Boire beaucoup d’eau peut-il être dangereux pour la santé ?

Boire beaucoup d’eau peut-il être dangereux pour la santé ?

Une bonne hydratation est un impératif absolu pour préserver la bonne santé de l’organisme. Toutefois, boire beaucoup d’eau n’est pas sans risques pour le corps. Coma hydraulique, transpiration excessive, insomnies… la diététicienne Anne-Sophie Kruger nous éclaire sur la question.

  1. · Boire beaucoup d’eau : où est la limite ?
  2. · Le coma hydraulique
  3. · La potamie
  4. · L’hyperhidrose
  5. · Les réveils nocturnes
  6. · Les bonnes pratiques

Boire beaucoup d’eau : où est la limite ?

Si l’homme peut se passer de nourriture pendant 3 semaines, il ne peut pas survivre plus de 2 ou 3 jours sans boire. De nombreuses fonctions vitales du corps sont assurées par l’eau qui compose notre corps à 60-65%. « Concrètement, la mort peut survenir si l’organisme perd plus de 15% de son poids en eau, soit 9,7 kg d’eau perdue pour une personne de 65 kg », note Anne-Sophie Kruger. On conseille en général de boire entre 1,3 et 2 litres d’eau sur une journée (1,5 L revient à environ 8 verres d’eau par jour). En effet, notre corps perd à peu près 2,6 L par jour (pertes liées à la transpiration, la respiration, les urines, les larmes). Nous devons donc boire de l’eau en quantité suffisante pour compenser cette perte hydrique et éviter la déshydratation. Cela passe par les aliments que nous consommons, notamment les fruits et légumes, qui représentent un apport journalier d’1 litre. Le reste doit donc être apporté par l’eau de boisson, sachant que le métabolisme des nutriments produit environ 0,3 litre d’eau endogène. « La soif permet de compenser les pertes hydriques de l’organisme. Cependant, il ne faut surtout pas attendre d’avoir soif pour boire, car la sensation de soif signifie que le processus de déshydratation est déjà amorcé », conseille la diététicienne. Mais alors, à partir de quand considère-t-on qu’il est dangereux de boire beaucoup d’eau ? D’après la spécialiste, il n’est pas conseillé de boire plus de 5 litres d’eau par jour afin d’éviter la dilution des constantes sanguines.

Le coma hydraulique

Il est important de ne pas dépasser cette dose quotidienne, car il existe de vrais risques, à commencer par le coma hydraulique. Un peu comme avec l’alcool et le coma éthylique, le coma hydraulique peut survenir lorsque l’on boit trop d’eau, trop vite. Le risque ? Perturber l’équilibre fragile du sodium dans le corps. Normalement, le taux de sodium est identique dans le sang et dans les cellules. « Mais si vous buvez trop d’eau, les reins ne peuvent pas drainer l’excès assez rapidement, ce qui entraîne une dilution du sang et une baisse de sa concentration en sel », explique Anne-Sophie Kruger. Le risque est alors de provoquer un gonflement des cellules, et surtout celles du cerveau. Cela a pour conséquence d’augmenter la pression dans le crâne, avec, à la clef, de possibles maux de tête voire une intoxication à l’eau (hyponatrémie) pouvant être mortelle.



La potamie

La potamie est un trouble psychologique se manifestant par l’ingestion d’eau en quantité très excessive (jusqu’à 20L par jour), dans un but d’autopurification. « Ces conduites s’observent habituellement chez des sujet perfectionnistes, atteints par ailleurs de troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale, boulimie) », poursuit Anne-Sophie Kruger. Les risques sont très importants pour ces sujets qui risquent clairement une intoxication à l’eau, pouvant entraîner des conséquences neurologiques graves (œdème cérébral, coma).

L’hyperhidrose

L’hyperhidrose se traduit par une transpiration excessive. Il s’agit d’une réaction physique qui arrive lorsque l’on cherche à compenser une perte en eau due à la transpiration en buvant en quantité exagérée. Problème ? « Lorsque vous buvez trop, le corps va chercher à se débarrasser de cette eau présente en excès dans l’organisme. De ce fait, on va beaucoup transpirer. C’est un cercle vicieux », observe Anne-Sophie Kruger.

Les réveils nocturnes

Boire beaucoup trop d’eau avant de dormir n’est pas conseillé. En effet, cela peut entraîner des réveils nocturnes fréquents, voire des insomnies. Durant le sommeil, notre cerveau secrète une hormone anti-diurétique qui ralentit le travail des reins afin que nous ne soyons pas réveillés pendant la nuit par une envie d’uriner. Mais boire trop d’eau avant le coucher (même 2 à 3 verres), perturbe ou annule cette fonction. L’idéal ? « Boire tout au long de la journée afin de ne pas épuiser la fonction rénale et d’avoir le temps de bien absorber les minéraux. Pour un sommeil sans réveils, il est conseillé de cesser de boire 3h avant d’aller se coucher », notre Anne-Sophie Kruger.

Les bonnes pratiques

Comme nous l’avons vu plus haut, il est conseillé de boire entre 1,3 et 2L par jour. Bien sûr, les besoins varient d’une personne à l’autre. Mais l’hydratation est un sujet de la plus haute importance pour certaines catégories de personnes particulièrement fragiles ou qui se dépensent. Ainsi, les personnes à risques mais aussi les sportifs doivent porter une attention particulière à leur consommation en eau pour éviter la déshydratation et les problèmes qui peuvent en découler.

Les personnes à risques sont :

  • Les personnes âgées car la sensation de soif diminue avec le vieillissement. Il faut donc être vigilant à ce qu’il y ait une bonne hydratation, mais les recommandations sont les mêmes que pour les adultes. A noter qu’il peut être intéressant de comparer les bienfaits des eaux pour savoir quelle eau boire quand on est un sénior. Certaines sont en effet plus riches en calcium et/ou en magnésium et particulièrement conseillées à cette population afin de pallier la diminution d’absorption (Badoit, Contrex, Hepar, Courmayeur, Quézac, Salvetat, Vittel, San Pellegrino).
  • Pour les femmes enceintes, l’apport en eau doit impérativement être augmenté à 2L par jour.
  • Les nourrissons sont également très sujets à la déshydratation. Veillez à leur donner au minimum 500 ml d’eau par jour pour les bébés de 6 mois, et entre 500 et 800 pour les bébés de plus d’un an.

Pour les sportifs :

  • La pratique d’une activité sportive s’accompagne de pertes en eau extrêmement variables (en fonction du type d’activité, des conditions climatiques etc), pertes qu’il est indispensable de compenser car la déshydratation est fortement préjudiciable aux performances. On retrouve les pertes cutanées (liées à la transpiration) qui représentent environ 75 % des pertes en eau, les pertes respiratoires (qui sont d’autant plus importantes que le débit ventilatoire est élevé, elles dépendent donc de l’intensité de chaque activité), ainsi que les pertes urinaires.
  • Pour les sports de moins d’une heure : de l’eau seule suffit.
  • Pour les sports de plus d’une heure : boire à raison de 600 à 800 ml d’eau/h en fractionnant les prises (150 ml toutes les 20 min) afin de ne pas provoquer de pesanteur gastrique préjudiciable. On peut ajouter des glucides au sein de ces boissons : environ 10%, sous forme de sucres, de miel ou de boissons de l’effort, prêtes à l’emploi.


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