Touchées : pourquoi Alexandra Lamy n’a pas fait tourner sa soeur Audrey dans le téléfilm

Pour sa première réalisation, Touchées, diffusée jeudi 22 septembre à 21 h 30 sur TF1, Alexandra Lamy aborde la reconstruction des femmes victimes de violences. Elle a fait appel à sa fille, Chloé Jouannet, et à son amie Mélanie Doutey.

Avez-vous été surprise lorsqu’on vous a contactée pour réaliser ce téléfilm sur le destin de trois femmes victimes de violences ?

Alexandra Lamy : Carrément, puisque je croyais que c’était pour un rôle ! J’avais envie de passer à la réalisation et, engagée contre la violence faite aux femmes, c’était le sujet idéal pour un premier film dans lequel on a besoin de mettre ses tripes. J’ai dit oui, mais avec le trouillomètre à zéro ! Ce qui m’a plu, c’est d’évoquer la reconstruction. Si ce film permet à certaines d’ouvrir une porte pour être aidées, ce sera déjà gagné.

Comment avez-vous dépassé votre peur ?

La peur, c’est pénible et ça paralyse. Ce qu’il faut, c’est bosser, ça paie toujours. Je ne suis pas un génie de la réalisation, mais je sais fédérer une équipe. Un bon réalisateur, c’est aussi quelqu’un qui sait choisir ceux qui sauront traduire sa vision. Je me suis donc entourée d’une super équipe de techniciens et de comédiens dans une région, Les Cévennes, qui allait me donner un bon coup de main.

Cela vous a-t-il rassurée de tourner dans le Gard de votre enfance ?

Évidemment ! Les Cévennes sont un territoire où la force des éléments est prégnante. J’aimais aussi l’idée de déplacer l’histoire en province car la violence est partout. Même dans les plus petits villages, les associations sont présentes, ce qui prouve que nous vivons dans une France généreuse, avec des gens bien.

Dans la même logique, vous avez fait appel à Mélanie Doutey, votre amie, et à votre fille, Chloé Jouannet…

Avec seulement 23 jours de tournage, je voulais des comédiens bons, pro et sympa. Mélanie s’est imposée tout de suite, on a éclaté en sanglots comme des gamines tant on était heureuses de travailler ensemble. C’est une très bonne actrice, pas assez exploitée, belle, qui travaille beaucoup avec le corps : je savais que le rôle allait lui parler. Quant à Claudia Tagbo, elle m’avait émue dans un téléfilm, Le Temps des égarés, dans un personnage assez sombre.

Chloé s’est-elle imposée avec la même évidence ?

Oui, d’abord parce que je savais que c’était une excellente comédienne. Il était hors de question que je flingue mon premier film, ni que je lui offre un cadeau empoisonné si je ne l’avais pas sentie à la hauteur. Ce que j’aime chez Chloé, c’est à la fois cette blondeur de jeune première et le fait que ça boue à l’intérieur.

N’avez-vous pas été gênée par ses scènes très intimes ?

Elle, oui. Moi, pas du tout car j’étais à fond dans mon job de réalisatrice. J’ai même eu le sentiment d’avoir perdu mon «bébé» car j’étais face à une comédienne qui bossait, qui proposait, et qui se réveillait assez tôt pour être en avance, des trucs un peu couillons de maman, quoi ! Et, à la fin de la journée, elle venait me faire un gros bisou pour me dire au revoir. C’était trop mignon !

Avez-vous pensé à votre sœur Audrey ?

Oui, mais elle était enceinte. Et je ne voulais pas appeler toute la famille ! Mais j’adorerais faire tourner Audrey, d’ailleurs j’ai des idées.

Pourquoi avoir, lors du casting, demandé à vos comédiennes si elles avaient elles-mêmes subi des violences ?

Pour savoir si tout le monde, femmes et hommes, se sentirait concerné. Une séquence est venue réveiller des souvenirs chez l’une des comédiennes qui s’est mise à pleurer sans s’arrêter. Tout le monde a été saisi, on savait qu’on était dans la vérité des choses…

Vous-même avez-vous déjà subi des agressions sexistes ?

Jeune comédienne, j’ai évidemment été emmerdée par des metteurs en scène et j’ai connu plein de filles qui l’avaient été. Nous sommes dans un métier ultra-macho où le pouvoir et l’argent restent chez les mecs.

3919 : numéro pour les femmes victimes de violences.

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