Presque dix ans après son retour en France, et tandis que Netflix lui consacre une mini-série documentaire, l’ex-prisonnière de 47 ans ne jouit toujours pas de sa liberté…
Son destin a basculé le 9 décembre 2005. Et, depuis cette date tragique, des millions de personnes connaissent son nom et son visage. Ce jour-là, la Française Florence Cassez est arrêtée dans un ranch mexicain en compagnie de son ex-petit ami, Israel Vallarta. Brutale, l’opération de police se déroule sous l’œil des caméras de télévision.
Trois otages, dont un enfant, sont libérés. Florence, qui a alors 31 ans et vit depuis deux ans au Mexique, est soupçonnée, avec son compagnon ex-Israel, d’être à la tête d’un gang de ravisseurs, Les Zodiaques. On les accuse d’enlèvement, séquestration, délinquance organisée et possession d’armes à feu et de munitions destinées aux forces armées.
La jeune femme a beau clamer son innocence, rien n’y fait : elle écope de 96 ans de prison, puis voit sa peine commuée à 60 ans en appel. Le combat judiciaire est rude et la Française devra, pendant sept longues années, tenter de survivre à l’enfer des geôles mexicaines. En 2009, elle rapportait à Paris Match : « Il y a énormément de violence, beaucoup de drogues : marijuana, herbe, crack. » Et Florence devra s’accrocher pour ne pas sombrer… durant 2 603 jours ! Son interminable cauchemar carcéral prendra heureusement fin le 23 janvier 2013. Sur le bout des lèvres, la cour suprême du Mexique reconnaît que le dossier de l’accusation est vide, et que ses droits fondamentaux ayant été violés, sa libération « immédiate et absolue » doit être effective.
« Je ne suis jamais en paix, Je ne peux pas quitter ma ville, je suis incapable de voyager. J’ai la trouille. »
Direction donc la France, en toute hâte, où elle s’apprête enfin à savourer sa liberté retrouvée… Mais ses rêves de retour à « la vie normale » ne sont pas au rendez-vous. Car si la classe politique et les médias la portent aux nues, Florence Cassez n’existe plus en tant que citoyenne : l’administration l’a rayée de ses listes ! Sans travail, sans carte bancaire ni carte vitale… elle se retrouve, à nouveau, abandonnée. Et sans aucun soutien psychologique. Dehors, elle découvre aussi le regard des autres, la foule oppressante, les technologies qui ont évolué… bref, toute la société qui a avancé sans elle.
Torturée
Heureusement, la jeune femme rencontre très vite l’amour avec Fausto Avila, un Mexicain réfugié en France, qu’elle épouse à Annecy. Et, en février 2015, elle donne naissance à Fleur, un rayon de soleil dans sa vie sombre… pétrie d’angoisses profondes pour la jeune maman dépassée. Mais en 2016, tout dérape : après son divorce, Florence retourne vivre chez ses parents, à Dunkerque. Une ville où elle réside toujours avec sa fille : « Je dois subvenir seule à nos besoins. Il y a deux ans, en juin 2020, Fleur a perdu son papa », confie-telle pudiquement à Paris Match.
Sa vie aujourd’hui ? Tenaillée par la terreur d’être de nouveau emprisonnée, Florence survit à ce poison psychologique bien connu des ex-détenus : « Je ne suis jamais en paix, Je ne peux pas quitter ma ville, je suis incapable de voyager. J’ai la trouille. »
Nous ne pouvons que lui souhaiter de retrouver la sérénité et, surtout, un retour salvateur à l’anonymat qui marquera un point final à sa si cruelle histoire.
Béatrice Nouveau
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