"'Panorama', c'est le tour de la question, le tour de tout ce qui me concerne", Christophe Willem revient avec un sixième album

Christophe Willem est le grand gagnant de la quatrième, en 2006, de l’émission Nouvelle Star sur M6. Il a marqué définitivement cette émission avec cette voix qui a mis tout le monde d’accord, une personnalité bien affirmée et puis ce sourire évidemment. Son premier album, L’inventaire, s’est vendu à un million d’exemplaires, restant huit semaines numéro un des ventes en France. Le « combo » Christophe Willem-Zazie fonctionnant immédiatement avec deux énormes tubes : Double je et Jacques a dit. Le petit garçon, de son vrai nom Christophe Durier de Deuil-La Barre, a ensuite toujours fait appel à son instinct. C’est comme ça qu’il a toujours fonctionné.

Ce vendredi 16 septembre 2022, Christophe Willem sort son sixième album, Panorama.

franceinfo : Chaque album a une nouvelle couleur, est une nouvelle aventure. Panorama est comme un état des lieux. Un point sur votre parcours et votre vie d’homme. C’est comme ça qu’il faut le prendre ?

Christophe Willem : Mais je n’aurais pas fait de meilleure présentation ! Je vous laisse parlez, c’est très bien !

Cet album vous tient beaucoup à cœur. Vous aviez écrit sur l’album précédent et sur celui-ci, vous avez fait appel à une toute nouvelle équipe et c’est vrai qu’elle a su vraiment percevoir ce que vous vouliez dire au point de faire du sur-mesure?

Complètement. Pour revenir en arrière, il y a eu l’album Rio dans lequel j’étais extrêmement investi. Ça a été huit ou neuf mois extrêmement douloureux parce qu’il ne trouvait pas son public et ne s’installait pas du tout. Ça a été une grosse remise en question puis le confinement est arrivé. Et en fait, ce dernier m’a vraiment fait du bien. Ça a été un moment, un arrêt forcé très salutaire. Je me suis retrouvé chez mes parents, dans ma chambre d’ado, avec tout ce qu’il y a, les fantômes qui traînent, les histoires d’ado. J’ai commencé à écrire, en me disant : voilà, il faut que je décrive ce que je sens, ce que je vis à cet instant. Je me suis très vite rendu compte qu’il ne fallait pas que j’écrive cet album parce que sinon, j’allais retourner dans les travers que j’avais connu. Dans cet album, je voulais vraiment raconter, c’est pour ça qu’il s’appelle Panorama. Effectivement, c’est le tour de la question, le tour de tout ce qui me concerne et justement, la place des textes était prédominante avec Laurent Lamarca, qui a été une rencontre majeure avec Jean-Étienne Maillard. Ça a été des heures et des heures de discussions et Laurent a su totalement décrypter cela. Et du coup, la même histoire vue par un prisme différent, par un narrateur différent, a une tout autre couleur.

C’est vrai qu’il y a des fantômes dans cet album. D’ailleurs, vous avez décidé de les raconter. C’est la première fois qu’on vous entend parler de sexualité et ça, c’était vraiment quelque chose qui vous tenait beaucoup à cœur. C’était important de lâcher prise pour pouvoir avancer davantage en tant qu’homme ?

J’ai constaté, pendant cette période de confinement, que pour être connecté à l’intime des gens, il faut aussi livrer de son intimité et surtout accepter sa vulnérabilité.

à franceinfo

C’est en acceptant sa vulnérabilité qu’on se sent solide. En fait, moi, je me suis construit une carapace au fur et à mesure de cette carrière. Et puis, il y a eu l’envie de la faire un peu péter et d’aborder les fantômes du passé, comme la stigmatisation que j’ai ressenti, le harcèlement scolaire et la manière dont on m’a toujours montré du doigt.

Il y a des mots forts, d’ailleurs ! Vous parlez de « pédé » quand on vous insultait.

Oui. Alors, c’est très fort dans l’histoire que j’ai connu. Mais il n’y a pas un avant et un après être connu. C’est-à-dire que quand j’ai démarré ce métier en disant : tiens ça y est, d’un coup, je vais arriver dans un monde d’adultes à l’abri des gens qui m’ont harcelé ou fait du mal pendant des années. Eh bien, ma désillusion a été totale quand dans une des toutes premières interviews que j’ai pu faire en sortant de la Nouvelle Star, la première question a été : « Alors, vous êtes gay ou pas ? » C’est vrai que ça a été une désillusion et je me suis dit : ah non, en fait, ça ne se calme pas.

J’ai toujours expliqué à quel point pour moi, la sexualité, c’était une question de personnes, que je ne me reconnais pas dans tout établissement genré.

à franceinfo

C’est ça que j’essaie de mettre en avant dans l’album et du coup de dire : on va un peu passer ce sujet qui est un non-sujet, en soi.

Vous avez toujours douté. Je crois que vous êtes le seul à ne pas avoir confiance en vous.

Maintenant, plus quand même. Encore une fois, pourquoi l’échec de l’album précédent a été violent ? Soyons honnête, je n’ai pas vendu deux disques de cet album,mais moi, je l’ai vécu comme un échec parce qu’en fait j’ai construit, si vous voulez, ma vie et ma carrière d’une certaine manière, en étant porté par l’amour du public. Et effectivement, quand je suis tombé sur cet os-là, sur un album qui n’a pas fédéré, justement, j’ai eu la sensation que tout l’amour que j’avais reçu depuis La Nouvelle Star, on me l’avait repris d’un coup. Ça a été une sensation d’abandon et c’est là que je me suis dit : à un moment, il faut fondamentalement travailler sur soi pour justement être capable de recevoir l’amour du public pour ce qu’il est. Donc c’est vrai que l’amour, le regard des autres, c’est quelque chose qui vous nourrit énormément. Une fois que vous arrivez à faire la paix avec ça et que vous recevez de cette manière-là.

Vous avez donc fait la paix avec vous-même ?

Complètement. Aborder tous ces thèmes, je peux le faire avec autant d’apaisement parce que c’est totalement digéré. Et j’espère justement que ma manière de les exprimer aidera aussi ceux qui l’écoutent comme moi, il m’a aidé. C’est ça que je veux expliquer avec cet album.    

Christophe Willem est aussi en tournée dans toute la France comme au festival Paris Paradis ce 17 septembre, à Forges-les-Eaux le 25 janvier 2023, le 27 au Havre, le 28 au Mans, le 4 février au Touquet et le 18 mars à la Salle Pleyel.

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