Cet été, la rédaction de Gala vous fait voyager dans le temps, entre glamour et gotha, explorant les relations privilégiées qu’entretiennent certaines marques de luxe avec les familles royales. Pour ce premier épisode, focus sur Cartier et ses somptueux diadèmes dédiés aux royautés, d’Elizabeth II à Grace Kelly, en passant par Caroline de Monaco.
Lorsque l’on évoque les noms des plus grandes reines et princesses de l’histoire et de notre époque, difficile de dissocier leur image de leurs précieux diadèmes, tous plus scintillants les uns que les autres. Objets à forte charge symbolique, représentant le pouvoir royal et la féminité, les diadèmes sont des bijoux incontournables pour toute famille royale. Et s’il y a un joaillier qui a su se positionner comme le fournisseur de référence des monarchies européennes, c’est bien Cartier.
La pièce Cartier coiffant la tête couronnée la plus célèbre est sans aucun doute le diadème Halo appartenant à Elizabeth II. Réalisé par Cartier en 1936 pour Elizabeth Bowes-Lyon, épouse du duc d’York, futur George VI, ce diadème en platine serti de diamants fut offert par celle-ci à sa fille Elizabeth II pour ses 18 ans. La monarque l’a ensuite rendu célèbre en le prêtant à Kate Middleton pour son mariage avec son petit-fils William le 29 avril 2011. « Le prêt de ce bijou en particulier de la reine à Kate Middleton a montré l’approbation de la souveraine envers cette union, qui aurait pu être contestée pour différentes raisons, a expliqué Laure Dalon, commissaire de l’exposition Cartier : le style et l’histoire, organisée au Grand Palais en 2013. Il y a cette idée de transmission, de filiation très importante avec le diadème. » En plus de sa symbolique liée à l’héritage, ce diadème au nom lourd de sens rappelle également la dimension divine du pouvoir des monarques. « Il y a quelque chose de sacré. Le diadème fait irrésistiblement penser à un halo, à une auréole, à quelque chose de très pur et de très spirituel pour la personne qui le porte », ajoute Laurent Salomé, également commissaire de l’exposition Cartier.
Le diadème Cartier de Charlotte de Monaco, disparu pendant trente ans
Autre exemple de diadème Cartier passé d’une génération à une autre : celui en perles poires et diamants de la princesse Charlotte de Monaco, mère de Rainier III, disparu pendant une trentaine d’années, comme le précise Point de Vue, et redécouvert sur la tête de sa petite fille aînée, la princesse Caroline, en 1987. Charlotte de Monaco était apparue une dernière fois sur le Rocher à l’occasion du mariage de son fils et de Grace Kelly en 1956, parée de ce fameux diadème, que ni sa belle-fille, ni Charlene de Monaco n’ont jamais porté en public. Le mystère reste entier quant à savoir si la princesse Caroline a hérité de ce bijou ou bien si elle l’a emprunté aux collections princières pour quelques rares occasions, comme en 2012 pour le mariage du grand-duc héritier Guillaume de Luxembourg et de Stéphanie de Lannoy. » C’est toujours un peu miraculeux de retrouver un diadème ancien qui n’a pas été démonté ou modifié, admet Laure Dalon. Quand on hérite de bijoux de grands-mères, on finit parfois par démonter le bijou pour en faire un autre, plus au goût du jour… » Caroline de Monaco aura donc fait figure d’exception en conservant tel quel ce somptueux diadème.
>> PHOTOS – Joaillerie : les plus somptueux diadèmes Cartier du gotha
Grace Kelly et son diadème Cartier transformable en collier ou en broches
S’ils restent de précieux objets, les diadèmes semblent toutefois appartenir à un faste passé… La production de diadèmes diminue considérablement dans la période d’entre-deux-guerres, avec un seul sursaut lors du couronnement de George VI en 1937. Comme bien d’autres joailliers, Cartier s’adapte et propose des pièces transformables. « Il n’y avait au final, plus trop d’occasions de porter des diadèmes… commente Laure Dalon. Le fait d’avoir un diadème dont une partie pouvait se transformer en broche, c’était d’abord moderne, mais en plus ça permettait d’avoir un bijou plus facilement portable dans des circonstances moins formelles. C’est quelque chose qu’il a beaucoup été développé dans les années 30. »
On retiendra en particulier le diadème Bain de Mer de Grace de Monaco, composé de trois rubis, de diamants et de platine, qu’il était possible de diviser en broches et en pendants de collier. Ce bijou de 49 carats était un cadeau de la Société des Bains de Mer pour son mariage en 1956 avec Rainer III, commandé à Cartier. Sur un portrait officiel datant de 1959, on peut voir l’ancienne actrice poser avec plusieurs bijoux Cartiers, dont ce diadème et un sublime collier en rivière de diamants à trois rang, que Charlotte Casiraghi a porté pour son mariage avec Dimitri Rassam en juin 2019. Après la mort de Grace, la princesse Caroline, sa fille, a porté quelques fois les broches détachables du diadème Bain de Mer, sans que l’on sache toutefois si sa grand-mère le lui a légué en personne.
Cartier : « le joaillier des rois et le roi des joailliers »
Pour comprendre comment la maison française a gagné sa réputation de « roi des joailliers », il faut remonter en 1902, année à laquelle Alfred Cartier, fondateur de l’entreprise de luxe, décide d’implanter Cartier en dehors de Paris, plus spécifiquement à Londres. Déjà fort de sa réputation, le joaillier décide d’ouvrir une filiale dans la capitale britannique à la mort de la reine Victoria, les commandes de tiares affluant de toute part pour les préparatifs du couronnement d’Edouard VII. La première boutique anglaise ouvre donc ses portes au 4 New Burlington Street, puis déménage à New Bond Street en 1909, et connaît un succès immédiat auprès de la cour du roi.
C’est à cette époque qu’Edouard VII accorde à Cartier son premier brevet de fournisseur officiel du roi d’Angleterre et surnomme fameusement la maison « le joaillier des rois et le roi des joailliers ». « Le fait que la maison ouvre une seconde boutique à Londres était vraiment lié à cette volonté de s’inscrire comme un interlocuteur important de la noblesse et de la famille royale britannique« , pointe Laure Dalon.
De 1904 à 1940, Cartier reçoit 18 lettres patentes qui lui assurent le statut de fournisseur des cours d’Espagne, de Belgique, du Portugal, de Grèce et de Roumanie, sans oublier la Russie et l’Égypte. Pour le couronnement de George V, à la mort d’Edouard VII en 1910, Jacques Cartier, alors en charge de la branche londonienne, se voit confier la réalisation de 19 diadèmes pour l’événement. « Pour Cartier, c’était très prestigieux d’être largement représenté à des événements aussi importants », confie Laure Dalon. Rebelote en 1937, pour l’avènement de George VI, avec cette fois-ci une commande de 27 diadèmes pour la cour britannique. « Cartier a mené une stratégie d’image très habile et qui s’est construite sur l’excellence et l’innovation plutôt que sur une stratégie marketing ou de relation avec des grandes familles. C’est une maison qui est devenue très réputée par son savoir-faire et qui a commencé à être un fournisseur des grandes maisons royales européennes, et qui, de fil en aiguille, a acquis la réputation d’être le meilleur joaillier pour construire des bijoux d’apparat« , indique Laurent Salomé.
Le diadème de Marie Bonaparte : un chef-d’œuvre en platine et diamants
Ce qui plaît surtout aux familles royales du début du XXe siècle, c’est le style « guirlande » développé par Louis Cartier dans sa boutique à Paris, rue de la Paix : « Un style relativement traditionnel, très néoclassique, qui est une sorte de clin d’œil à la joaillerie d’Ancien Régime, observe Laurent Salomé. On se projette sur des bijoux qu’on imaginerait appartenir à Marie-Antoinette ou à des princesses du XVIIIe siècle. » Et Laure Dalon d’ajouter : « Louis a dû sentir que ça répondait à un besoin de cette élite des familles royales, de la noblesse qui les entourait, d’avoir des bijoux très spectaculaires. »
En parallèle, Cartier se démarque avec son utilisation du platine, qui permet de faire des bijoux plus fins et plus légers. « Le platine est très solide, donc on arrive à fabriquer un bijou complexe alors qu’on aperçoit à peine le métal. Cartier développe donc cette virtuosité de pouvoir faire des diadèmes dont on ne voit que les pierres précieuses, qui flottent dans l’espace, on voit très peu d’armatures », souligne l’ancien commissaire d’exposition. Les diadèmes « guirlande » cohabitent alors avec des créations plus sobres d’inspiration classique, comme le magnifique diadème en forme de feuilles de laurier et surmonté d’un diamant poire 9.61 carats qui semble en lévitation, réalisé en platine par Cartier en 1907 pour la princesse Marie Bonaparte, descendante de Napoléon Ier et épouse du Prince Georges de Grèce et de Danemark.
Bien qu’il y ait moins de têtes couronnées de nos jours, il existe toujours une demande pour la production de diadèmes, et Cartier n’a jamais cessé de créer ces pièces uniques. « À notre époque, il y a toujours de grandes amatrices de diadèmes. Il y a encore toute une production pour les milieux aristocratiques et royaux, il y a une vraie nécessité de cour. Et puis, dans certains milieux, il existe encore des soirées pour lesquelles il faut un diadème« , signale Laurent Salomé, en précisant toutefois qu’il s’agit de commandes ponctuelles, bien moins nombreuses qu’au début du XXe siècle. « Mais l’art du diadème chez Cartier gardera toujours une importance particulière, conclut-il. Il ne faut pas oublier qu’avec ces bijoux, Cartier a porté la joaillerie au stade suprême de l’élégance.«
Crédits photos : Royalportraits Europe/Bernard Rubsamen / Bestimage
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