Jean-Luc Godard par lui-même : ses mots sur le cinéma, la télévision, la France, la nostalgie

Chef de file – avec Truffaut – de la Nouvelle Vague, puis cinéaste très engagé, Jean-Luc Godard, disparu mardi 13 septembre, s’était forgé au fil du temps une image d’intellectuel exigeant, dont nombre de petites phrases ont fait mouche, sur des sujets aussi variés que le cinéma, la télévision, le temps ou… les supermachés.

Fou de cinéma, mais curieux de tout ce qu’il observait en France

« Je me dis que rarement un pays m’a offert tant de sujets de films que la France d’aujourd’hui. Le nombre des sujets excitants est ahurissant. J’ai envie de tout faire, à propos du sport, de la politique, et même de l’épicerie. Regardez un homme comme Édouard Leclerc [ndlr : fondateur des supermarchés Leclerc], c’est passionnant, j’aimerais bien faire un film sur lui ou avec lui. » (1965)

« Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout. »

« La photographie, c’est la vérité et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde… »

« Un peu de nostalgie »… pour la Nouvelle Vague

« Cela a été un petit moment, la Nouvelle Vague. Un tout petit moment. Si j’ai un peu de nostalgie, c’est ça. Trois personnes, Truffaut, moi et Rivette, certains oncles comme Rohmer, Melville, Leenhardt… C’étaient trois garçons qui avaient quitté leur famille. » (2014)

« Agnès (Varda) était une franc-tireuse, elle tirait un fil à elle, mais elle appartenait quand même à la Nouvelle Vague. Et, après sa disparition, on n’est plus que deux : Jacques Rozier et moi. Rozier, on l’oublie toujours. Alors qu’il a commencé avant les autres. » (2019)

Le temps au cinéma

« En littérature, il y a beaucoup de passé et un peu de futur mais il n’y a pas de présent. Au cinéma, il n’y a que du présent qui ne fait que passer. » (1997)

« Toute histoire doit avoir un début, un milieu et une fin mais pas forcément dans cet ordre-là. »

Cinéma contre télévision : trois formules implacables

« La télévision fabrique de l’oubli. Le cinéma fabrique des souvenirs. »

« Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse. »

« Il y a le visible et l’invisible. Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites. »

Théories

« Voilà. X + 3 = 1, c’est la clé du cinéma. Mais quand on dit c’est la clé, il ne faut pas oublier la serrure. » (2018)

« Un film, c’est un échafaudage. C’est un empilement informe dont les pièces finalement s’imbriquent. Mais c’est aussi un échafaud. Un échafaud des idées. On en coupe tout le temps, beaucoup tombent au montage… »

La désillusion

« Le cinéma n’a jamais fait partie de l’industrie du spectacle mais de l’industrie des cosmétiques, de l’industrie des masques, succursale elle-même de l’industrie du mensonge. » (1994)

« Aujourd’hui, les festivals de cinéma sont comme les congrès de dentistes. C’est tellement folklorique que c’en est déprimant. » (1997)

« Le cinéma va-t-il mourir avec vous ? » – « C’est même la seule espérance que j’ai. Ça me fait un but dans la vie ! J’ai cru, quand j’étais jeune, qu’il était éternel, mais c’est parce que je croyais que j’étais éternel. » (1983)

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