INTERVIEW – Christophe Willem à coeur ouvert : « La notoriété isole beaucoup »

Christophe Willem a dévoilé son nouvel album Panorama le 16 septembre dernier, opus qui lui a permis de renouer avec son public. Le chanteur s’y dévoile en toute simplicité et fait le point sur ses démons. Rencontre.

Christophe Willem a fait un retour remarqué avant l’été avec le tube PS : je t’aime. Le titre écrit par Slimane s’est fait une place sur les ondes et dans les playlists de milliers de personnes, si bien que son album Panaroma s’est offert une entrée triomphale dans le top 10. Cinq ans après l’échec commercial de son précédent opus Rio, le chanteur renoue avec son public avec des sons pop aux textes très personnels. À trois mois du début de sa nouvelle tournée, Christophe Willem répond à nos questions avec la sincérité qu’on lui connaît.

Gala.fr : Cet album, Panorama, est plus intime dans les textes, alors que la musique est plus pop, plus accessible. Est-ce un de tes paradoxes ?
Christophe Willem
: Ah oui ! Ce n’est pas forcément plus intime, mais c’est plus cash. Là, il y a un côté très immédiat, car je voulais qu’on écoute le mec qui chante, et pas le chanteur. Et je voulais qu’on soit dans une tonalité plus basse dans la tonalité de l’album pour qu’on écoute un peu plus quand je chante. Mais j’ai déjà fait des chansons très intimes, jusqu’on n’accordait pas autant d’importance au texte, mais plutôt à la mélodie. Cet album correspond beaucoup plus à ce que je suis dans la vie.

Gala.fr : PS, je t’aime est le premier single et est un tube. Les gens ont aimé te retrouver sur ce titre cash et dansant.
Christophe Willem
: C’est la force de Slimane, qui a écrit le titre. C’est léger par la musique, mais pas par le texte qui demande pourquoi le public ne m’aime plus. C’est Slimane qui a déclenché cette envie d’être direct. Depuis que je suis rentré de vacances, j’entends la chanson partout et c’est assez inespéré après l’échec de mon album précédent (Rio, ndlr). Quand on a décidé de lancer PS, je t’aime, on avait un peu la boule au ventre, et là, nous sommes très heureux.

https://youtube.com/watch?v=TFHO9Mus6gU%3Frel%3D0%26showinfo%3D1

Gala.fr : J’tomberai pas est le nouveau single, tu peux nous en parler ?
Christophe Willem
: J’tomberai pas est pour moi un des titres fondateurs de l’album, annonce le nouveau ton, et donne une façon de m’entendre encore plus cash. C’est une chanson sur la résilience, et l’album est une ode à la résilience justement. J’tomberai pas c’est une façon de dire qu’on est debout et qu’on avance, qu’on s’en est pris dans la gueule longtemps et que maintenant, on ne baisse plus la tête.

Gala.fr : La résilience est donc un fil conducteur. L’album est une thérapie ?
Christophe Willem
: L’album a vraiment été le point final d’une thérapie de cinq ans. J’ai toujours eu un problème avec mon image. Je suis grand, fin, et parfois je ne me trouve pas fin du tout. On aura jamais cette image sublimée qu’on aimerait être, et il faut donc apprendre à s’aimer.

Gala.fr : L’album semble avoir une réelle trajectoire. Cela démarre avec les douleurs et se termine avec la libération.
Christophe Willem
: C’est effectivement le cas. Il y a une narration dans la liste des titres. Au début, c’est la réouverture, je me représente et redéfinis à nouveau, puis le fait de crier ce qu’on a sur le coeur, et sur la fin, l’avancée, le fait de ne pas vouloir tourner en rond et perdre le public. Au temps pour nous, par exemple, je veux dire au public qu’on reprend ensemble là on a pu s’arrêter ensemble. Et après La fin des choses, c’est pour dire que je ne veux pas que l’échange avec le public et l’intimité ne s’arrête.

« La notoriété isole beaucoup »

Gala.fr : Et visuellement, ton histoire est également racontée. Sur l’arrière du vinyle, il y a neuf photos. Du début de la psychanalyse quand tu es assis, à la dernière photo où tu n’es plus présent, qui signifie la libération.
Christophe Willem
: C’est exactement ça ! Tu es le premier à me décrire vraiment ce que j’ai voulu dire par ces photos. (Il rit) Et je dépose les gants de boxe, il y a aussi les ballons qui sont des éléments de légèreté qui sont quand même artificiels car ils peuvent exploser à tout moment.

Gala.fr : Solitude est une chanson marquante et lourde de sens dans ton album.
Christophe Willem
: Je trouve ça bien d’avoir un titre qui parle de ce sujet. La solitude est d’abord choisie, et est ensuite subie. Ce titre est né d’une discussion sur le harcèlement scolaire fait que la solitude devient un fantôme, ton meilleur ami. Tu ne vas pas aller sonner chez tes parents et dire « On m’a traité de gros pédé à l’école », évidemment que non. Déjà, tu vis avec la honte, tu ne comprends même pas pourquoi on t’a dit ça car tu n’as même pas de sexualité dans ta vie à ce moment-là, donc tu t’enfermes dans une solitude hyper violente. Et on doit aussi dire que la notoriété isole beaucoup. J’ai mis longtemps à aimer être seul.

Gala.fr : Être célèbre et avoir des amis, c’est possible ?
Christophe Willem
: J’ai les mêmes amis qu’avant. J’ai cinq personnes proches qui ont pu me connaître avant, pendant, après. Et j’ai des amis comme Amel Bent. Je suis très proche d’elle, et elle a aussi traversé ce que j’ai connu. Elle a été présente, a été là pour me soutenir, me motiver. Elle me disait de ne pas me laisser abattre, que j’avais un public qui m’attendait. Elle a beaucoup été à mes côtés.

https://youtube.com/watch?v=u9J9B1qn3tQ%3Frel%3D0%26showinfo%3D1

Gala.fr : Et il y a Jenifer dont tu es aussi très proche !
Christophe Willem
: Complètement ! Maintenant, elle n’habite plus vers chez moi, mais je l’ai souvent au téléphone.

Gala.fr : Cet album, tu vas le porter avec une tournée à travers la France !
Christophe Willem
: Oui, et j’ai hâte de le partager avec et en public. Il y a des chansons qui deviennent puissantes quand elles sont chantées en public, comme pour Fantômes. Là, nous travaillons sur le visuel, et veut que ça n’aille pas le look d’une scène de concert.

Gala.fr : Cet album va pouvoir aider des gens. Je pense à la chanson Ni reine ni roi.
Christophe Willem
: Carrément. J’avance aussi. Ça parle de la résilience, de la manière dont j’ai lutté car je ne veux pas me définir, car ça serait réducteur, et pas représentatif de la réalité. Et quand tu as grandi de 11 à 16 ans avec des gens qui t’insultent en permanence et qui te définissent d’une manière qui n’est pas exacte, c’est extrêmement violent après quand tu deviens connu quand les gens te collent une étiquette comme ça. Qu’ils te disent « Vous dites qu’une fille ou un garçon, ça vous est égal car vous n’osez pas dire que vous êtes gay« . Non, mais allô, j’ai envie de dire aux gens que j’ai aucun problème avec le fait de dire que je suis gay, si c’est totalement représentatif de ma réalité, sauf que c’est juste pas totalement exact, ce n’est pas la définition la plus claire. Je salue ces jeunes générations qui veulent sortir de ce clivage binaire, gay ou hétéro qui est totalement réducteur pour la sexualité des gens. On peut être bisexuel, pansexuel… C’est important qu’on en parle et que les gens l’entendent.

« Mes parents étaient un peu choqués à l’écoute de Panorama« 

Gala.fr : Comment ta famille a réagi à l’écoute de l’album ?
Christophe Willem
: Mes parents étaient un peu choqués, d’autant que j’ai passé le confinement chez eux. C’était après l’échec de Rio. Ils ont donc vu quand j’étais abattu par l’échec de l’album, et là ils écoutent l’album Panorama où je dis tout, un peu comme une thérapie. De parler de ma vulnérabilité m’a rendu plus solide. Donc pour mes parents, c’était un sacré virage. Ils ont été surpris, et en même temps, ils étaient fiers de se dire que j’avais réussi a parler de choses profondes en toute simplicité. J’ai appris que la vie n’était pas un long fleuve tranquille, mais que l’essentiel, c’est d’avancer et d’avoir un peu d’amour propre et ne pas se mentir à soi-même. J’ai envie que cet album soit utile aux gens qui vont l’écouter.

Gala.fr : L’album t’a permis de vaincre des fantômes du passé ?
Christophe Willem
: Je n’avais jamais parlé dans le détail de ce que j’avais subi quand j’étais à l’école, plus jeune; comme j’avais vécu l’échec de Rio… Il fallait panser mes blessures pour continuer. Même quand on se croit fort, c’est très important d’aller guérir certaines choses pour ne pas se les prendre dans la tête quelques années plus tard.

Gala.fr : Les ventes de disques sont en baisse, le streaming s’impose. Les curseurs dans le monde de la musique ont évolué. Quelle est ta position sur ces changements ?
Christophe Willem
: Tout a bougé, c’est vrai, et moi le premier je remarque que je n’achète plus de disques. Parfois des vinyles pour soutenir les articles, mais j’écoute la musique sur des plateformes de streaming. Aujourd’hui, je pense qu’un album est une porte d’entrée sur l’univers d’un artiste, et de sa tournée. Du coup, on relativise les ventes d’albums, surtout avec les mutations. On m’a dit il n’y a pas longtemps que je n’avais jamais fait autant de streams qu’aujourd’hui, et pour moi, c’est nouveau ça. Et c’est plaisant de voir que sur des artistes de ma génération peuvent prendre un tournant streaming.

Gala.fr : En tant que personnalité, comment appréhendes-tu les articles qui traitent de ta vie privée, de ‘il a fait de la chirurgie’…
Christophe Willem
: Avant, j’avais du mal. Et aujourd’hui, ça me laisse indifférent. Les articles sur la chirurgie ça me fait rire car ça vient d’une interview où on me demandait si j’avais des problèmes avec mon image. J’ai répondu que j’avais fait des implants capillaires et que mon ORL m’avait opéré de la cloison nasale car je faisais des infections répétées, et il m’a proposé de me corriger le nez dans la foulée. J’ai raconté ça, et le lendemain, un mec qui expliquait qu’il était chirurgien m’annonçait des opérations que je n’ai pas faites. Donc non, je n’ai pas refait mon menton (Il rit). Puis après tout, je me dis que si les gens vont des articles sur moi, c’est que je fais vendre. Aujourd’hui, j’ai du recul sur tout ça et je ne suis plus dépendant du regard des gens pour m’aimer moi.

Crédits photos : © P I E R R E & F L O R E N T

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