INTERVIEW. Baptiste et Jérémy, vainqueurs du Meilleur pâtissier, les professionnels : “C’est un ascenseur émotionnel”

Ce jeudi 21 juillet, après deux ultimes épreuves de haut vol, Baptiste et Jérémy ont remporté la cinquième édition du Meilleur pâtissier, les professionnels. Cette expérience, la confection d’un gâteau avec Pierre Hermé, leur lien avec Christelle Brua… le binôme se livre à Télé Star.

Télé Star : Vous attendiez-vous à remporter Le Meilleur pâtissier, les professionnels ?

Baptiste : La dégustation du jury était super serrée, en revanche on n’avait aucun retour sur le panel parce que les "clients" dégustaient loin de nous. On ne s’attendait donc à rien. On espérait gagner mais on ne connaissait pas le résultat.

Qu’avez-vous ressenti au moment de votre victoire ?

Jérémy : Il faut savoir qu’il y a beaucoup d’attente et de monde qui gravite. C’est très long donc tu perds la notion du temps. C’est un ascenseur émotionnel. On attend, on s’interroge, on angoisse et puis d’un seul coup, on entend deux prénoms. On ne réalise pas tout de suite ce qui est en train de se passer. On comprend seulement que ce sont nos noms qui sont sortis et on voit tous nos proches nous regarder avec des étoiles dans les yeux.

Pourquoi avez-vous voulu vous confronter à ce concours ?

Jérémy : Avec Baptiste, nous sommes pâtissiers formateurs à Valrhona, une école de perfectionnement dans le monde du chocolat et de la pâtisserie. Nous avions vraiment à cœur de faire briller ce collectif, cette école. Mais également d’affronter d’autres candidats, de nous challenger et de sortir de nos sentiers battus.

Cette finale n’a pas été de tout repos. Lors de la première épreuve, votre structure en chocolat casse. Qu’avez-vous en tête à ce moment-là ?

Jérémy : Cette épreuve est éliminatoire donc si on veut aller jusqu’à la finale, on n’a pas le choix, il faut réagir rapidement. D’autant que la contrainte de hauteur était dans notre cahier des charges. On ne va pas se le cacher, on n’est pas forcément très fiers de la partie haute de la pièce. Après, c’est aussi la beauté de ce concours : c’est rempli d’imprévus.

Comment Baptiste et Jérémy se sont mis "une épine dans le pied"

Et en deuxième épreuve, vous tentez à nouveau un baba. Vous aimez le risque…

Baptiste : C’est vraiment un produit qu’on affectionne particulièrement. A la différence de l’autre épreuve, on avait un peu plus de temps, même si on savait qu’en quatre heures, cela allait être compliqué. On risquait d’encore se le prendre dans les dents mais on a quand même voulu le tenter. On est un peu revanchards.

Dès le début de la compétition, vous avez fait la différence en étant "meilleurs pâtissiers de la semaine" deux fois d’affilée et en évitant les dernières chances. La victoire était-elle, par conséquent, dans un coin de votre tête ?

Baptiste : C’est beau de gagner des épreuves mais, avec Jérémy, ce qu’on voulait c’était gagner le concours. Même si on en était très heureux, on célébrait à peine nos victoires parce qu’on se concentrait instantanément sur les épreuves suivantes. Ce qui était vraiment important pour nous, c’était de gagner la guerre, pas les batailles.

Jérémy : Stratégiquement, ce n’était d’ailleurs pas très intelligent de notre part parce que cela ajoutait davantage de poids sur nos épaules : les autres équipes nous attendaient encore plus au tournant ; les membres du jury étaient encore plus attentifs à ce qu’on faisait pour nous critiquer… Finalement, c’était presque une épine dans le pied.

Baptiste : Mais nous étions super contents d’éviter les dernières chances. On ne voulait pas se mettre en danger ni pâtisser l’un sans l’autre. On ne se sentait pas, l’un comme l’autre, de porter l’avenir du binôme sur une épreuve.

Jérémy : Le moindre écart ou la moindre erreur pouvait être fatale. En plus, avant le tournage, on s’était peu – voire pas – préparés sur cette partie-là donc honnêtement, il valait mieux que ça ne tombe pas sur nous, sinon on se serait fait éliminer.

Avec le trophée, vous remportez la chance de confectionner un gâteau avec Pierre Hermé [en vente dès ce vendredi 22 juillet dans les boutiques du chef de renom, ndlr]. Est-ce une consécration ?

Jérémy : De pouvoir imaginer, créer et collaborer avec Pierre Hermé, c’est un rêve absolu. Le rêve de tous pâtissiers au monde

Baptiste : Notre collaboration s’est très bien déroulée. Au début, avec les conditions sanitaires, c’était plutôt en visio. Puis, on a eu des rendez-vous pour faire les premières dégustations, des rectifications… On est rapidement parti sur des saveurs fétiches et emblématiques de la maison Hermé, histoire d’avoir un gâteau qui corresponde aussi bien au chef qu’à nous.

Jérémy : Avec Baptiste, on avait à cœur de travailler des saveurs de saisons donc il s’agit d’une réinterprétation d’un gâteau emblématique de la maison Hermé avec une association de fraises et de mangues, notamment.

Ce sujet sur lequel Baptiste a voulu "éviter tout problème"

Avant cette collaboration, aviez-vous travaillé auparavant avec Pierre Hermé, Christelle Brua ou Cyril Lignac ?

Baptiste : J’ai travaillé avec Christelle Brua en tant que stagiaire pendant cinq semaines, il y a huit ans, en 2014. Dans sa grande carrière, je pense que ce n’est pas un passage qui a dû la marquer. En revanche, pour éviter tout problème à ce sujet, j’ai été transparent avec la production et les autres candidats en les prévenant. Christelle Brua a été très juste et intransigeante. Elle n’a pas été plus sévère avec moi ni plus gentille, je trouve.

Parmi tous les chefs-invités et les jurés, y en a-t-il un qui vous a particulièrement marqué ?

Jérémy : Peut-être Patrick Roger, qui est un monstre dans le monde du chocolat. D’avoir eu la chance de remporter cette épreuve, de recevoir énormément de compliments de sa part et le fait qu’il nous challenge encore plus nous a beaucoup touché. Je citerais également Sébastien Vauxion.

Baptiste : Celui qui m’a le plus impressionné c’est Patrick Roger. Et Christophe Renou qui s’est vraiment mouillé dans ce concours en se frottant aux candidats. Il a énormément de cran et de courage de s’exposer ainsi face à des millions de téléspectateurs et tout seul face à des binômes de pâtissiers.

Quid de l’avenir ? Comptez-vous ouvrir votre propre pâtisserie ou rester chefs pâtissiers formateurs à l’école Valrhona ?

Baptiste : Pour ma part, je compte rester à l’école Valrhona parce qu’elle a beaucoup à m’apporter et j’espère lui apporter encore un petit peu.

Jérémy : Je ne vais pas être original. On a la chance au sein de Valrhona d’exercer le plus beau métier du monde. On n’a pas une seule journée qui se ressemble. On est rempli de challenges et nouveautés.

Source: Lire L’Article Complet