"Robert Redford" : la biographie de référence de la star de cinéma et militant écologiste

A 85 ans aujourd’hui, Robert Redford reste à l’esprit comme l’acteur charismatique blond au sourire irrésistible, la star masculine des années 1970. Mais les paillettes, dont il n’était guère friand, font place à l’artiste très exigeant dans ses choix comme acteur, réalisateur et producteur, mais également dans son engagement écologique. DL’artiste et l’homme engagé, deux facettes d’une personnalité complexe très soucieuse et dévouée envers sa famille, deux fois marié, père de quatre enfants et cinq fois grand-père.

Entier

Né en 1936 à Santa-Monica en Californie, Robert Redford reste une icône du cinéma même si les nouvelles générations ne l’identifient plus à la star qu’il était dans les années 1970. Michael Feerney Callan, auteur de cette somme biographique de plus de 750 pages, retrace les origines et le parcours d’un homme porté par trois piliers : le cinéma, l’écologie et sa famille. D’abord artiste peintre, il se révèle comédien de théâtre, puis à la télévision et au cinéma, puis comme star après Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill en 1969.

« Entier » est le qualificatif qui revient le plus souvent dans les centaines d’heures de témoignages des réalisateurs Sidney Pollack – avec qui Redford tourna sept films – et Alan J. Pakula, des producteurs de la MGM ou de la Columbia, de ses épouses et enfants… Mais aussi ceux de Redford, dans son journal intime, des lettres et coupures de journaux qui complètent une documentation fouillée. Celle autour d’un artiste qui se voulait avant tout citoyen, époux, père et écologiste. Initiateur du festival du cinéma indépendant de Sundance, l’entreprise est à l’image de l’homme, exigeant envers le cinéma, la protection environnementale, et dans son enracinement local. Ainsi le cinéma lui sert-il à faire vivre sa famille mais aussi à financer ses engagements.

L’homme de l’Utah

Michael Feerney Callan raconte son voyage difficile et formateur à Rome et à Paris dans les années 50, puis son passage au théâtre à New York, sa découverte de l’Utah qu’il découvre de retour aux Etats-Unis. Elle l’imprègnera toute sa vie, en y construisant un ranch qui deviendra la maison familiale. C’est alors qu’il agit à la défense environnemental comme activiste écologiste. Également entrepreneur, le cinéaste est propriétaire d’une station de ski, Sundance Mountain (cédé en 2020, après 50 ans de gestion). Si sa fibre écolo est sincère, elle le sert aussi comme habitant d’un cadre exceptionnel, à la tête d’une entreprise qui repose sur l’environnement. Soucieux d’œuvrer pour le plus grand nombre, il serait excessif de voir un Robert Redford calculateur, sinon pour le bien de tous. Démocrate ayant soutenu la réélection de Barack Obama en 2012, il s’est aussi engagé auprès de Républicains locaux. La cause amérindienne, et récemment LGBT, sont également au cœur de ses prises de position.

Robert Redford est un peu l’antithèse de Clint Eastwood, star aussi politiquement engagée, mais Républicain. Ils se retrouvent dans l’amour du cinéma. Robert Redford est un créateur, dans ses compositions d’acteur (Jeremiah Johnson, Les Hommes du président) puis de réalisateur (Et au milieu coule une rivière) et de producteur (ses réalisations et autres). Le site de Sundance est avant tout dédié à l’art cinématographique et sa station de ski est la cerise sur le gâteau. Ses aspirations artistiques sont sincères et strictes : on peut parler d’une œuvre par sa cohérence et son indépendance, à l’étoffe toute américaine. Michael Feerney Callan en rend compte dans ce qui apparaît être une biographie définitive, en évitant toute hagiographie, mais en partageant l’admiration pour l’artiste et en dévoilant l’homme.

Robert Redford
Michael Feerney Callan
Editions La Trace
757 pages, livre broché (cahier photos N&B), 22 euros

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