Louis Chedid est auteur, compositeur, interprète, écrivain, fils de, papa de, dans une famille d’artistes qui ne cesse de s’agrandir. Auteur aussi de titres et d’albums emblématiques. On pense à Hold-up, à Anne, ma soeur Anne, à Ainsi soit-il, tout comme au spectacle Le soldat rose. Louis Chedid fait partie de la bande son de l’enfance, de l’adolescence, de la vie d’adulte de beaucoup de Français avec sa voix reconnaissable dès les premières notes.
Ce vendredi 9 septembre 2022, il a sorti un nouvel album, avec à ses côtés Yvan Cassar, En noires et blanches, avant de partir en tournée dans toute la France.
franceinfo : C’est un gros challenge que d’accepter de retravailler des morceaux connus de toutes et de tous ! J’ai l’impression que vous avez même changé votre façon de chanter ?
Louis Chedid : À partir du moment où on fait les chansons complètement nu, c’est-à-dire piano-voix, il n’y a que la musique, la mélodie et le texte qui ressort et évidemment les arrangements faits par Yvan Cassar.
« Cet album m’a permis de rechanter d’une manière beaucoup plus intime, beaucoup plus proche du micro. »
à franceinfo
On a aussi enregistré en live, c’est-à-dire que, vraiment, on faisait la voix du début jusqu’à la fin, trois ou quatre prises et point. Et cela donne effectivement une intimité. On a l’impression que le chanteur est vraiment dans la pièce avec vous.
Sur cet album En noires et blanches, des notes et des mots, deux instruments : une voix, la vôtre, un piano, celui d’Yvan. L’un répond à l’autre. On sent que vous avez été bousculé, dans le bon sens du terme, avec une émotion qui est vraiment au bout des lèvres et au bout des doigts.
L’émotion est, sûrement, décuplée et l’interprétation est très différente. C’est beaucoup plus simple. Moi j’adore arranger mes disques. J’adore mettre une guitare par-ci, un violon par-là, mais là le cahier des charges était vraiment d’être le plus simple et le plus dépouillé possible.
Ça fait du bien de trouver la bonne personne, de ne pas se dire : « Tiens, est-ce qu’il va assurer derrière ? »
Là, pour moi, c’était évident que c’était avec lui qu’il fallait que je le fasse. D’ailleurs, on m’avait proposé d’autres pianistes et j’ai dit : non, moi, je veux le faire avec lui, point final. Je peux être assez opiniâtre.
Il y a certaines notes d’ailleurs qui viennent jusqu’à absorber, accompagner vos respirations. C’est vraiment fusionnel. C’est une évidence et effectivement c’est personnel, mais c’est là la force de ce disque, c’est qu’il n’est pas confidentiel.
Nous, on a fait les choses d’une manière tellement instinctive qu’on ne s’est pas posé ce genre de questions. On s’est dit : « Voilà, c’est excitant de faire ça« . Personnellement, je ne l’ai jamais fait et j’étais très emballé de le faire et de revisiter les chansons. Mais après, je me suis rendu compte, en le faisant écouter… Pour l’instant à quelques personnes etc., qu’il y avait une espèce d’émotions qui passait, qui était forte.
Plus on écoute cet album et plus on se rend compte qu’aucun des deux ne prend le pas sur l’autre. Mais en même temps, ce qui ressort, ce sont les notes d’un côté et de l’autre, les mots, les vôtres. Est-ce que vous même vous avez redécouvert vos textes ?
Oui, parce qu’en fait, je n’écoute jamais mes chansons. Là, effectivement, je n’ai pas été obligé, mais il a fallu que je les réécoute pour qu’on choisisse celles qu’on voulait faire. En général, si vous prenez Anne ma sœur Anne, je vois bien ce qu’elle raconte, mais tout d’un coup, on se replonge dans le corps de la chanson avec tous les détails dans l’interprétation. Et c’est vrai que de n’avoir dans le casque qu’un piano, extrêmement bien joué, tout de suite, ça vous donne des idées d’interprétation que vous n’auriez pas obligatoirement s’il y avait une batterie, un machin etc.. Ce n’est pas du tout le même principe.
De l’émotion à l’état pur. Une justesse qui ne peut pas laisser indifférent à l’image, ou plutôt au son du premier titre, Si seul sans vous. J’ai l’impression que c’est aussi une déclaration d’amour à ce métier, au public. Est-ce que le public est votre moteur ?
Oui. Vous savez, quand j’ai démarré il y a longtemps, en 1973, j’avais fait un disque qui s’appelait Balbutiements, que j’aime vraiment beaucoup parce que c’est vraiment le disque du départ. De temps en temps, ça m’arrive de le réécouter.
« Tous les gens de ma génération, Souchon, Jonasz, Sheller, on n’imaginait pas une seconde qu’on pourrait être encore là un demi-siècle plus tard. On se disait qu’on allait faire deux ou trois disques et puis qu’on allait se faire jeter parce que c’est un métier de jeunes. Et on est encore là. C’est un truc de fou. »
à franceinfo
Pourquoi sommes-nous encore là ? C’est parce qu’il y a des gens qui achètent des disques, qui viennent aux concerts et qui nous suivent. C’est peut-être aussi parce qu’on fait des chansons qui les intéressent encore. Mais en tout cas, voilà, c’est une chance et c’est quelque chose qui est presqu’irréel, c’est surréaliste. Il y a aussi autre chose, souvent on me dit : « Vous n’avez plus rien à prouver« , au contraire, plus ça va, plus la barre est haute puisque vous avez fait des trucs que les gens ont aimés, il y a longtemps ou plus récemment et donc à chaque fois c’est de plus en plus haut et on a toujours quelque chose à prouver. On a demandé à McCartney un jour : « Vous avez tout eu, qu’est-ce qui vous ferait plaisir aujourd’hui ? » Et il a répondu : « De faire un tube« .
Louis Chedid sera prochainement en tournée: le 5 octobre à Lille, le 13 à Saint-Jean d’Angely, le 28 à Carros, le 2 novembre à Marseille, à la Seine Musicale le 30 novembre 2022 etc.
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