborde le thème de l’errance « sur la route » dans une ambiance très country sur une ballade aux arpèges acoustiques entraînants façon Everybody’s Talking. Les thèmes font souvent appel à la rêverie, à l’imaginaire. Paint my song par exemple est « une invitation à l’auditeur à peindre ma chanson, à décider des mots de la chanson et de la signification que la musique a sur lui », explique Roxane.
J’ai un rapport à la fois de conflit et d’amour avec les mots parce que j’ai toujours peur de les utiliser à mauvais escient
Ce cocktail savamment dosé, entre les incursions aux accents jazz-rock de Baptiste Baily et la touche plus folk-blues de Roxane Arnal, apporte aux oreilles à la fois des sensations de terrains connus et des surprises dans quasiment chaque morceau. Les progressions harmoniques finissent toujours à un moment ou un autre par aller là où ne l’attend pas, tout en restant extrêmement agréables à l’écoute. La marque d’une grande maîtrise musicale. Et ça fonctionne parfaitement en live. Au début de l’été, le public du New Morning a eu le privilège d’entendre des titres de l’album avant sa sortie, comme par exemple Be The One You are et sa superbe guitare bluesy :
Un rôle dans le dernier film de Quentin Dupieux
Roxane a d’abord été attirée par la musique, puis la danse. La comédie est venue presque par hasard. « C’était par nécessité pour travailler ma diction, ma mémoire, ma timidité, libérer des émotions… et le hasard m’a dirigée sur des tournages » . Plusieurs rôles au cinéma et à la télévision depuis 2014, et récemment la comédienne était à l’affiche de Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux, où elle interprète le personnage de Léa Drucker jeune.
Cette dualité lui inspire des ponts entre les deux arts. « Oui il y a des liens entre les deux », confie-t-elle. « Dans les deux cas on exprime des émotions, mais pas par le même endroit ». Elle précise : « Pour moi la musique ça vient de l’extérieur, un peu comme quelque chose de divin, et qui ne demande pas beaucoup d’énergie. Dans le théâtre on a simplement notre corps. C’est un instrument qu’on doit considérer, soigner, écouter, travailler, et c’est du néant qu’on va tirer les émotions, qu’on va les convoquer. C’est quelque chose d’assez fort, ça nous rend moteur de notre forme d’expression. Et tout ça enrichit la musique naturellement. »
L’album « Elior » disponible le 7 octobre chez Dixie Frog. La release party aura lieu le 19 janvier à L’ermitage (Paris). Une tournée suivra sur le début de l’année 2023. Retrouvez toutes les dates sur le site officiel ou la page Facebook.
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